Disneyphile
the mandalorian

La Passagère – Critique du chapitre 10 de The Mandalorian

Le 6 novembre 2020, Lucasfilm proposait le deuxième épisode de la saison 2 de The Mandalorian sur Disney+. Le premier épisode explosif révélé sept jours plus tôt a tout de suité donné le ton de cette saison et posé quelques éléments d’intrigue pour la suite. Même s’il n’a pas fait avancer l’histoire de Mando et l’Enfant, il a eu le mérite de proposer du grand spectacle, de nous présenter le personnage de Cobb Vanth et même d’offrir aux fans une surprise de taille dans son plan final. Les créateurs de la série souhaitent manifestement en garder sous le coude puisque le chapitre 10, intitulé « La Passagère », n’apporte également pas plus d’indices sur le parcours de nos héros.

Un épisode écrit comme un « one shot »

Ce nouvel épisode est une sorte de trait d’union entre le premier et probablement ce qui nous attend par la suite. Les plus critiques d’entre nous pourraient même parler de vide intersidéral tant l’histoire qui nous est proposée est à la fois bien maigre et la réalisation dépourvue de toute subtilité. Il n’y a pas à remettre en cause le talent de Peyton Reed, pour la première fois derrière les manettes d’un épisode The Mandalorian. Le réalisateur d’Ant-Man et Ant-Man et la Guêpe reste dans son confort qu’on lui connait, se contentant de suivre à la lettre un scénario si peu étoffé. On l’a vu de par son travail avec Marvel Studios : ce qu’il produit est correct sans parler de réussite totale.

la passagère

Qu’on ne s’y trompe pas, la réalisation de Peyton Reed dans « La Passagère » s’inscrit directement dans la ligne directrice voulue par Jon Favreau, mais on sent bien que tout n’est pas parfait loin de là. Les apparitions de l’Enfant alias Bébé Yoda sont nombreuses et apportent leur lot de cocasseries et il est assez excitant de découvrir vers le deuxième acte de l’épisode un genre totalement inédit pour la série, qui se met à flirter en effet avec l’horreur. Cette nouveauté ne suffit pas hélas à marquer le téléspectateur qui retiendra de belles scènes d’action mais beaucoup de passages totalement inutiles. Et c’est peut-être pour le coup le scénariste qu’il faudra davantage blâmer que le réalisateur, qui essaye tant bien que mal de composer avec le peu d’éléments narratifs qu’on lui met à disposition, comme s’il s’agissait pour lui de son « épisode » d’essai.

La Passagère du Razor Crest

Dans « La Passagère », Din Djarin et l’Enfant continuent leur périple. Notre mercenaire cherche toujours à retrouver les siens afin qu’ils puissent l’aider à remettre son petit protégé à son propre peuple. Parcourant le désert aride de Tatooine sur son Speederbike, il se fait malencontreusement piéger par des brigands de fortune qui lui font provoquer un accident et tentent de s’emparer de l’Enfant. Peu futés et habiles, ils se font très rapidement appréhender par Mando qui repart à pied jusqu’à Mos Eisley où il y retrouve Peli Motto (Amy Sedaris) mais aussi Dr Mandible, dont l’espèce (Kilik, une sorte de fourmi) serait apparue auparavant exclusivement dans la littérature starwarsienne dans Le Roi des Affiliés. Il est d’ailleurs assez drôle de retrouver cette espèce alien avec Peyton Reed à la réalisation…

la passagère

Un peu plus tard, Mando et Peli se retrouvent chez elle. Ce dernier lui offre de la viande de dragon de Krait à faire griller (à la manière de ce qui est présenté sur la carte du Ronto Roaster au land Star Wars : Galaxy’s Edge). Elle lui propose alors un nouveau « deal », faire acheminer une passagère clandestine qui, en retour, lui assure de pouvoir retrouver des mandaloriens. Il s’agit d’une sorte de femme grenouille (dont la voix est signée de Dee Bradley Baker, qui avait doublé les soldats clones et le commandant Rex). La seule condition mise sur la table est ne pas utiliser la vitesse-lumière avec le Razor Crest car la passagère transporte avec elle ses futures progénitures « batraciennes », des œufs protégés dans un liquide nourricier compartimenté qui ne supportent pas l’hyperespace. Ne parlant pas du tout la langue de cette alien, Mando a quelques difficultés à se faire comprendre tandis que l’Enfant voit dans les œufs de « grenouille » un intérêt alimentaire, qui sera une sorte de running gag dans l’épisode.

La Nouvelle République de retour plus vaillante que jamais

Après avoir programmé le vaisseau en pilotage automatique et mis le cap sur leur destination, nos voyageurs vont se reposer mais sont interrompus par l’arrivée de « flics de l’espace », deux pilotes de X-Wings représentant les couleurs de la Nouvelle République. Dans un contexte de post-chute impériale, tout le monde est tendu et ces « gendarmes » n’hésitent pas à rappeler à l’ordre Mando sur ses obligations dans une zone contrôlée par la Nouvelle République. Mais les choses tournent mal et Mando, recherché pour plusieurs crimes, finit par prendre la poudre d’escampette plutôt que d’obtempérer au risque de se faire arrêter. S’en suit alors une course-poursuite dans l’espace et Mando espère les semer sur une planète glacée, dans un canyon escarpé.

la passagère

Il finit par dissimuler son vaisseau dans une crevasse tandis que les chasseurs continuent leur chemin. Mais le Razor Crest s’effondre dans la glace et s’abîme en retombant dans une grotte. La chute est brutale et tout le monde tombe dans les pommes. Le froid finit vite par gagner le vaisseau et ses occupants. Il est dès lors impossible pour Mando de regagner la surface sans d’abord réparer le vaisseau. Mais voilà, notre mandalorien n’est manifestement pas prêt à se redresser les manches et préfère se reposer. Il est réveillé par sa passagère qui a utilisé un ancien droïde chasseur de prime à moitié démantelé pour traduire ses paroles. Elle le convainc de tenir sa promesse et de ne pas ternir sa réputation de mandalorien. Il finit par accepter et sort du vaisseau pour aller le réparer.

Quand Alien rencontre Star Wars

Pendant ce temps, la passagère file en douce avec ses œufs, pour aller se réchauffer avec eux dans un bassin sous-terrain géothermique. L’Enfant prévient Mando de son absence. Ils finissent par les retrouver et Mando demande à la passagère de regagner le vaisseau, là où il est sûr de pouvoir veiller sur elle. Pendant qu’ils remettent les œufs en place dans leur récipient, l’Enfant tombe sur d’autres œufs plus gros (qui pourraient vraisemblablement vous faire penser à la saga Alien). Il en casse un pour en découvrir son contenu et le manger. Mais il se rend compte que tous les autres œufs autour de lui sont prêts à éclore. Mando et les autres se sauvent le plus vite possible, poursuivis par des sortes d’arachnides (des Krykna en réalité), une scène qui ne sera pas sans vous rappeler Harry Potter et le Chambre des Secrets ou Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi, puisqu’une « araignée reine » surgit d’une grotte et les pourchasse.

la passagère

L’horreur est à son comble quand les araignées les submergent d’abord à l’extérieur du vaisseau puis à l’intérieur, les forçant à se réfugier dans le cockpit. Croyant en avoir fini avec ces créatures sanguinaires, ils sont attaqués par surprise par une autre araignée géante prête à les dévorer. In extremis, ils sont sauvés par des tirs lasers provenant de l’extérieur. La bête et ses descendances sont tuées. Mando est sur la défensive et sort prudemment de son vaisseau pour découvrir qui a bien pu les sauver alors qu’ils étaient enterrés sous la glace. Il s’agit bien-sûr des deux pilotes Rebelles qui finissent par lui révéler qu’ils ont enquêté sur lui. Ils lui indiquent qu’il est en état d’arrestation pour l’enlèvement d’un prisonnier. Néanmoins, ils poursuivent en disant qu’il avait appréhendé trois prisonniers recherchés (il s’agit des chasseurs de prime qui l’avaient trahi sur la station pénitentiaire dans le chapitre 6), ces derniers ayant affirmé que Mando avait voulu protéger le lieutenant Davan sur ce vaisseau. Ils acceptent donc, dans le contexte difficile de la transition de l’Empire à la Nouvelle République, de lui laisser sa liberté mais le somment de réparer son transpondeur. Mando doit en revanche se débrouiller seul pour repartir. Ils réussissent à redécoller et s’en vont en vitesse « sublight ».

La Passagère est un épisode passable

Comme à son habitude, la série regorge de références en tout genre. L’un des pilotes vous sera peut-être familier. Le premier, Trapper Wolf, est en effet incarné par Dave Filoni en personne, producteur exécutif des séries Star Wars : The Clone Wars et Star Wars Rebels, et réalisateur d’épisodes de The Mandalorian. Le second est joué par Paul Sun-Hyung Lee. D’ailleurs, pour essayer de calmer le jeu entre les pilotes et lui au début de l’épisode, Mando sort un « Que la Force soit avec Vous » à la radio, qui pourrait même faire sourire tant il est teinté de second degré.

Vous l’aurez compris, le plus gros souci que pose cet épisode est probablement le fait qu’il ne fait absolument rien pour faire avancer l’histoire, un reproche déjà fait dans la saison 1. S’il est évident que la parti-pris de cette série est de vouloir imposer un rythme plus posé, force est de constater que ce choix peut paraître certaines fois un vrai manque à gagner pour la série. En seulement dix chapitres avec des épisodes de 35 à 40 minutes environs, beaucoup de questions sont posées à chaque épisode et si peu trouvent de réponse entre les machinations de Moff Gideon, le destin et les origines de l’Enfant, le code mandalorien (glissé dans cet épisode en particulier) et l’avenir de Mando dans sa communauté. Heureusement, même un épisode décevant de The Mandalorian reste malgré tout très appréciable. « La Passagère » est donc un épisode à considérer davantage comme une histoire complètement autonome. Ce n’est en aucun cas mauvais, et un affrontement avec des vaisseaux familiers, des décors toujours aussi somptueux et un bref passage dans le domaine de l’horreur ne vous feront pas décoller de votre canapé et compenseront l’effort scénaristique décevant.

En fin de compte, « La Passagère » serait plutôt un volet à ranger du côté des fans puisqu’il n’est là que pour rappeler qu’il se situe dans la saga Star Wars. Pour les autres, il faudra attendre des choses plus concrètes dans les prochains épisodes. Un peu à la manière d’arcs narratifs alternatifs dans Star Wars : The Clone Wars, cet épisode apporte son lot d’excitation pour garantir le divertissement sans pour autant être satisfaisant de point de vue l’ensemble de l’intrigue. En revanche, sa qualité première et indéniable restera son action et sa capacité à nous faire vibrer aux confins d’une grotte perdue dans la glace.

© Disneyphile 2023 / Tous droits réservés / Reproduction interdite

Laisser un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et la gestion de vos données par ce site.