Roger Carel, le pape du doublage en France nous a quitté le 11 septembre dernier. Winnie l’Ourson, Porcinet, Coco Lapin, Astérix, C-3PO, Kermit la Grenouille, Alf, Benny Hill, Kaa, le Chat de Chester, Jiminy Cricket, Pongo, Roquefort, LaFayette, Mickey Mouse, le Roi Hubert, Maestro, Hercule Poirot… L’homme aux 1001 voix nous quitte à l’âge de 93 ans… Et avec lui, c’est forcément une énorme part de notre enfance qui en prend un coup. On pourra dire qu’il représente pour des milliers de Fans la voix française de Disney par excellence, tant il a collaboré avec les studios de Mickey durant des décennies. Toutes ses voix sont devenues cultes comme son timbre si caractéristique. Alors qu’il avait soufflé en août dernier ses 93 bougies, cet immense acteur de théâtre et de cinéma, qui luttait contre la maladie dans la plus grande discrétion, aura rendu son dernier souffle il y a quelques jours…
Il était une voix, Roger Carel nous quitte
« Nous n’avons pas souhaité communiquer sur son décès, pour préserver son épouse, fortement bouleversée. Nous ne souhaitions pas qu’elle soit assaillie de messages par les gens de la profession, ou des journalistes », a déclaré son fils auprès du journal Le Parisien. C’est ainsi que ses obsèques se sont tenues ce jeudi 17 septembre 2020 dans la plus grande confidence, seulement avec ses proches. Il repose dans le caveau familial de Villejésus en Charente.
Astérix et Le Domaine des Dieux aura été l’ultime participation de Roger Carel dans l’univers du septième art, son chant du cygne, appelé par Alexandre Astier pour prêter sa voix une dernière fois à l’un de ses plus chers amis de sa carrière, Astérix. Le comédien est né le 14 août 1927 dans le 11° arrondissement parisien. Fils unique d’un fonctionnaire de la CMP, Joseph Bancharel et d’une femme au foyer, Marie-Louise Bergheaud, le jeune Roger Bacharel opte très vite pour une carrière dans la comédie, bien qu’on le prédestinait au départ à une carrière de prêtre ou d’ingénieur.
Un homme de théâtre et de cinéma
Il fait un premier pas dans les arts de la scène dans les années 1940, passant d’abord une audition auprès de Jean Marchat et suivant le cours Simon. Il démarre ainsi sa première tournée théâtrale avec Les Femmes Savantes de Molière et La Dame aux Camélias de Dumas fils. et enchaîne avec des représentations dans des cabarets. Il se lie d’amitié avec Jean Rochefort avec qui il partage l’affiche dans plusieurs pièces dont AZOUK, mis en scène par Jean-Pierre Grenier. Ils travaillent ensemble au sein de la troupe Grenier/Hussenot.
Il ne se doute pas alors de l’immense carrière de doublage qui l’attend. Car en 1959 sonne un tournant pour lui. Il est choisi pour doubler Peter Lorre dans La Belle de Moscou. Il continue parallèlement le théâtre enchaînant les succès avec notamment Sacré Léonard au théâtre Fontaine en 1963, mis en scène par André Puglia, puis quelques années après, au théâtre des Célestins avec La Bonne Soupe de Félicien Marceau, mis en scène par Jean Meyer.
Après la télévision et le cinéma, le doublage
Il mène par ailleurs une carrière des plus prolifiques sur le grand comme le petit écran. Le Triporteur, Les Viager, On a Volé la Cuisse de Jupiter ou encore Papy fait de la Résistance sont autant de métrages charnières dans sa carrière. À la télévision, on a pu l’apercevoir notamment dans le rôle du commissaire Guerchard dans Arsène Lupin. Il fut à l’affiche aussi de Le Revizor ou l’Inspecteur Général, Le Passe-Muraille, La Nouvelle Malles des Indes ou encore La Visite de Pierre Sisser. Mais la dernière corde à son arc lui a permis de s’offrir l’une des plus grandes carrières du cinéma, sa voix !
Sa capacité à moduler son timbre vocal a fait de lui un acteur incontournable dans le doublage français. La puissance de son coffre, les variations mélodieuses et subtiles qu’il apportait à chacun de ses personnages et la véritable incarnation qu’il donnait faisaient qu’un film ou une série doublé(e) par Roger Carel étaient bien plus que cela ! C’est durant plus de quatre décennies qu’il a ainsi accompagné plusieurs générations d’enfants et d’adultes au service de leur imaginaire.
Le talent vocal par excellence
Il fut d’abord la voix d’Astérix et le restera à tout jamais ! Il prête sa voix à l’un des personnages préférés des français dès 1967 dans le premier film d’animation Astérix, Le Gaulois. Il doublera également pour Disney, Warner Bros., Hanna Barbara ou encore Muppets Studios. Son talent vocal fut tel qu’il pouvait doubler plusieurs personnages dans un seul et même film d’animation. On pensera évidemment à Winnie et à ses Amis Porcinet et Coco Lapin. Il aura aussi fait le show, c’est le cas de la dire, dans Le Muppet Show en assurant évidemment la voix française de Kermit la Grenouille mais aussi Walbec Bunsen, Le Chef Suédois, Beauregard, Joel Grey, Charlie McCarty et Mortimer Snerd les marionnettes d’Edgar Bergen, Peter Sellers.
