Le comédien et réalisateur français d’origine mauritanienne Med Hondo, qui a signé plusieurs films et est devenu l’une des voix incontournables du paysage cinématographique français – en doublant notamment l’acteur Eddie Murphy dans ses films, nous a quitté ce samedi 2 mars 2019 à l’âge de 82 ans. Med Hondo était non seulement très connu et apprécié en France mais également une figure du cinéma africain engagé. Mais les fans Disney se souviendront davantage de cet artiste pour les voix qu’il a légué au patrimoine disneyen francophone, à commencer par le vénérable Rafiki dans le grand classique de l’animation Disney Le Roi Lion sorti en 1994.
Le doublage est « un métier d’acteur » disait Med Hondo
Il serait très malaisé de dénombrer toutes les participations voxographiques de Med Hondo au cinéma. Mais certaines auront été plus marquantes que d’autres évidemment. L’acteur, né « Mohamed Abib Hondo » en 1936 en Mauritanie, est associé au monde du doublage à travers le cinéma grand public : Eddie Murphy, Morgan Freeman ou Richard Pryor sont autant d’acteurs afro-américains célèbres dont la voix fut celle de Med Hondo en France. Outre le célèbre Âne de Shrek pour le premier acteur cité, on lui doit également la voix du héros Jim Evers dans le film Disney Le Manoir et les 999 Fantômes (2003). Mais son rôle le plus connu dans la galaxie Disney restera éternellement celui du babouin Rafiki, qu’il a doublé dans Le Roi Lion (1994) et dans ses suites Le Roi Lion 2 : L’Honneur de la Tribu (1998) et Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata (2004), rôle également tenu au début dans la série dérivée La Garde du Roi Lion en 2016 sur Disney Junior. On lui doit également les voix d’autres personnages Disney ou Pixar en version française : celui de Yar dans Dinosaure (2000) mais aussi Boule dans Le Monde de Nemo (2003) et Le Monde de Dory (2016). Enfin, il prêta sa voix à Blaster dans le film Mission-G des studios Disney en 2009.
Toujours chez Disney, on notera sa participation au doublage du film Miramax Gone Baby Gone de Ben Affleck (dans lequel il reprend la voix de Morgan Freeman). En 1987, il double l’acteur Carl Weathers dans le célèbre film Predator (20th Century Fox) : il reprendra d’aillers du service pour Predator 2 dans lequel il doublera l’acteur Danny Glover. La voix française de l’acteur Keith David dans le film Armageddon (Touchstone Pictures), ce fut aussi lui. Toujours chez Touchstone Pictures, dans Opération Shakespeare, il doubla le comédien Gregory Hines.
Une carrière prolifique dans le doublage
Autre filiale de Disney, Lucasfilm Ltd. : ici, Med Hondo avait prêté sa voix au Boss Nass, leader des Gungans sur Naboo, pour la version française de Star Wars : La Menace Fantôme en 1999. Il participa à d’autres grands films hollywoodiens du catalogue Disney comme La Planète des Singes de 1968 sorti chez Twentieth Century-Fox Film Corporation, mais aussi celui de 2001 de Tim Burton toujours chez Fox, All That Jazz en 1979 (20th Century Fox), Aliens, Le Retour en 1986 (20th Century Fox), Maman, j’ai encore raté l’avion en 1990 (20th Century Fox), Fight Club en 1999 (Fox 2000 Pictures) ou récemment Captain America : Civil War (Marvel Studios).
« Quand on double il faut regarder l’acteur dans les yeux » Med HONDO
D’autres participations à des films issus de différents labels appartenant ou ayant appartenu à The Walt Disney Company : M*A*S*H (20th Century Fox, 1970), French Connection (20th Century Fox, 1971), Point limite zéro (20th Century Fox, 1971), Le Chat qui vient de l’Espace (Disney, 1978), Max et le Diable (Disney, 1981), L’Équipée du Cannonball (20th Century Fox, 1985), La Couleur de l’Argent (Touchstone Pictures, 1986), Colors (20th Century Fox, 1988), Turner et Hooch (Touchstone Pictures, 1989), La Nuit des Morts-Vivants (21st Century Film, 1990), Tina (Touchstone Pictures, 1993), Fous d’Irène (20th Century Fox, 2000), Hellraiser : Hellseeker (Dimension Films, 2002). Med Hondo a consacré également une partie de sa carrière d’artiste à la réalisation de films engagés comme Soleil Ô, sorti en 1969, décris comme « une attaque cinglante contre le colonialisme » par le Festival de Cannes qui le présenta durant deux années dans sa section réservée aux reprises de classiques. Le film a bénéficié d’un programme de restauration via la World Film Foundation de Martin Scorsese, afin de défendre le cinéma africain. A la fin de sa vie, il travaillait encore sur un nouveau projet, un film dédié à Toussaint Louverture, grande figure de la révolution haïtienne. Med Hondo avait notamment été récompensé au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 1987.