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société secrète de la royauté critique

Société Secrète de la Royauté – Critique du Film Disney+

Société Secrète de la Royauté raconte les aventures de Sam, une adolescente rebelle qui possède sans le savoir des superpouvoirs, comme tous les enfants royaux placés au second rang dans l’ordre de succession. Fille des souverains d’Illyrie, elle a bien du mal à se plier au protocole, préférant tracer sa propre voie. Contrairement à sa sœur aînée Eleanor – qui semble parée de toutes les qualités et deviendra un jour reine – elle préfère participer à des manifestations illégales avec sa bande ou faire la fête plutôt que de s’investir dans la vie du palais. Lassée de l’attitude de sa fille, la reine Catherine l’envoie dans une colonie de vacances où Sam fait la connaissance de quatre autres adolescents dans sa situation – Tuma, Roxana, January et Matteo – et découvre avec stupeur ses superpouvoirs. Le groupe est bientôt invité à intégrer les rangs d’une société secrète chargée de maintenir la paix dans les royaumes depuis des générations. Avec l’aide de leur professeure, et animés par le sentiment d’avoir enfin des responsabilités, Sam et ses camarades vont devoir apprendre la maitrise de ces pouvoirs et la collaboration pour sauver le monde de bien terribles menaces…

Société Secrète de la Royauté, un film qui rate le coche

Premier long-métrage produit par Disney Channel pour la plateforme de streaming Disney+, Société Secrète de la Royauté est un OVNI sur cette plateforme se cherchant durant une heure et demie. Oscillant en permanence entre un Disney Channel Original Movie ou une série de super-héros pour teenagers (à la Marvel’s Runaway), le film laisse comme une impression d’inachevé, surtout dans la seconde partie de son intrigue profondément bâclée et expédiée de manière grossière, dénaturant l’ensemble de sa construction de départ, qui voulait creuser la psychologie d’une bande d’adolescents dont le destin se retrouve chamboulé en quelques jours. Portée par la jeune Peyton Elizabeth Lee (connue pour sa participation à la série Andy Mack), le film pourrait se définir en hybride d’aventure de X-Men dans un univers de princes et de princesses tel qu’on en voit dans les fameux téléfilms Hallmark diffusés sur la 6 en France…

société secrète de la royauté

Réalisé par Anna Mastro (qui a justement travaillé sur la série Marvel’s Runaway, ce n’est pas anodin), le film convoque un certain nombre d’arcs narratifs prévisibles mais qui auraient pu être traités efficacement. Hélas, le récit de départ est d’ores et déjà mal posé. Sam, qui rêve d’un système davantage démocratique dans sa nation monarchique, se voit confrontée à une menace dont les motivations sont assez semblables. Finalement, l’antagoniste renonce à sa vision initiale pour conquérir le monde à sa manière et rien ne justifie vraiment ce changement d’état d’âme. Par ailleurs, l’évolution même du personnage principal pose question dans la construction narrative de l’histoire, si bien qu’on oublie à la fin d’où vient Sam et ce qui a vraiment changé au fond d’elle. Ce manque de lisibilité dans la progression de l’héroïne est majoré par une surexposition un peu brouillonne et faussement « whedonienne » dirons-nous, de plusieurs super-héros (les camarades de Sam donc). Tout est trop développé si bien que rien ne l’est au final.

Peyton Elizabeth Lee dans un rôle ennuyant

En effet, le film se veut être une sorte de pastiche pour jeunes d’un Avengers. Plusieurs personnalités sont mises à rude épreuve avant de trouver la force collectivement de combattre ensemble le mal. Mais de cette démarche finalement classique mais intéressante naît un embrouillamini de scènes inutiles. Les personnages sont encore une fois bien trop développés à commencer par Sam, au point qu’on ne cerne plus très bien leur identité propre. Perçue au départ comme une adolescente rebelle et légèrement maussade, Sam se cherche tout au long de l’histoire de Société Secrète de la Royauté. Mais le récit ne laisse justement pas le temps à ce personnage de devenir attachant et de trouver une note finale. La succession de scènes avec Sam n’a pas réellement de fil conducteur. De sa chambre (son antre) d’adolescente où elle se réfugie pour y jouer de la guitare électrique à sa relation compliquée avec son meilleur ami en passant par sa mélancolie sous-jacente par rapport à la perte de son père, sa rébellion à l’encontre de sa famille et de son statut social, et ses sorties nocturnes en concert : tout est étalé tout au long de l’histoire sans que cela n’aide vraiment notre héroïne à trouver un point de chute adéquat. Cette profusion de sous-intrigues serait presque indigeste.

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Le deuxième acte est pire : chacun est soumis au récit, le subit, en devient le co-dépositaire sans qu’il n’affecte réellement le destin de chacun. On se demande même pourquoi notre bande de héros se retrouve de manière si grossière isolée à ce point… Tout sonne faux dans le dénouement de l’histoire. Mais le vrai pêché du film est sans doute l’ennui qu’il procure. Pour le coup, on sent réellement passer l’heure et demie. C’est terrible à dire tant les acteurs font du mieux qu’ils peuvent et semblent y croire mais Société Secrète de la Royauté souffre d’un réel problème de montage comme si la réalisatrice, qui vient du milieu des séries télévisées, a voulu étirer un épisode pilote d’une série télévisée en une heure trente. Beaucoup de situations prétextes n’ont aucun intérêt. Le rite de passage initiatique d’apprenti super-héros à confirmé est éminemment lourd dans sa construction. Le fameux déclic qui amène l’équipe à se souder et trouver un sens commun, est peut-être ce qu’il y a plus de caricatural dans les poncifs du genre hélas… On se croirait dans un mauvais Avengers. Quant au final, il est presque oubliable : tout ça pour ça ? Le comble étant que les créateurs du film nous laissent entendre qu’une franchise pour teenagers serait envisageable à partir de ce film mais il y a fort à parier pour que ce film oubliable reste un mauvais souvenir et la seule aventure pour nos super-héros princiers en herbe, incarnés par Peyton Elizabeth Lee, Olivia Deeble, Niles Fitch et Faly Rakotohavana et Isabella Blake Thomas.

Un film trop sérieux, trop dense, trop !

On retiendra malgré tout au moins une séquence de combat assez sympathique opposant plusieurs répliques du mentor de nos héros, James (joué par Skylar Astin) à l’antagoniste du film, Inmate 34 (Greg Bryk). Mais l’action en tant que telle souffre elle aussi du manque de précision d’un scénario définitivement chaotique ; les effets visuels ne sont pas en reste. Comment mettre en exergue des super-pouvoirs fascinants dans un film clairement sous-budgété ? Impossible ! Et le résultat est ce qu’il est… Alors, le spectateur pourrait se rabattre sur l’humour qui est l’une des recettes de films pour teenagers. Hélas, tous nos personnages se prennent excessivement au sérieux, indiquant clairement qu’ils ne sont pas là pour travailler dans la même cour que des personnages de Disney Channel. Peut-être que ce film est un acte manqué et qu’un tel projet aurait pu plutôt se décliner en série télévisée, afin de développer plus convenablement les personnages et de réellement construire cette fin du monde précipitée en une heure et trente, et qui ne permet pas à l’équipe de vraiment s’installer aux yeux des spectateurs. Mais ça, nous ne le saurons jamais…

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De notre point de vue, et il n’engage que nous, Société Secrète de la Royauté est sûrement ce qui se fait de pire en matière de film Disney+ Original. Ambitieux au demeurant puisque ses scénaristes Alex Litvak et Andrew Green tentent de nous vendre un grand univers de super-héros, il ne se donne pas les moyens pour parvenir à ses fins se limitant à une intrigue entre quatre murs… Le film manque clairement de cohérence dans sa construction scénaristique. Ses personnes désincarnés ou plutôt surincarnés n’ont finalement pas assez de super-pouvoirs pour porter un récit qui manque de consistance et d’équilibre. Soporifique et fade, le film aura du mal à convaincre son public qu’il soit jeune ou moins jeune.

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