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Star Wars : L’Ascension de Skywalker – Critique du Film Lucasfilm

Près d’un an après la bataille féroce qui a fait rage sur Crait, recluse dans un coin de la galaxie et totalement affaiblie, la Résistance mène son dernier combat contre les forces dévastatrices du Premier Ordre, mené par le Suprême Leader Kylo Ren. La Générale Leia Organa, qui veille attentivement sur Rey, ultime rempart contre l’ennemi, rassemble toute l’énergie qui lui reste, sans douter pour autant des vrais enjeux qui se trament et menacent tous les peuples et les systèmes.

Le grand final, l’Ascension de Skywalker

On ne peut réellement juger d’un dernier opus de saga si on ne s’est pas un tant soit peu penché sur les films qui l’ont précédés. Star Wars : L’Ascension de Skywalker est de ceux là. Sa première et lourde tâche est de conclure une nonalogie, la plus importante du cinéma. Sa seconde tâche est de raccorder le fil avec des volets précédents parfois décriés. Enfin, il doit montrer plus que jamais que Disney entretient sa marque fétiche avec le plus grand soin sans trébucher dans cet ultime effort : il en va essentiellement de la survie de la franchise qui espère explorer de nouveaux univers à partir de 2022 au cinéma.

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Le blockbuster de 2019 survient quarante deux années après la naissance de cet univers ô combien mythique du cinéma et de la culture populaire et conclut de manière assez providentielle et cohérente un récit qui aura traversé de nombreuses générations. Bien qu’il ne soit pas le final parfait à nos yeux, ce métrage peut se targuer d’offrir une prouesse scénaristique, celle de raccrocher les wagons. Il parviendra sans mal à réconcilier tout fan qui se serait senti trahi par les propositions de l’Episode VII et les non propositions de l’Episode VIII. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette ultime épopée réussit à la fois à s’implémenter comme suite tout en s’émancipant de certaines contraintes narratives imposées par les deux précédents films. Mieux que cela, elle permet de boucler la boucle et de proposer un dénouement logique, émouvant tout en restant, paradoxe notable, assez sobre et respectueux de l’héritage dont elle se sert avec intelligence.

Star Wars : L’Ascension de Skywalker achève donc en 2019 cinq années de Star Wars sous l’ère Disney – un premier acte. L’attente autour de ce volet est la proportion des ambitions revendiquées par Disney et Lucasfilm Ltd. d’offrir une fin digne à cette saga mythique. Cette postologie, elle naît déjà dans l’imaginaire de George Lucas dès les années 1970, qui a déjà en tête, après son premier succès Star Wars : Un Nouvel Espoir et au moment de la production de Star Wars : L’Empire Contre-Attaque, d’étaler son histoire sur pas moins de trois trilogies interdépendantes. Selon le producteur des deux premiers films, Gary Kurtz, et le biographe de Lucas, Dale Pollock, cette ultime trilogie séquelle devait s’intéresser au devenir de Luke Skywalker dans la force de l’âge et à son affrontement ultime avec l’Empereur. Bien que ce projet fut mort dans l’âme, George Lucas le préserva et le peaufina. C’est ainsi que le 30 octobre 2012, date de vente de Lucasfilm Ltd. à Disney pour la somme de 4,05 milliards de dollars, le père de Star Wars confie également les droits sur ses scripts inachevés, pensant que les pontes de la société de Mickey et sa partenaire de confiance Kathleen Kennedy, qu’il a placé à la tête de sa société, vont suivre.

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En effet, dans la foulée de ce rachat est annoncé pour le printemps 2015 la sortie d’un septième épisode de la saga, s’inscrivant dans une nouvelle trilogie. George Lucas n’est plus intéressé pour réaliser ces nouveaux films bien qu’il garde un rôle de consultant créatif, surtout lors des premières réunions de travail. Ses travaux du traitement de l’histoire qu’il imaginait sont lus par quelques exécutifs des studios mais sont très rapidement écartés et Lucas perd son implication dans ce film. Le premier jet de Star Wars : Le Réveil de la Force est écrit par Michael Arndt. Nous sommes fin 2012 et plusieurs réalisateurs sont envisagés pour succéder à George Lucas, parmi eux, David Fincher, Brad Bird, Jon Favreau, Ben Affleck, Guillermo del Toro et même Steven Spielberg. Tous s’y refusent prétextant pour la plupart être déjà occupé sur d’autres projets. En réalité, personne n’ose s’attaquer à l’univers de science-fiction par excellence, d’autant que certains cinéastes cités sont proches du père de la saga. C’est finalement JJ Abrams, qui s’est distingué quelques années plus tôt pour avoir fait renaître de ses cendres la franchise Star Trek au cinéma, qui est choisi. Il s’accompagne de Lawrence Kasdan et Simon Kinberg comme consultants de projet. De son côté, le scénariste ne suit plus la cadence imposée par Lucasfilm Ltd. et est remercié durant l’automne 2013. Abrams et Kasdan prennent le relais et réécrivent la trame du film. Dès lors, cette phrase de réécriture fait prendre du retard à la production. Le film se voit ainsi décalé de mai à décembre 2015, une période de l’année peu habituelle pour un film Star Wars.

La production autour du film reste floue mais en réalité bien gardée par Disney, qui ne souhaite qu’aucune information capitale ne fuite avant sa sortie. De son côté, JJ Abrams pense qu’envisager un retour de la saga doit forcément passer par un retour en arrière en reprenant des codes bien connus de la trilogie originale, un terrain familier, tout en basant son propos sur l’émotion plutôt que l’explication. Pour faciliter la création de cette saga et limiter leurs contraintes, Kathleen Kennedy choisit de mettre de l’ordre dans l’univers canonique officiel. Tout l’univers étendu littéraire est ainsi balayé pour devenir caduque : il fait désormais partie de l’univers Légendes. Seuls l’hexalogie cinématographique et la série Star Wars : The Clone Wars demeurent canoniques. Une série prévue sur Disney XD vient d’ailleurs remplacer cette dernière pour mieux préparer le terrain et permettre aux plus jeunes de se familiariser avec une marque qu’ils n’ont jamais forcément connu. L’idée est que cette postologie soit la trilogie qu’ils s’approprient pour leur génération. Mais le plus gros du travail reste à venir : il faut ménager la surprise et faire de la sortie de l’Episode VII un événement culturel exceptionnel ce que le film sera. A coup de battage marketing historique basé principalement sur la nostalgie de la trilogie originale, Star Wars : Le Réveil de la Force devient le plus gros succès de l’année 2015 avec plus de 2 milliards de dollars de recettes, le plus gros succès de la saga, le plus gros succès de l’Histoire aux Etats-Unis devant Avatar et l’un des films les plus lucratifs de l’Histoire (le quatrième en son temps). Ce succès, il le doit aussi au retour de Harrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher et d’autres acteurs de la trilogie originale qui reprennent chacun leurs rôles aux côtés des petits nouveaux, Daisy Ridley, John Boyega, Adam Driver et Oscar Isaac, propulsés du jour au lendemain au rang de stars d’Hollywood. Le choix de l’histoire de cette nouvelle trilogie est assez sommaire et se focalise sur une jeune fille inconnue vivant sur une planète désertique, un parallèle tout trouvé avec Un Nouvel Espoir ; elle se découvre un destin hors du commun et fait la rencontre de la Résistance, une organisation menée par la Générale Leia Organa, qui lutte contre le Premier Ordre, une organisation malfaisante née des cendres de l’Empire déchu. Le triomphe du (Le) Réveil de la Force conforte évidemment Disney dans ses ambitions.

C3PO l'ascension de skywalker

S’en suit la poursuite d’un immense chantier pour Disney. La production littéraire de l’univers foisonne, le merchandising de la nouvelle trilogie s’arrache chaque année, Disney et Lucasfilm Ltd. alliant leur savoir-faire en matière de produit dérivés, Star Wars Resistance succède à Star Wars Rebels du côté de l’animation, la plateforme de steaming de Disney fait son ouverture en 2019 avec la toute première série Star Wars en « live-action » (deux autres séries sont annoncées, l’une sur Cassian Andor et l’autre sur Obi-Wan Kenobi) mais l’annonce de lands Star Wars pour les Parcs Disney reste sans doute le projet le plus ambitieux de la compagnie avec sa marque. Baptisé Star Wars : Galaxy’s Edge, cette nouvelle zone thématique ouvre ses portes à Disneyland Resort et Walt Disney World Resort en 2019 et pousse l’immersion à son paroxysme, de manière à inclure l’histoire racontée aux Visiteurs dans le nouvel univers canon. Avant cela, Disney ne manque pas d’audace pour implémenter sa franchise lucrative à peu partout où cela est possible dans ses parcs à thèmes, ses paquebots et même dans de futurs nouveaux hôtels.

Concernant le Cinéma, deux autres films dérivés, permettant de développer un élément ou un personnage de l’intrigue principale, sont produits durant ces cinq premières années. La fraîcheur du film de guerre Rogue One : A Star Wars Story réalisé par Gareth Edwards est accueillie positivement en 2016 tandis que SOLO : A Star Wars Story sort non sans douleur en 2018, après l’éviction de ses co-réalisateurs au cours du tournage, Phil Lord et Chris Miller, en raison de différends artistiques avec la direction, et la reprise manu militari par Ron Howard. Le film déçoit, en deça des attentes commerciales de Disney. A côté de cela, la nouvelle trilogie trace son chemin tant bien que mal. Personne ne veut assumer la responsabilité de porter cette trilogie dans son intégralité. Le choix le plus judicieux selon Lucasfilm Ltd. est donc de désigner un cinéaste par film.  Rian Johnson devient le successeur de JJ Abrams, avec qui il collabore dans un premier temps pour s’assurer d’une transition douce. Il s’attelle donc à la tâche pour proposer une suite qu’il veut convaincante et audacieuse. Le deuxième opus, Les Derniers Jedi, sort en décembre 2017. Les deux premiers films de cette postologie auront rapporté 3,4 milliards de dollars dans le monde. Mais ce huitième opus divise plus que jamais les fans. Que serait un Star Wars sans polémique ? Chaque époque a droit à sa génération de fans et à ses scissions. Chaque film (à commencer par Un Nouvel Espoir) a fait, à un moment ou un autre l’objet de procès. Mais ce huitième film connait avec les réseaux sociaux et la surmédiatisation une vague de critiques sans précédent : lui est reproché par une minorité, principalement sa mollesse, ses longueurs, son manque de contenu et surtout son audace maladroite, détournant les conventions de la franchise sans raison impérieuse. A l’inverse, certains considèrent les films les plus récents comme faisant partie des meilleurs de la franchise et jugent prématuré de juger la trilogie avant la publication de son acte final. Mais voilà, sans vision d’ensemble, cette postologie souffre dès le départ d’un manque d’ambition créative, une épine dans le pied difficile à retirer. Star Wars : L’Ascension de Skywalker sorti en décembre 2019 est attendu au tournant.

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Le film est confié au départ à Colin Trevorrow, qui a permis à la franchise Jurassic Park de revivre au cinéma. Ce dernier et son scénariste Derek Connolly quittent le projet en septembre 2017 suite à des différends créatifs. A ce moment-là, ni Rian Johnson, ni JJ Abrams n’ont été impliqués de près ou de loin dans ce dénouement final. Le premier n’est pas non plus intéressé pour poursuivre l’aventure de Rey, Finn et Poe. Très rapidement, JJ Abrams est annoncé de retour au poste de réalisateur. La date de sortie du film est reportée au 20 décembre 2019. Cette fois-ci, les équipes de Lucasfilm Ltd. rencontrent plusieurs fois George Lucas avant que Abrams propose son nouveau script avec Chris Terrio. Ce scénario est réécrit à maintes reprises pour adapter les apparitions de Leia, qui aurait du avoir une place plus prépondérante dedans, suite à la disparition de Carrie Fisher mais aussi à la fin du tournage.

Il est le premier point central à aborder pour Star Wars : L’Ascension de Skywalker, puisqu’il tient sa réussite en grande partie grâce à lui. S’il y aura bien une chose que ses détracteurs ne pourront pas lui reprocher, c’est que ce film conclue sans détour l’arc narratif de la famille Skywalker. Il pourra être forcément débattu de la pertinence de cette fin mais il n’y a aucun doute sur le fait que la conclusion proposée est un véritable point final. Certains pourront y voir là une forme de futilité où tout nous ramène à L’Ascension de Skywalker, quoi qu’il advienne, qu’on parle de films mais aussi de livres, de comics, de jeux vidéos ou de séries d’animation. D’autres verront dans cet épilogue une vraie imbrication cohérente de l’intégralité de la saga qui ne forme, dès lors, plus qu’un seul et même tout. Nous sommes convaincus que J.J Abrams fait le job. Star Wars : L’Ascension de Skywalker n’est pas là pour créer une histoire future. Il ne laisse pas suffisamment à Disney de quoi accrocher une autre trilogie directement au dos de celle-ci. Le rêve original de Lucas de raconter une histoire intergalactique sur un garçon de ferme de Tatooine s’achève – exactement comme ces soleils jumeaux s’effondrant dans le désert.

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Le film affiche en outre une bipolarité profonde et évidente : comment peut-il être la suite de deux films aux tons, aux messages et aux structures diamétralement opposées (Star Wars : Le Réveil de la Force et Star Wars : Les Derniers Jedi) tout en apportant des réponses claires aux deux ? Dans son élan, après avoir fourni le contenu nécessaire pour donner sens en tant que suite à part entière, il finit par s’extirper de ce schéma narratif et se soustrait aux deux opus précédents. Le film raconte plus qu’une histoire. Il passe cette seconde quand il s’imbrique une bonne fois pour toutes dans l’ensemble de la saga. Comment faire pour colmater et dans le même temps rester cohérent ? En forçant la cadence comme il le fait d’un bout à l’autre de ses deux heures et vingt-deux minutes : il faut apporter des réponses aux questions non élucidées des deux précédents volets, terminer les arcs narratifs de la majorité des protagonistes tout en développant de nouveaux apports. Sur ce dernier point, la frustration se fait sentir car certains éléments auraient mérité une préparation plus poussée, au moins dans Star Wars : Les Derniers Jedi. Il en sort une véritable frénésie où tout s’enchaîne – un peu trop rapidement par moments – même si le spectateur peut malgré tout digérer chacune des informations qui lui est divulgué. La densité du film contraste par ailleurs avec ses prédécesseurs : l’Episode VII ravivait la Force, posait des problématiques et installait un cadre ; l’Episode VIII ne se contentait de peu qu’en prolongeant le questionnement et la réflexion. L’Episode IX résout donc tout ce qu’il peut en un temps record. La densité d’action et d’information qui en découle est tout bonnement hallucinante. En dépit de cela, tout se succède de façon harmonieuse, à ceci près que la première partie du film se cherche très clairement. Il lui sera en effet reproché l’emboîtement d’éléments scénaristiques un peu improvisés – toujours ce même problème de raccrochage de wagons dans la précipitation – mais la seconde partie du film rattrape admirablement cet écart, en apportant un certain équilibre. Le montage tend à saisir chaque moment pour ne pas perdre le public.

J.J Abrams qui avait la méthode pour donner un nouveau souffle à une saga était-il le plus apte à refermer cette postologie ? Sans aucun doute, en dépit de la pression qui s’exerçait sur lui. Ainsi, le cinéaste envisage ce dernier chapitre comme l’histoire qu’il aurait voulu aborder depuis le départ. Bien obligé d’inclure dans sa vision les événements du huitième opus, il touche du doigt le véritable problème de cette relance de la marque Star Wars sous l’ère Disney, le juste milieu à trouver entre le respect de l’oeuvre originale et l’audace. S’il s’était rangé plutôt du côté de la facilité dans l’Episode VII en proposant un film feignant mais assez épique pour s’en sortir, son successeur aura osé l’audace clivante. Dans ce neuvième film, J.J Abrams revient aux manettes en tirant une leçon fondamentale de ces erreurs passées, nées aussi du manque cruel de vision globale des créatifs de Lucasfilm Ltd. au tout départ de l’écriture de cette trilogie : le réalisateur a ainsi compris qu’il doit tendre à faire la synthèse artistique entre une envie johnsonienne de faire différemment et sa profonde loyauté aux fondamentaux du récit de Lucas. Il en vient donc à conforter certains points de l’Episode VIII, soit parce qu’il est convaincu de leur pertinence, soit parce qu’il y est forcé, tout en en réfutant d’autres choisis sciemment. Il parachève l’élan d’audace des (Les) Derniers Jedi, en répare certains traits grossiers mais n’oublie pas d’apporter de la vitalité et du neuf.

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Star Wars : L’Ascension de Skywalker se limite d’ailleurs à faire plaisir aux fans, contrairement au septième volet. Les créatifs de cette trilogie ont choisi de ne pas lire dans l’esprit revendicateur de ces derniers et de suivre leur propre instinct. Ainsi, s’il leur sera critiqué de ne pas avoir posé sur papier leur projet sur trois films, on ne pourra pas leur enlever le fait qu’ils n’ont jamais souhaité aller dans le sens des théories des fans. Si les mettre sur le même pied d’estale est compliqué, on ne pourra nier l’idée selon laquelle J.J Abrams et Rian Johnson n’ont pas souhaité donner aux fans ce qu’ils voulaient. Pourquoi s’en plaindre ? Le destin du personnage de Rey en est l’exemple parfait. Des réponses sur ses origines, sa filiation et l’apparition de ses pouvoirs sont apportées et surprennent. Pouvoir enfin comprendre l’un des points cruciaux de cette trilogie est salvateur et vient conforter notre idée : J.J Abrams mène sa propre barque. L’Episode VIII avait eu beaucoup d’audace mais pas celle d’apporter ne serait-ce qu’une once de réponses aux questions posées dans l’Episode VII. Le réalisateur et son scénariste Chris Terrio corrigent donc le tire et vont là où bon leur semble sans trop de soucier donc du huitième opus qui a fait durer des questions plus qu’il n’a trouvé des réponses. Quitte même à faire fi ou presque de plusieurs arcs propres à la postologie (Snoke, Finn et Rose Tico entre autres). Avec cet instinct au service de l’histoire et cette prise de liberté, J.J Abrams est le digne héritier d’un George Lucas qui avait été conspué par une partie de la critique et du public quand il avait proposé sa prélogie, qui n’allait pas dans le sens d’une frange de spectateurs. Car oui, les réponses apportées par J.J Abrams concernant le cas de Rey diviseront sans nul doute mais ont le mérite d’être cohérentes. Toujours dans cette idée, J.J Abrams réalise sûrement une partie de ce que George Lucas aurait pu enfanter : le personnage principal de cette nouvelle série de films a toujours été pensé au féminin et cette héroïne apprenait l’existence de pouvoirs. Le Luke Skywalker bis n’a jamais été l’idée de départ de George Lucas. Soit disant passant, n’oublions pas que le père de Star Wars a été consulté sur l’élaboration du script.

Bien d’autres exemples peuvent illustrer cette idée. Cela est vérifiable avec le dénouement de l’arc narratif de Kylo Ren. Aussitôt sacré Suprême Leader du Premier Ordre à la fin du huitième volet, aussitôt ramené à sa condition post-Réveil de la Force dans ce neuvième film. Mais J.J Abrams ne peut, comme nous vous l’avons expliqué, s’assujetir totalement du huitième opus. Ainsi, le lien qui unit plus que jamais Rey et Kylo Ren est davantage approfondi dans cette conclusion. Le jeu de « Je t’aime. Moi non plus » continue et de façon beaucoup plus convaincante. L’originalité de ce duo tient au fait qu’ils sont les deux faces d’une même pièce. Même s’ils ne sont pas ensemble, ils se hantent encore d’une certaine manière – ils savent qu’ils sont l’un de leurs problèmes non résolus. On comprend mieux pourquoi ces deux héros et anti-héros à la fois, sont si proches et la dernière demi-heure du film est en ce sens bouleversante. Et la cohérence est sauve. Le tout fonctionne.

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Star Wars : L’Ascension de Skywalker est remarquable aussi pour son aspect plus sombre que jamais. Aucun épisode de la saga n’avait autant immergé son spectateur dans un propos aussi teinté de noirceur. Qu’il s’agisse de l’adversité à laquelle fait face Rey et les réponses à ses questions ou bien de la torture psychologique dont est victime Kylo Ren, personnage qui poursuit une quête insoutenable et vaine de dépasser son illustre ancêtre Dark Vador, ou encore qu’on aborde les nouvelles formes de menaces exposées dans l’histoire, tout est plus effrayant. Un état de fait renforcé par l’histoire qui s’innerve dans la mythologie des Sith qui resurgit depuis la prélogie dans les années 2000. On y explore des pans insoupçonnés de l’aspect le plus lugubre de la Force et cette ambiance se voit d’autant plus par un traitement de l’image supra esthétique. Des scènes absolument glaçantes se déroulent sous nos yeux et pour la première fois, Star Wars aborde la mort de manière crue et dépouillée. A cet aspect sombre se mêle étroitement une froideur continue qui se dégage principalement du camp ennemi. Plus encore que dans l’Episode VII, les méchants épatent par leur austérité, leur détermination et leur déshumanisation. En découle un sentiment d’immense vide et de désespoir à certains moments, à un degré tel qu’il faut remonter encore une fois à la prélogie pour constater de telles séquences chocs. On pourra aussi saluer la création de nouveaux Stormtroopers arborant une armure de couleur rouge, et qui ne sont pas sans rappeler les gardes prétoriens de l’Empereur Palpatine. Enfin, les chevaliers de Ren qui avaient recueilli Kylo, sont enfin mis en avant et contre toute attente, ils n’ont pas forcément le petit rôle que l’on serait en droit d »attendre d’eux. Les quelques apparitions qui leur sont offertes peuvent paraître décevantes tant leur surmédiatisation durant la promotion du film avait créé des attentes immenses notamment du point de vue de leur origine. Il reste donc assez difficile de cerner la véritable place de ces antagonistes dans ce schéma de la postologie.

Atout du film comme aveu de faiblesse de l’ensemble de cette postologie, le rythme de Star Wars : L’Ascension de Skywalker est effréné. Tant les scènes d’action que les scènes dramatiques s’enchaînent sans quasiment aucun temps mort. Le spectateur a tout juste le temps de digérer une révélation qu’il en apprend une autre dans la foulée. Le film accuse le manque d’ambition de la trilogie qu’il conclut en se faisant succéder le plus de narration possible à l’écran. Et de ce point de vue, il s’en sort malgré tout remarquablement bien que certains éléments auraient eu besoin d’un peu de recul et de maturité dans l’Episode VIII. L’explication des origines de Rey et sa puissance est bien amenée. Une explication plus rationnelle est faite sur ses visions, de manière assez limpide. Mais la construction narrative globale du film qui annonce ses véritables enjeux est trop vite expédiée et aurait été bien mieux accueillie au moins sous forme de « cliffhanger » dans l’Episode VIII. Tout paraît trop surprenant. Il faut d’ailleurs rendre à César ce qui appartient à César : Les Derniers Jedi offrait aux spectateurs des respirations notamment sur Canto Bight ou sur Ach-To. Sa suite n’en a clairement pas le temps compte-tenu de la densité d’informations qui en émane, qu’il s’agisse de résolutions d’arcs narratifs existants ou de nouveaux éléments. D’un autre côté, le montage ultra concis et l’histoire menée tambour battant par JJ Abrams offre un nouveau regard sur la saga, très sérialisé. La plus-value de ce choix artistique est d’abord et avant tout pour les scènes d’action mais on aurait aimé que certains personnages prennent davantage le temps de se recentrer sur eux-mêmes. Les décisions sont souvent prises à la va-vite ici même si elles restent toutes justifiées, compte-tenu de l’urgence imposée le contexte du récit.

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Le titre du film n’est pas sans équivoque tout au long du film et il faut finalement attendre son grand dénouement pour mieux le comprendre. Rappelons que seuls deux membres connus de la dynastie Skywalker sont vivants quand ce dernier épisode démarre. Et J.J Abrams et les scénaristes surprennent par la réelle signification de L’Ascension de Skywalker, bien plus subtile qu’on ne l’imaginerait. Au-delà du dénouement et sans divulgâcher l’intrigue, la place occupée par la famille Skywalker tient par la présence de la Générale Leia Organa. Ce qui réjouira le spectateur c’est que les promesses du réalisateur et de Lucafilm Ltd. ont été tenues après l’immense perte de l’actrice Carrie Fisher, qui aurait du tourner dans ce film. L’efficacité du récit dans la continuité tient majoritairement par la présence accrue de Leia dans cet ultime volet et ce qui peut paraître invraisemblable ne l’est pas. Toutes ses apparitions minutieusement calculées sont travaillées à partir de révisions en post-production d’anciens rushs des deux précédents films ou de scènes coupées ou simplement utilisées dans des spots promotionnels. S’en suit un long processus de relooking de la Générale (cheveux, bijoux, costume) pour la fondre dans le contexte inédit de l’Episode IX. Pour rallonger le temps d’apparition du personnage à l’écran, une actrice a tourné des scènes de dos, en vue subjective depuis son épaule ou simplement ses mains pour rendre plus réaliste l’interaction avec les personnages qu’elle côtoie. Ce qui pêchera pas moments dans les interventions de Leia est le choix de certains dialogues ou des micro-séquences de Leia, qui n’apportent guère de consistance à l’histoire. Le décalage articiel se fait ressentir dans certaines phrases prononcées par l’intéressée bien que l’incrustation numérique de l’actrice dans ces scènes sont plutôt très réalistes. Il est donc difficile de saluer une dernière fois le talent indéniable de Carrie Fisher puisque les scènes où elle apparaît n’étaient, à la base, pas prévues d’être utilisées dans ce contexte. Ce ressenti est-il pour autant si objectif quand on regarde justement le film avec en tête le fait que ces scènes sont justement du bricolage ?

La présence de Leia comme maillon fort de Star Wars : L’Ascension de Skywalker est notable à plus d’un titre. Elle est le dernier personnage vétéran du trio de la trilogie originale, qui n’avait pas encore été mise à l’honneur. Dans Star Wars : Le Réveil de la Force, Han Solo faisait figure de père spirituel pour Rey et de père sauveteur pour Kylo Ren ; dans Star Wars : Les Derniers Jedi, Luke Skywalker avait pour mission de former Rey comme le firent en leur temps Obi-Wan Kenobi et Yoda pour lui et avait même passer le flambeau à sa sœur. Il est donc somme toute logique de retrouver Leia au cœur des préoccupations du film. Car elle n’est plus la simple leader de l’alliance des résistants et a d’autres tâches, ce qui rend ses apparitions d’autant plus pertinentes. Véritable clef de voûte de plusieurs arcs narratifs, elle fait même l’objet d’un développement amené un peu brutalement dans le film précédent. La quête de sa véritable nature atteint alors un point de non retour et les motivations sur son destin et sa quête d’épanouissement personnelles sont expliquées avec une simplicité déconcertante. On y croit parce que les arguments présentés portent le poids de tout le passé de la saga. Le personnage de Rey n’est pas une Skywalker jusqu’à preuve du contraire et Ben Solo, fils de Leia et Han, a fait une croix sur son passé. Leia s’impose dès lors comme le dernier rempart vivant de toute la galaxie qui arbore le nom Skywalker, symbole de la lutte contre l’oppression et d’espoir. Il s’agit là d’un juste retour des choses, elle, qui, incarnait déjà ce modèle de vertu dans Star Wars : Un Nouvel EspoirJJ Abrams parvient même à nous réconcilier avec l’impair des (Les) Derniers Jedi où Léia avait joué les « Mary Poppins » pour se sauver après avoir été expulsée dans l’espace. Et bien que cette scène fut somme toute bien trouvée par Rian Johnson, elle échouait lamentablement visuellement. Alors J.J Abrams, comme un véritable protecteur de ses personnages, offre une fin digne de ce nom à Leia dans l’Episode IX et plusieurs moments de gloire qui viennent compenser le traitement hasardeux du personnage dans le volet précédent.

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Rey reste la protagoniste principale de toute cette postologie. Star Wars : L’Ascension de Skywalker est le film qui répond à de nombreuses questions sur sa véritable identité et ce qui pèse sur elle. Cet axe majeur occupe une grande partie de l’évolution du personnage toujours aussi admirablement interprété par Daisy Ridley. Si c’est Kylo Ren qui était le plus tourmenté des deux jusqu’à présent, force est de constater que le destin improbable de Rey parvient à la rattraper au point de la troubler comme jamais auparavant. L’actrice retransmet d’ailleurs à merveille la détresse qui atteint l’apprentie Jedi. Prise à la fois entre ses responsabilités pour affronter Kylo Ren, la perte de ses deux pères spirituels que sont Han Solo et son Maître Luke Skywalker, ses propres questionnements existentiels, ses idéaux, son envie de progresser dans les arts nobles des chevaliers Jedi, sa place importante au sein de la Résistance et l’affection qu’elle porte à ses amis, Rey est le personnage le plus malmené d’un bout à l’autre du film, prise en étau et sujette au doute pérpétuel. Ses décisions tout au long du film et sa détermination sont le tambour battant du récit qui se raccroche à Rey, plus que Rey se raccroche à lui. C’est bien simple : elle ne subit jamais les événements, malgré le prix qu’il en coûte à chaque fois et va toujours de l’avant, même dans les pires moments. Rey connait un épilogue totalement surprenant mais profondément mature, un sentiment renforcé par sa nouvelle tenue dont les contours apportent au personnage toute la sagesse et l’expérience qu’elle a acquis au cours de ses périples. Ce personnage devient alors l’icône qui conclut la saga là où elle avait débuté et s’empare de son mythe avec aisance et naturel.

Comme dans l’Episode VIII, Kylo Ren connait encore des bouleversements et une évolution bienvenue. Nouveau chef de file du Premier Ordre après avoir anéanti son propre Maître Snoke, ses désirs de pouvoirs grandiloquents ne sont qu’une façade car sa cible principale reste Rey. Probablement l’un des seuls éléments que J.J Abrams aura gardé du travail de Rian Johnson, sa connexion avec Rey est d’autant plus intéressante qu’elle trouve une issue qui en étonnera plus d’un. Autant que Rey, le traitement du personnage est de bonne facture comme dans les deux précédents films. Les ambitions du personnage brut en l’état, s’affinent et là encore, il n’est plus question du jeune chevalier de Ren. Il a tué par trois fois le père (Luke Skywalker, Han Solo et Snoke) et devient le véritable maître de son destin. Ses ambitions sont établies désormais et plus rien ne semble l’arrêter. Sa folie n’en est alors que plus décuplée. Mais la complexité du personnage resurgit très vite et les tiraillements qui l’accaparent deviennent de véritables enjeux dramatiques qui poussent le personnage dans ses retranchements. Adam Driver livre une fois encore une prestation d’une rare subtilité dans la saga Star Wars, aussi hystérique et redoutable que profondément émouvant.

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Dans les personnages les plus importants de cette postologie, citons Poe Dameron. Star Wars : L’Ascension de Skywalker permet au personnage de se révéler totalement, lui qui était mis en retrait dans le septième opus et rabroué pour ses erreurs et son orgueil dans le huitième. C’est le film de la réconciliation avec lui-même et son rôle s’étoffe encore plus puisque les enjeux sont bien plus importants, notamment dans l’ultime combat que livre la Résistance à l’ennemi. Occupant le siège vide de Han Solo aux côtés de Chewbacca sur Le Faucon Millénium avec un certain bagou et celui du pilote Luke aux côtés de R2-D2, Poe a droit également à un traitement particulier, car pour la première fois, on en apprend plus sur son passé et ses réelles motivations dans ce conflit. Et avec Rey et Finn, il ne fait enfin plus qu’un. Oscar Isaac amène tout son talent au service de ce héros idéaliste qui s’inscrit dans les pas de la Rebéllion et incarne donc à merveille le cœur même de ce pourquoi la Résistance existe.

Finn vit l’aventure différemment. Réuni un temps aux côtés de Rey, il ne vit plus l’aventure seulement par le prisme de ses liens avec elle et Poe mais se sent véritablement investi par les combats et les messages de la Résistance. Son premier atout dans le film est d’apporter aux autres plus qu’à lui même. Conseiller improvisé ou simple oreille pour d’autres, il participe de la cohésion du groupe de héros et prend lui aussi son destin en main. John Boyega rend son personnage plus courageux, moins rigolard et plus à même d’affronter les événements. Symétriquement, un personnage comme Han Solo qui a mis du temps à croire en la cause des Rebelles est forcément comparable.

rey chewbacca l'ascension de skywalker

Star Wars : L’Ascension de Skywalker est bel et bien un film de J.J Abrams qui n’hésite pas, malgré tous les personnages déjà présents et dont il faut inéluctablement conclure leurs parcours, à rajouter une somme conséquente de petits nouveaux. Si on peut dire que c’était une force dans le septième film, cet élan de générosité n’amène pas que du bon dans ce final. La création du personnage de Jannah pose question. Atout de lutte contre les forces ennemies, elle apparaît dans le récit comme un cheveu sur la soupe. Bien que son interprète Naomi Ackie propose une performance correcte, ce personnage n’en reste pas moins inutile, non seulement parce qu’il arrive chronologiquement à un moment où on n’attend plus de nouveaux personnages mais aussi parce qu’il n’apporte rien d’intéressant à l’histoire. Jannah est une humaine qui vit sur la lune océanique de Kef Bir ; elle devient l’allié de la Résistance dans cet ultime combat. Elle est guerrière, manie l’arbalette et des flèches et chevauche une créature ressemblant à un cheval, appelée Orbak. Cette impression peut également être faite avec Zorii Bliss mais là, il faut nuancer la critique. Cette dernière apporte plus au développement intime d’un personnage important que ne le fait Jannah vis-à-vis d’un autre héros. Jouée par Keri Russell, Zorii Bliss est une criminelle qui dirige un groupe appelé les Spice Runners et vit de ses larcins sur la planète Kijimini, à l’abri du regard du Premier Ordre. Casquée (un peu à la Daft Punk), ce personnage apporte un peu de piquant à un moment où nos héros sont bien esseulés mais est clairement tout aussi dispensable.

Autre élément que J.J Abrams aura balayé d’un trait : la relation de Finn avec Rose Tico. Cette dernière introduite dans le volet précédent souffre manifestement du désir revanchard de J.J Abrams. Éclipsée de ce final, et ce malgré sa belle incursion dans le précédent film, Rose Tico, jouée par Kelly Marie Tran, fait les frais d’un film aussi dense que rapide. Ni son évolution personnelle, ni ses principes qui se fondaient dans ceux de Finn font l’objet d’un quelconque intérêt pour J.J Abrams, qui réfute totalement la place importante que ce personnage frais avait pris dans le huitième film. Mais la triangularité qui se dessine entre elle, Finn et Jannah reste, au demeurant intéressante à analyser. Rose Tico privilégie les siens tandis que Jannah porte le projet de lutte contre l’ennemi au dessus des siens, ce qui la rapproche de Finn. C’est dans ce même esprit pernicieux que J.J Abrams fait revenir un personnage délaissé par Rian Johnson, à avoir Snap Wexley campé par Greg Grunberg.

poe dameron l'ascension de skywalker

En revanche, on se réjouira du retour d’un autre vétéran de la saga, Billy Dee Williams qui reprend pour la première fois son rôle de Lando Calrissian trente six années après sa dernière intervention dans Star Wars : Le Retour du Jedi. Toutes les scènes où Lando est impliquée sentent bon la nostalgie mais pas au sens péjoratif du terme. Le retour de ce personnage n’est pas de trop et amène un charme fou au dénouement, comme si on ne l’avait jamais quitté. Chewbacca est également de retour, joué par Joonas Suotamo, comme si ce personnage faisait partie des meubles. Malheureusement, Chewie reste fidèle à lui-même, c’est à dire un bon coéquiper qui tire au blaster après les héros. Il faudra malgré tout souligner la profonde affection qui le lie à Rey, Poe et Finn, qui sont sa nouvelle famille.

Dans la Résistance, Maz Kanata est de retour. Ses apparitions sont toujours justes. L’actrice Lupita Nyong’o lui apporte toute la bienveillance et la sagesse dont elle a besoin. Enfin, Beaumont Kin est l’un de ces nouveaux personnages périphériques, qui joue dans la Résistance un rôle de soutien, mais qui, contrairement à Jannah par exemple, apporte un peu de liant au groupe de héros. C’est l’acteur Dominic Monaghan qui lui donne vie à l’écran.

kylo ren rey dark vador

Les droïdes sont davantage mis en avant dans cet opus. C-3PO, incarné une toute dernière fois par Anthony Daniels, a droit à des passages qui le réhabilite comme faire-valoir comique à l’intrigue. BB-8 bénéficie de scènes à son images : drôles, parfois émouvantes et souvent bourrées d’action et de rebondissements. DO est le nouveau robot qui intervient dans l’intrigue : son rôle n’est que prétexte et n’apporte aucun intérêt à l’histoire, si bien qu’on est en droit de se demander si ce petit être n’a pas été simplement conçu pour vendre des robots télécommandés au moment des fêtes. Enfin, R2-D2 n’est pas tant mis que ça en avant, comme dans les deux précédents opus au passage. BB-8 lui aura probablement volé la vedette dans cette trilogie mais le droïde astro-mécanicien a ses quelques scènes, tel un vétéran s’offrant lui aussi une dernière fois des séquences bien senties.

Du côté du Premier Ordre, le Général Hux (Domhnall Gleeson) est toujours présent. Aussi bizarrement que cela puisse paraître, ce personnage évolue lui aussi. Mais il se partage l’écran avec un autre exécutif, le Général Pryde, incarné par l’excellent Richard E. Grant, qui propose une réinterprétation fine de Grand Moff Tarkin, vivant manifestement dans l’idolâtrie de ce dernier.

médaille leia l'ascension de skywalker

Star Wars : L’Ascension de Skywalker parvient sans mal à résoudre plusieurs mystères autour de la postologie. Comme expliqué précédemment, le film s’émancipe des deux volets précédents tout en raccrochant forcément les wagons sur des questions essentielles. Mais il impressionne surtout par sa capacité à se reconnecter à l’entièreté de la saga, ce qui, sur le papier, n’était pas nécessairement chose aisée au départ. Il fait d’abord la synthèse des deux trilogies précédentes, où l’une avait vu les Sith triompher et l’autre les Jedi. Le film est également symétriquement comparable à la prélogie en ce sens qu’il en propose un récit inversé : l’évolution de Kylo Ren et Rey en veut pour preuves. Les deux protagonistes principaux, antithétiques et complémentaires, accomplissent à merveille ce que Anakin Skywalker aurait pu atteindre. La rédemption, le sacrifice au service du bien commun et l’élévation personnelle sont au cœur de ce film. Tout est d’ailleurs assez bien résumé dans une scène confrontant Rey et Kylo : dans la forme comme dans le fond, on assiste à une inversion du schéma narratif de Star Wars : La Revanche des Sith. L’Episode IX se relie aux premiers opus également en approfondissant des pans inexplorés de leur mythologie, notamment celle des Sith, où l’on apprend une révélation susceptible de modifier littéralement notre vision des adeptes du Côté Obscur. L’androïde paranoïaque C-3PO, présenté comme la mémoire vivante de toutes ces années d’affrontements et de rebondissements, nous plonge d’ailleurs dans l’ancienne guerre des étoiles et tout cet aspect mystique et sombre. C’est une géniale idée que d’offrir cette exploration par l’intermédiaire du personnage secondaire par excellence qui a tout vu, tout entendu en observateur fin et consciencieux. Le tableau s’intéresse aussi à la Force dans ce qu’elle peut apporter de positif. Il ne s’agit plus de la questionner ici mais de l’utiliser différemment et ce, à plusieurs reprises et de différentes manières. A chaque fois, la Force est mise à contribution de manière intelligente tant dans des scènes de duel au sabre laser que dans des passages poignants. Aussi, l’ordre Jedi est en partie mis à l’honneur après avoir été quasiment éclipsé des deux précédents volets. Là encore, le lien avec la prélogie est tout trouvé.

palpatine l'ascension de skywalker

Le film sent bon la nostalgie par ailleurs. Il signe la fin d’une ère étalée sur quarante deux années et c’est non sans émotion que les anciens comme les nouveaux héros de la saga disent adieux à leurs fans. Chacun a droit à son moment d’émotion. Et il est vrai, les larmes pourront parfois couler, le spectateur voyant là la fin arriver. La dernière demi-heure de Star Wars : L’Ascension de Skywalker est à ce titre magnifiquement orchestrées entre émotions palpables et excitation profonde. Saisi par ce qu’il découvre à l’écran, le spectateur ne peut qu’adhérer aux motivations de chacun des personnages et à la profonde empathie qu’il s’en dégagent. Qu’ils s’agissent des vétérans ou du trio de tête de cette postologie, on ne peut que se prendre d’affection pour chacun d’entre eux tant l’écriture de ces personnages atteint une justesse qui n’avait pas été constatée jusqu’à présent. Il faut dire que beaucoup de personnages ont gagné en épaisseur. Les dernières minutes du film sont, à ce titre, aussi poétiques que vibrantes et vous arracheront probablement quelques larmes.

C’est dans cet esprit que le film referme cette trilogie comme l’avait fait l’Episode VI en 1983. Et le parallèle entre ces deux opus est d’autant plus flagrant que l’héritage du (Le) Retour du Jedi imprègne le scénario de L’Ascension de Skywalker par petites touches ici et là, sans qu’il faille parler pour autant de remake, même déguisé. Ici, il s’agit plus d’hommages et de reconnexion à un passé. Cela passe d’abord par la transmission. Après deux films où les personnages vétérans gardaient une certaine forme de monopole sur la maîtrise des événements, il est temps de passer définitivement le flambeau ici et si Le Retour du Jedi célébrait la communion entre le trio formé par Luke, Leia et Han, L’Ascension de Skywalker offre à Rey, Poe et Finn leurs lettres de noblesse dans un trio tout aussi crédible même si beaucoup moins emblématique. Aussi, Rey marche dans les pas de Luke qui, une fois que sa formation fut définitivement accomplie, se sentit enfin prêt et investi des missions confiées par ses pairs. Elle passe d’ailleurs par un cheminement introspectif similaire à celui de Luke pour maîtriser définitivement ses pouvoirs. La jungle où vit terrée la Résistance n’est pas sans rappeler la lune forestière d’Endor au passage et la course en speeder au milieu du film amène une touche d’aventure qui nous évoque également celle de Leia, Luke et Han sur Endor. D’autres références peuvent être relevées sans que cela n’en devienne trop ostentatoire. Mais c’est surtout le combat épique qui oppose Rey à Kylo Ren sur les débris de la deuxième Etoile de la Mort, comme propulsés dans le temps. Il y a là une histoire de personnes devant faire face au fardeau de la génération précédente pour celles qui suivent. Un combat entre Kylo et Rey à cet endroit même symbolisant le passé est donc une métaphore évidente, mais aussi incroyablement cinématographique, qui nous évoque le poids du passé dont a du faire Luke en son temps à la fin de la trilogie originale.

faucon millenium l'ascension de skywalker

Le compositeur John Williams signe quant à lui son ultime partition d’un film Star Wars, qui tient son succès en grande partie grâce à sa musique mythique. Le Maître participe lui aussi de cette reconnexion de L’Ascension de Skywalker à tous les chapitres précédents en jouant de sa virtuosité à mêler de nombreux thèmes emblématiques. Il conclue sa fresque symphonique en se surpassant, comme il ne l’avait jamais fait depuis Star Wars : La Revanche des Sith. Les deux thèmes de Rey et Kylo Ren se sont plus discrets et sont utilisés à bon escient dans l’intrigue. John Williams revient aussi à ses fondamentaux avec des envolées magistrales et explosives au service de l’action. Il surprend également en apportant du relief à la noirceur du film, et nous remémore à quel point il est aussi bon pour mettre en musique le Bien que le Mal, comme il le fit dans d’autres sagas comme Harry Potter. Du haut de 87 ans, l’illustre compositeur nous offre plusieurs bijoux dans sa vision de ce final et ne se repose pas sur ses lauriers contrairement aux deux précédents films. Il use de plusieurs outils qu’il maîtrise déjà pour sublimer certains morceaux. Le piano est utilisé de façon parcimonieuse pour apporter une touche de finesse au dénouement. Avec « The Force is With You », il y avait bien longtemps également que John Williams n’avait pas offert un morceau avec des chœurs qui emporte à ce point. « A New Home » et le début de « Finale » montrent aussi toute l’étendue du talent de ce génie, faisant le pont à la fois avec la postologie et le reste de la saga.

Visuellement, cette conclusion de la saga Skywalker atteint des sommets. L’esthétique apportée aux tableaux les plus noirs de L’Ascension de Skywalker est d’une splendeur incomparable parmi les neufs films. Mais elle se fait toujours au service de la narration. L’un des personnages les plus obscurs et puissants du film bénéficie d’un traitement d’image d’une rare qualité, au niveau de sa prestation. Le rendu visuel du film tient aussi pour beaucoup à la qualité des chorégraphies des scènes de bataille. Le dénouement final est épique mais sans fioritures. J.J Abrams va à l’essentiel, en offrant un spectacle éblouissant, avec comme souvent dans un film Star Wars, deux échelles de lecture, l’une se déroulant dans le ciel, l’autre sur la terre ferme. A un moment donné, ces deux strates se rejoignent dans une séquence totalement incroyable où l’intensité dramatique est à son comble. Le tout est servi par un travail admirable de Industrial Light & Magic qui aura fait des merveilles sur cette dernière trilogie, sans pour autant abuser d’effets numériques. Ce qui impressionne également est la photographie du film qui bénéficie d’un soin particulier. Des plans somptueux, graphiques et très épurés nous sont proposés tout au long du film, comme la réunion de Destroyers stellaires dans un ciel lugubre, l’environnement d’Exegol, le travail colorimétrique apporté sur certaines séquences spatiales avec la Faucon Millénium ou encore le duel dépouillé qui oppose Rey et Kylo Ren sur les débris de la deuxième Etoile Noire. Il faudra également souligner le soin apporté aux maquillages, costumes mais surtout aux marionnettes qui arrivent sans mal à émouvoir le spectateur.

BB8 DO l'ascension de skywalker

Il faut reconnaître par ailleurs que J.J Abrams est un fan absolu de la saga et qu’il ne démérite pas sur la production d’environnements inédits ou créatures originales. Star Wars : L’Ascension de Skywalker va plus loin que Le Réveil de la Force en ce sens et propose de nombreuses incursions dans des mondes tous très différents, et ce, dès les premières minutes. Qu’il s’agisse de Pasaana, Kijimi, Kef Bir ou Exegol, les nouvelles planètes resplendissent de beauté et de découvertes. C’est notamment le cas avec la planète désertique Pasaana où l’on découvre la culture des Aki-Aki et leur Fête des Ancêtres : voilà l’une des belles idées créatives du film. Plus globalement, les nouveaux aliens introduits dans ce film le sont de manière très intelligente : nous penserons notamment à l’intervention du petit ingénieur Babu Frik sur Kijimi ou celle de Klaud, un alien Résistant qui fait une brève apparition. Ce sont les petits détails qui font du film une véritable déclaration d’amour à la saga.

Éblouissant, sombre, dramatique et magnifique, ce final referme l’arc de la famille Skywalker avec justesse et émotion. Cette épopée prend tout son sens et c’est la seule mission qu’on demandait au film. Sa capacité à rayonner par lui-même, ses multiples rebondissements et sa reconnexion à toute la saga entière, au-delà de ce que pouvait faire Le Réveil de Force et Les Derniers Jedi, n’est pas la fruit du hasard. Son réalisateur sait où il va, mais à l’instinct en grande partie, et le pari est réussi. Star Wars : L’Ascension de Skywalker souffre malgré tout d’un syndrome dont il n’est pas la cause, l’indigestion. Son réalisateur réussit à merveille à rendre le tout cohérent (malgré un départ alambiqué) mais au prix d’un rythme de croisière à la vitesse d’un Faucon Millenium. Outre son rythme effréné, c’est la densité de ses révélations qui peut surprendre. La faute à Lucasfilm Ltd. qui n’aura pas réussi à construire une trilogie équilibrée. En dépit de cela, celle-ci reste très cohérente et réussie : c’est tout le paradoxe de ce premier acte starwarsien de cinq années qui s’achève sous l’ère Disney. Ce neuvième et dernier opus referme avec efficacité mais aussi sobriété et respect, une saga… la saga incontournable de la culture populaire qui aura façonné plusieurs générations de fans, et qui continuera à le faire, probablement d’une autre manière.

kylo ren l'ascension de skywalker

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