Que faites-vous après avoir réalisé le film le plus rentable de tous les temps, fracassant le record que vous aviez vous-même établi plus d’une décennie plus tôt ? Si vous êtes James Cameron, vous respirez puis plongez la tête la première dans les profondeurs, littéralement. Après avoir dominé le box-office à la fin des années 2000 avec le film Avatar, fantastique fresque science-fictionnelle où les aliens ont la peau bleue et les messages environnementaux précurseurs sont légion, le réalisateur a promis de revenir avec non pas une mais quatre suites prévues.
James Cameron dévoile les premiers secrets de Avatar 2
Après de nombreux reports, la première suite sortira enfin dans nos salles de cinéma à la mi-décembre 2022, soit dans un an très exactement. On le sait déjà depuis un bon bout de temps : son histoire se déroulera principalement sous l’eau, ce qui a nécessité pour les équipes de production des années de recherche technologique et des mois de formation de performeurs pour retenir leur souffle pendant des périodes qui impressionneraient même un Navy SEAL.
Direction les eaux de Pandora
Aujourd’hui, James Cameron est enfin prêt à dévoiler au public cette merveille aquatique ambitieuse qui est en préparation depuis une décennie.
“Cela semble un peu fou, le processus”, admet Cameron au site EW, 67 ans, en riant. “Je veux dire, si Avatar n’avait pas gagné autant d’argent, nous ne ferions jamais ça – parce que c’est un peu fou.”
Écouter le cinéaste décrire Avatar comme un voyage “un peu fou” serait un euphémisme. James Cameron a commencé à planifier cette suite il y a presque dix ans, faisant appel à une équipe de scénaristes en 2013 qui a aidé à décrire quatre histoires qui s’étendraient à travers la géographie diversifiée de Pandora et continueraient l’histoire du premier film de l’homme contre la nature. Les premières prises d’Avatar 2 (un titre officiel n’a pas encore été annoncé) ont débuté en 2017, l’histoire se déroulant environ 14 ans après le film original : l’ancien soldat humain Jake Sully (Sam Worthington) et la guerrière Na’vi Neytiri (Zoe Saldaña) se sont installés et ont fondé une famille, et une grande partie du film est centrée sur leur progéniture préadolescente.
“En fin de compte, les suites sont une histoire de famille, et les efforts que les parents devront déployer pour garder cette famille unie et assurer leur sécurité”, explique le producteur Jon Landau. “Je dis toujours que les films de Jim ont des thèmes universels – et vraiment, il n’y a pas de thème plus universel que la famille.”
Les deux Avatar 2 et 3 sont principalement situés dans et autour de l’océan, introduisant un nouveau clan de Na’vi vivant dans les récifs appelé Metkayina. Jon Landau décrit les nouvelles plages tropicales et les rivages de Pandora comme un paradis balnéaire : « Bora Bora sous stéroïdes ». Si le premier film était entièrement consacré à la forêt tropicale, avec son récit édifiant sur la déforestation, les prochains hits de la saga sont une lettre d’amour à la première fascination de Cameron, la mer. Le réalisateur de Titanic a longtemps plaidé en faveur de la conservation des océans et il a effectué un voyage record au fond de la fosse des Mariannes en 2012. “Je suis dans l’océan quand je ne fais pas de films”, dit-il. “Donc, si je pouvais combiner mes deux plus grands amours, l’un étant l’exploration océanique et l’autre la réalisation de longs métrages, pourquoi ne le ferais-je pas ?”
Mais définir une histoire en dessous du niveau de la mer présente plus que quelques défis. Le processus innovant de capture de performances conçu pour le premier Avatar n’était pas destiné à être mis en place sous l’eau. James Cameron et son équipe ont donc dû concevoir un moyen d’enregistrer avec précision les plus petits mouvements et expressions des acteurs lorsqu’ils étaient immergés. Ces images ont ensuite été animées par des artistes de la société d’effets visuels Weta Digital, lauréate de plusieurs Oscars. Une grande partie du tournage de performance-capture a eu lieu dans un réservoir de plus de 4 millions de litres (construit spécifiquement pour les suites), qui pourrait imiter les courants tourbillonnants de l’océan et les vagues qui se brisent. “Mes collègues au sein de la production ont vraiment fait pression pour que nous le fassions en accrochant les gens à des fils en laissant croire qu’ils sont mouillés”, note Cameron. “J’ai dit : ‘Ça ne va pas marcher. Ça n’aura pas l’air réel.’ Je les ai même laissés faire un test, où nous avons tourné des scènes, puis nous avons fais la même chose dans l’eau, un niveau brut de notre capture dans l’eau. Et ce n’était même pas semblable.“
De nombreux membres de la distribution se sont préparés pour le plongeon en obtenant une certification de plongée, aboutissant à une excursion sur le terrain pour plonger avec les raies manta à Hawaï. Mais lorsqu’il s’agissait de filmer, les bulles d’air et la technologie de plongée auraient interféré avec le processus de capture-performance. James Cameron dit que Sigourney Weaver, 72 ans, qui revient dans un nouveau rôle top secret après sa mort dans le premier film, pourrait facilement retenir son souffle pendant six minutes et demie, tandis que la nouvelle actrice Kate Winslet “a époustouflé tout le monde quand elle a effectué une apnée de sept minutes et demie.” Avatar 2 marque une réunion entre Cameron et sa vedette de Titanic ; ici, la lauréate d’un Oscar et d’un Emmy, âgée de 46 ans, joue l’une des Metkayina, un personnage mystérieux nommé Ronal.
“L’un de mes souvenirs préférés était que nous avions ce réservoir circulaire, peut-être 40 pieds de large, avec un grand portail en verre. Je suis passé un jour et j’ai vu Kate Winslet marcher au fond du réservoir”, se souvient Landau. “Elle marche vers moi et me voit par la fenêtre, et elle fait juste un signe de la main, arrive au bout du mur, se retourne et fait tout le chemin du retour.”
Le premier film n’était pas une mince affaire, il a fallu plus d’une décennie pour qu’il arrive à l’écran après que James Cameron eut imaginé l’idée pour la première fois. Mais Cameron et Landau disent que leur objectif pour les suites était de viser plus haut et de plonger plus profondément. Le tournage principal de Avatar 3 est déjà terminé (rendez-vous en 2024), et Weta a commencé la postproduction sur certaines scènes. Les quatrième et cinquième films sont actuellement prévus pour 2026 et 2028. “Ce que nous faisons maintenant, du point de vue de l’histoire et du point de vue mondial, est à une échelle beaucoup plus grande”, a déclaré Landau. “C’est à la fois excitant et stimulant. Nous mettons beaucoup plus de détails, d’abord et avant tout, dans les performances de la distribution, mais nous apportons aussi de la diversité dans le monde que nous créons.”
Pourtant, alors qu’une série de suites à gros budget du film le plus rentable jamais réalisé peut sembler logique, James Cameron note que le paysage cinématographque a énormément changé depuis le premier Avatar. En 2009, le streaming commençait tout juste à gagner en popularité, le genre du blockbuster n’avait pas encore déclaré faillite, et la 20th Century était encore à des années d’être absorbée par Disney. Dans une nouvelle ère de super-héros et de streamers, James Cameron espère – 13 ans plus tard – que le public sera toujours connecté à sa vision des planètes lointaines et de l’aventure. Après tout, en 2019 Avengers : Endgame a dépassé Avatar au box-office de tous les temps – mais Avatar a récupéré sa couronne après une ressortie en Chine au début de 2021, établissant un nouveau record avec un total de 2,847 milliards de dollars dans le monde (soit 50 millions de dollars de plus que le film Marvel).
« Le gros problème est : allons-nous gagner de l’argent ? » déclaré Cameron à propos de ses suites. “Les films gros et chers doivent gagner beaucoup d’argent. Nous sommes dans un nouveau monde post-COVID, post-streaming. Peut-être que ces [box-office] les chiffres ne seront plus jamais atteints. Qui sait ? C’est un gros coup de dés.”