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Indiana Jones Adventure, Splash Mountain… Ces attractions un temps envisagées pour Disneyland Paris

Durant les années 1990, Disney avait les yeux rivés sur Disneyland Paris, une Destination à la fois perçue comme la vitrine de l’avancée narrative et technologique de la marque Disney et comme un projet expérimental pour de nouvelles attractions. Dès l’ouverture d’Euro Disney Resort le 12 avril 1992, la maison-mère a déjà en tête un plan de développement colossal pour le Resort parisien, qui comprenait alors le parc Euro Disneyland (rebaptisé Parc Disneyland), sept Hôtels Disney, le Golf Euro Disney (dénommé ensuite Golf Disneyland) et Festival Disney (rebaptisé Disney Village).

Le Parc Disneyland aurait pu ressembler à tout autre chose

Et même si, un vaste plan d’expansion du premier Parc est engagé à partir de 1993 avec l’ajout d’attractions comme Indiana Jones et le Temple du Péril, Les Mystères du Nautilus, la zone Storybook Land sans oublier Space Mountain : De la Terre à la Lune, on voit déjà au-delà. Des attractions sur les thèmes de La Belle et la Bête et/ou La Petite Sirène sont en préparation bien qu’elles n’aboutiront jamais. Mais c’est l’année 1995 qui est au centre de toutes les attentions, puisqu’on envisage déjà l’ouverture d’un second parc à thèmes. Les plans sont déjà réalisés, les maquettes aussi. Il ne manque plus que les budgets pour Disney-MGM Studios Europe mais l’Histoire en décidera autrement.

euro disneyland 1992
Fun Map d’Euro Disneyland en 1992

C’est malheureusement en raison la crise financière rencontrée par la nouvelle branche des Parcs Disney de Mickey et la fréquentation en deça des attentes qui auront raison de ce vaste plan (qui comprenait aussi un parc aquatique entre autres). Alors que reste-t-il de ces années où les projets se multipliaient à foison ? Pas grand chose… Le fameux projet de parc dédié au monde du cinéma s’est transformé en Parc Walt Disney Studios, ouvert en 2002 pour les 10 ans du complexe, et dont tout le monde connait les défauts, l’absence d’ambition et la piètre qualité scénaristique. Vous nous direz que depuis il y a eu du changement et que nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle de renouveau pour ce Parc, c’est indéniable. Mais il semblerait que le destin de notre Destination aurait pu être très différent…

Un plan de développement massif à la fin des années 1990

En témoignent les révélations de Jeffrey Hawkins sur son compte Twitter. Actuellement Program Manager à Walt Disney World Resort, il a travaillé à Disneyland Paris de décembre 1991 à mai 1997 comme Attractions Manager (notamment sur Space Mountain : De la Terre à la Lune). Ce dernier a révélé des documents issus des archives de Walt Disney Imagineering, des compte-rendus de réunions en 1996 concernant d’éventuelles expansions qui étaient dans les tuyaux (à des stades peu avancés) pour le Parc Disneyland. Nous sommes, il est vrai, un an après l’ouverture de l’attraction révolutionnaire de l’époque, Space Mountain, qui a non seulement redoré le blason du site touristique mais lui a valu également des fréquentations record.

walt disney imagineering logo

Les documents révélés par l’intéressé sont datés du 30 et 31 mai 1996 et signés de l’Imagineer Chaz McEwan, directeur créatif à Walt Disney Imagineering de 1989 à 2006 pour les parcs américains et français. Ils s’adressent aux têtes pensantes de la filiale créative, Tony Baxter, Tom Morris, Marty Sklar, Ken Wong… mais aussi à certains exécutifs de l’époque comme Philippe Bourguignon, PDG d’Euro Disney SCA de 1992 à février 1997, ou Dominique Cocquet, alors Directeur Général Adjoint Développement & Relations Extérieures d’EuroDisney SCA (qui est devenu par la suite responsable du développement du pôle touristique de Disneyland Paris et du pôle urbain et immobilier de Val d’Europe puis Directeur Général de Villages Nature Paris jusqu’en 2010). Ce memorandum aborde la création potentielle de nouvelles attractions pour le Parc Disneyland flamboyant. On y évoque l’arrivée de nombreuses nouveautés dont certaines ayant déjà fait leurs preuves dans les Parcs Disney américains ou japonais. Sont citées et détaillées Journey to the Center of the Earth, 20 000 Leagues Under the Sea, Indiana Jones and the Temple of the Forbidden Eye, Geyser Mountain, Splash Mountain, Lost World of Dinosaurs ou encore The Animation Hall of Fame. Toutes ces attractions ne sont restées qu’au stade de réflexion. Aucun projet n’a abouti à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Qu’avons-nous récolté à cette période ? Des aires de jeux (Pocahontas Indian Village et La Plage des Pirates en 1999), une attraction 4D (Chérie, J’ai Rétréci le Public) et un parc à thème sous-budgété (Parc Walt Disney Studios en 2002).

Splash Mountain version Pocahontas

Parmi les attractions évoquées, on retiendra d’abord Splash Mountain. C’était, il faut dire, l’attraction du moment, ayant rencontré successivement le succès en 1989 à Disneyland Resort puis en 1992 à Walt Disney World Resort et Tokyo Disney Resort. Mais les Imagineers avaient en tête de réadapter ce concept de parcours aquatique avec des bûches avec de nouveaux thèmes pour le printemps 1999. Celui de Mélodie du Sud posait déjà problème, moins à l’époque pour ses messages de racisme banalisé que de notoriété du film assurément. L’univers de Pocahontas, Une Légende Indienne aurait pu ainsi être décliné chez nous, un thème collant parfaitement avec une partie de notre Land Frontierland. La série Davy Crockett, que l’on retrouvait déjà dans l’attraction River Rogue Keelboats et surtout au Disney’s Davy Crockett Ranch, était également pressentie pour ce ride.

splash mountain disneyland paris
Zip-a-Dee-Doo-Dah…

Le parcours, semble-t-il, devait être plus court que les versions précédentes et ne devait pas comporter autant d’Audio-Animatroniques (seulement entre 20 et 40 personnages) contrairement aux scènes intérieures de Splash Mountain. La force marketing d’un tel concept était-elle assez puissante ? C’est ce que les Imagineers se sont aussi posés comme question, sachant qu’ils savaient qu’une telle attraction n’aurait pas autant de succès l’hiver et que des « flume rides » existaient déjà parmi la concurrence européenne. En revanche, on parlait de la plus grande descente en bûche d’Europe avec une capacité de 2060 Visiteurs par heure ! Pas rien ! Deux endroits furent suggérés pour l’accueillir : l’emplacement de l’actuel Frontierland Theater ou celui de la gare de Frontierland Depot. Cette dernière aurait alors été déplacée plus vers Critter Corral. Cette expérience était un projet un peu plus sérieux que les autres attractions dans le sens où un calendrier de faisabilité avait été dressé portant sur le système technique, les types de descente etc. Des premiers storyboards très sommaires ont également été proposés.

Geyser Mountain développé par Pat Burke pour Frontierland

On retrouve également l’attraction Geyser Mountain, qui avait alors comme nom de projet Geyser Drop. Elle fut prévue un temps pour l’année 1999 puis reportée à 2000 ou 2001, pour finalement être abandonnée définitivement. Cette attraction, ayant été développée de façon plus poussée, nous y revenons dans un article à part. Il faut dire qu’elle devait non seulement proposer une expérience technologiquement à la pointe pour l’époque mais aussi s’intégrer dans la scénario global de Frontierland. Sans doute, aurait-elle été accueillie chaleureusement par le public mais peut-être que nous n’aurions jamais bénéficié d’une Tower of Terror quelques années plus tard…

geyser mountain
Création de Fan (Andreas Seltenheim)

Disney parlait d’un énorme coup marketing car cela aurait été une première en Europe pour une attraction de ce genre. Cependant, des défis s’imposaient déjà à l’époque : comment rendre attractive une attraction au plus grand nombre sachant qu’elle n’aurait pas pu accueillir tous les âges ? Comment rendre l’expérience satisfaisante en moins de 75 secondes ? Comment faire de cette attraction une nouvelle icône du Parc sans défigurer le paysage pour autant (70 mètres de hauteur tout de même…) ? D’autant que l’attraction aurait dû ouvrir sans que sa mise en scène (son « show ») ne soit totalement terminée…

Du Tokyo DisneySea à Discoveryland, la boucle est bouclée

Rappelez-vous que nous sommes dans la deuxième moitié des années 1990 et que du côté de Walt Disney Imagineering, les faiseurs de magie sont occupés sur au moint un projet colossal, Tokyo DisneySea, annoncé officiellement par Disney et Oriental Land Company le 26 novembre 1997. Ainsi, deux des attractions originales du parc situées dans la zone Mysterious Island auraient pu être dupliquées dans notre univers vernien de Discoveryland, qui s’y prêtait merveilleusement bien. On parle alors de l’arrivée en 2001 de l’attraction 20,000 Leagues Under the Sea qui aurait en réalité signé la fin de l’existence de l’attraction Les Mystères du Nautilus, puisqu’elle aurait utilisé notre réplique du sous-marin du capitaine Nemo comme simple file d’attente ou pré-show pour ensuite accéder à l’attraction en elle-même, dont l’infrastructure aurait été une expansion du land et aurait empiété sur une partie de Autopia.

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Vue de Mysterious Island à Tokyo DisneySea

L’autre attraction qui aurait pu être importée de l’univers de Mysterious Island à Tokyo était Journey to the Center of the Earth, l’un des musts de Walt Disney Imagineering au début des années 2000. Il s’agit d’un périple épique dans les profondeurs de notre bonne vieille planète, inspiré directement du roman Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, une attraction qui n’est pas sans faire écho au projet de tour en chute libre qui avait été imaginée un temps pour l’offre de Discovery Mountain – projet développé à la fin des années 1980 pour le land futuriste de Euro Disneyland, un dôme géant de 100 mètres de diamètre, qui aurait dû prendre place en lieu et place de notre actuelle attraction Space Mountain.

Une autre scène de spectacle dans ces attractions

Plus étonnant en revanche, il fut discuté de l’éventualité d’ajouter au printemps 1998 une nouvelle salle de spectacle couverte au Parc Disneyland. Un théâtre à l’italienne avait été pensé un temps pour prendre place derrière Fantasyland Festival Stage. Mais en raison de la promiscuité d’accès et de la potentielle arrivée dès la fin des années 1990 d’une point de rencontre avec Mickey dans ce même lieu, c’est la solution B qui avait été gardée, à savoir l’emplacement situé à l’est de « it’s a small world ».

Indiana Jones Adventure, fantasmé, abandonné

Mais le centre des attentions à l’époque était surtout tourné vers la nouveauté phare tout droit venue de Disneyland Resort, Indiana Jones Adventure: Temple of the Forbidden Eye inaugurée en Californie un an plus tôt, le 13 mars 1995. Dans le document de 1996, c’est 1999 qui fut l’année retenue pour cet ajout de taille. Néanmoins, aussi étonnant que cela puisse paraître, cette expédition en jeep toujours aussi exaltante et spectaculaire aujourd’hui, amenait avec elle quelques préoccupations.

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Fascicule promotionnel de 1995 de Delta Air Lines

Pour les Imagineers :

  • On se demandait si la franchise Indiana Jones était si populaire que ça en Europe par rapport aux Etats-Unis ;
  • On craignait que la capacité horaire de l’attraction n’atteigne pas les prédictions escomptées, à savoir 2000 participants. Le « ride » californien pêchait en effet l’époque par des pannes récurrentes et l’augmentation rapide de la durée d’attente.
  • On savait que l’attraction demandait une maintenance très rigoureuse et fréquente.
  • On partait du principe que la « carte » Indiana Jones avait déjà été jouée en 1993 avec l’attraction Indiana Jones et le Temple du Péril et que cela pouvait faire tout simplement redondant.
  • On était plus très sûr de savoir si la prairie située derrière Indiana Jones et le Temple du Péril était finalement le meilleur endroit pour installer l’attraction, privant le Parc d’espaces verts. Les années futures nous diront que ces espaces verts n’auront servis à rien d’autre hélas…
indiana jones adventure
Voici à quoi aurait pu ressembler la réplique de Indiana Jones Adventure dans le Parc Disneyland

Ces préoccupations nous permettent de mieux remettre en perspective le travail des Imagineers et qu’un projet n’est pas forcément voué à l’échec exclusivement pour des raisons financières mais si dans le cas de Disneyland Paris, l’argument pécunier y a joué pour beaucoup.

Un Jungle Cruise préhistorique ?

Une attraction Lost World of Dinosaurs fut également dans les premières réflexions pour la période de la fin des années 1990. Devant occuper probablement la prairie inoccupée au fond de Adventureland, elle devait s’apparenter à une sorte de croisière bien qu’on ne sache pas plus de détails sur le type de « ride » en lui-même. Cette balade en radeau devait se faire vraisemblablement autour d’un volcan de la jungle peuplé de dinosaures. Ce parcours fut d’ailleurs inspiré de ce qui avait été imaginé de façon similaire pour le land Discovery Bay à Disneyland Resort. Pour intégrer cette attraction à Paris, il fallait pour cela renforcer cette impression de micro-climat tropical dans cette zone. Deux préoccupations furent exprimées : le fait qu’il s’agisse d’une attraction non couverte pour les Visiteurs (oui, la météo restait un paramètre fondamental dans la conception des attractions du Parc depuis ses débuts) et le doute permis sur l’attractivité du thème en lui-même auprès du grand public.

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L’attraction Jungle Cruise à Disneyland en Californie

Animation Hall of Fame devait être en 1998, si on analyse son intitulé, une attraction dédiée à l’art de l’animation Disney, toujours située au Parc Disneyland. Peut-être se serait-elle apparentée à l’ambitieuse attraction Art of Disney Animation ouverte plus à Disney California Adventure et qui consistait non seulement en une multi-exposition dynamique mais également un lieu où des Cast Members interagissaient avec les Visiteurs autour des dessins animés. Finalement, une version plus modeste verra le jour au Parc Walt Disney Studios quelques années plus tard.

Que faut-il retenir de ces anciens projets d’attractions ?

Finalement, de ces projets qui n’ont pas dépassé le stade du développement dans des bureaux, on retiendra sûrement Indiana Jones Adventure, dont l’emplacement potentiel dans la jungle d’Adventureland l’attend désespérément. Son potentiel reste, en 25 années d’existence, intact et aucune autre major des parcs à thème ou d’attraction ne s’est risquée à reproduire de manière si complexe une telle escapade aussi mouvementée que magique. De plus, l’attraction a réussi, là où beaucoup ont échoué : savoir se pérenniser dans le temps, si bien qu’aujourd’hui, le plaisir des Visiteurs est toujours le même. De plus, il n’existe aucune équivalent technique de ce « ride » en Europe actuellement. Si le cinquième opus rencontre un beau succès au box-office européen, il sera dès lors légitime de se reposer la question de cet ajout (probablement modernisé), le Parc Disneyland n’ayant pas reçu de nouveauté majeure (qui a étendu sa surface on s’entend), depuis 1995… Enfin, certains projets comme Geyser Mountain n’ont été finalement que les premières marches à gravir pour Walt Disney Imagineering pour concevoir des expériences encore plus grandioses comme The Twilight Zone Tower of Terror. Rien ne se perd dans cette belle filiale créée par Walt ! Découvrez toutes ces attractions dans les documents ci-joints.

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1 commentaire

FierDeLaFrance 24 avril 2021 at 18 h 10 min

Nous avons tout de même la chance de bénéficier en France d’un parc Disneyland de très grand qualité, avec ses exclusivités mondiales !

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