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Purl critique 01

Purl – Critique du Sparkshorts Pixar

Nouveau programme révélé par Pixar Animation Studios en août 2017, Sparkshorts propose des courts métrages expérimentaux qui ont pour volonté de mettre en avant les nouvelles générations de talents des studios de Luxo. Ces cartoons correspondent à un format d’environ sept minutes et sont réalisés dans un délai limité de six mois environ. Cette nouvelle série se veut originale et offre quelque chose de différent au sein de ce label, tant par le ton que le parti-pris artistique.

Genèse de Purl

Purl est le premier Sparkshorts à voir le jour. Il est présenté le 18 janvier 2019 au El Capitan Theatre et mis en ligne sur Youtube le 4 février de la même année. La publication de ce Sparkshorts sur la plateforme sera succédée la semaine suivante par Ecraser & Ramasser (Smash & Grab) puis une semaine plus tard encore par Chatbull (Kitbull). Les prochains courts métrages de ce nouveau cycle seront directement hebergés sur la nouvelle plate-forme Disney+, disponible en France le 24 mars.

Purl critique 01

Les trois premiers annoncés sont L’Envol (Float), Renée (Loop) et Wind. Purl est réalisé par Kristen Lester qui s’inspire de sa propre expérience pour la réalisation de ce film. En effet, le court métrage revient sur l’histoire d’une petite pelote de laine, métaphore de la femme, qui commence à travailler dans une entreprise, menée uniquement par des hommes, et qui tente de s’intégrer, de se faire sa place dans ce milieu masculin.

Un visuel au service d’un message profond et contemporain

Le court métrage ne dénote pas de la tradition esthétique de Pixar, il emprunte les moyens techniques et la 3D habituels du studio pour un format honnête de huit minutes et quarante-trois secondes. Ce qui fait toute la particularité de ce premier Sparkshorts, ce sont assurément les sujets qu’il traite : l’intégration de la femme dans un contexte professionnel masculin et l’uniformisation des personnes. A son arrivée dans l’entreprise, nommée B.R.O (bro signifiant « potes » au masculin en anglais, le ton est donné), la petite pelote de laine fait face à plusieurs problématiques : l’indifférence de ses collègues masculins, la non prise en compte de sa parole et de sa vision des choses en réunion et enfin le rejet de ses pairs au travail et en dehors.

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Visuellement, le court métrage joue beaucoup sur l’opposition et la métaphore. Un milieu très sobre, des teintes noires, grises et blanches pour les hommes et le lieu de travail, créent un rapport de force avec le rose éclatant de Purl. Egalement une opposition des formes avec Purl en tant que pelote ronde, petite, avec un réel rendu de matérialité sur les fils de sa pelote, et de l’autre coté les hommes grands, tout en verticalité, un aspect très lisse de leur visage et leur costume tous similaires. Purl dénote dans l’uniformité de tous les hommes de l’entreprise. La métaphore est aussi très importante, notamment au point culminant du court métrage lorsque la protagoniste comprend qu’elle doit s’adapter au milieu masculin, elle se transforme littéralement en retravaillant sa pelote pour devenir plate, plus lisse, plus uniforme et plus carrée comme tous ses pairs.

En copiant également les attitudes de ses collègues, elle se retrouve complètement intégrée. Le message est donc fort et s’entend dans un prisme plus large que l’unique cas de la femme : la différence est mal perçue dans les milieux professionnels. Il vaut mieux cacher son identité, s’adapter à la mode de pensée générale et commune. Le court métrage cherche à observer jusqu’où chacun est capable d’aller pour s’intégrer, rentrer dans le moule quitte à renier sa propre personnalité.

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La conclusion du court métrage dans laquelle Purl, prenant le parti d’une nouvelle petite pelote de laine fraîchement débarquée dans l’entreprise, s’impose devant ceux qu’elle essayait d’imiter est très forte. Le moment un peu suspendu qui précède la décision de Purl, porte toute la dualité de ce Sparkshorts : coller au groupe ou proclamer son identité. Les quelques secondes de vague avant la réaction de la pelote proclame l’importance du dilemme qui se pose. Enfin la scène finale dans laquelle les pelotes évoluent au milieu des hommes est un réel appel à la diversité, l’acceptation de chaque identité. C’est une manière de mettre en avant combien l’entreprise s’enrichie de la diversité de ses membres et que chacun a sa juste place au milieu des autres.

Un premier Sparkshorts en plein dans l’actualité

Ce premier Sparkshort marque le début d’un nouveau genre de production de court métrage avec un message fort, en pleine actualité de début d’année 2019 sur la question particulière de la femme dans les milieux d’hommes, notamment au cinéma où de nombreux débats sur les salaires, la capacité à s’imposer et exister ainsi que les différentes polémiques de harcèlement, ne sont plus des faits isolés et éclatent au contraire au grand jour. On ressent l’expérience et le vécu de la réalisatrice dans l’affect que produit ce court métrage et il est évident que par la force du message, il fait maintenant date dans le patrimoine de Pixar mais également de l’animation de manière plus large.

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