Hier soir se tenait l’appel aux résultats du trimestre 4 et de l’année fiscale 2022 entière pour The Walt Disney Company. Disney n’a pas répondu aux attentes en matière de bénéfices et de segments de revenus clés au cours de ce quatrième trimestre fiscal. La société a averti que la forte croissance du streaming pour sa plate-forme Disney+ pourrait diminuer à l’avenir. On fait le point avec les déclarations de Bob Chapek, PDG de la compagnie, et Christine McCarthy, directrice financière.
Disney+ atteint 164 millions d’abonnés, les parcs Disney gagnent 28 milliards de dollars et Disney engrange 82 milliards de dollars sur l’année 2022
La Walt Disney Company a publié ce mercredi ses résultats pour son trimestre 4 de 2022. Le bénéfice par action était de 30 cents par action, alors que les experts à Wall Street avaient tablé sur 55 cents par action. Les revenus de Disney sont chiffrés à 20,15 milliards de dollars (82 milliards sur l’année fiscale 2022) contre 21,24 milliards de dollars qui étaient attendus.
Premier élément important, puisque le streaming est la priorité de la firme… Disney+ compte désormais 164 millions d’abonnés, dépassant l’estimation de Wall Street qui était à 160 millions d’abonnés. Cela signifie que 12 millions d’abonnés ont été ajoutés au cours du quatrième trimestre. L’ensemble du portefeuille de streaming de Disney compte désormais 235 millions d’abonnés (les abonnés à Star+ en Amérique Latine ne sont pas pris en compte).
Bob Chapek a lancé l’appel du trimestre 4 en soulignant à quel point l’année 2022 a été une année forte et salvatrice pour Disney. Il a expliqué que 57 millions d’abonnés ont été gagnés dans l’empire naissant du streaming de Disney. Il a ensuite noté que l’activité de vente Disney Direct-to-Consumer avait atteint un pic de pertes notable, les investissements ayant été plus importants. Il a ensuite ajouté que les performances de la division des Parcs Disney au quatrième trimestre malgré l’ouragan Ian étaient significatives.
La patron de la firme a vanté le succès de Disney+ en termes de contenu. Il a évoqué le cas de Hocus Pocus 2 qui a battu des records pour Disney+ et pour le streaming en général. Les abonnés Disney+ ont visionné le film durant 2,7 milliards de minutes selon l’institut Nielsen. Cela bat dépasse le score de démarrage de Encanto, La Fantastique Famille Madrigal en streaming sur Disney+. Il a également noté que les séries de Marvel Studios, Miss Marvel et She-Hulk : Avocate, ont contribué à l’élan des abonnés.
Le film ‘Prey’ a réalisé le meilleur démarrage sur la plateforme Hulu, tous films et séries confondus. $DIS #Disney #Hulu #Prey
— Disneyphile (@DisneyphileLIVE) November 8, 2022
Il a ensuite parlé de la nouvelle série Star Wars : Andor, expliquant qu’une série Disney+ pouvait proposer quelque-chose digne du grand écran. Bob Chapek a mentionné que la série avait été acclamée par la critique, mais a également expliqué qu’il pensait que la série aurait droit à davantage d’impulsion, décrite par certains davantage comme un format à la HBO que Star Wars. Et en effet, c’est une série Star Wars qui essaye de s’affranchir des codes exposés sur Disney+ jusqu’à présent. Nous sommes un peu surpris que Bob Chapek n’ait pas parlé des audiences de la série au passage…
Bien qu’il n’ait annoncé aucun plan de contenu pour 2023 pour Disney+, le PDG a annoncé que le service de streaming terminerait l’année en force avec du contenu original comme Il Était une Fois 2, Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes ! et Willow.
Bob Chapek est ensuite revenu sur les sorties en salles de Disney pour le reste de 2022. Il a poursuivi en disant que Ryan Coogler avait livré un autre film puissant culturellement avec Black Panther : Wakanda Forever. On est aussi certains que Bob Chapek est heureux que Wakanda Forever ait déjà réalisé 45 millions de dollars en pré-réservations.
Comme le reste du monde, nous sommes curieux de voir comment Black Panther : Wakanda Forever se comportera lors de son week-end de démarrage et les semaines suivantes. Bob Chapek espère également que Avalonia, l’Étrange Voyage, un film original des Walt Disney Animation Studios, attirera les cinéphiles tout comme le très attendu Avatar : La Voie de l’Eau. Il s’est d’ailleurs félicité des bons résultats de la ressortie du premier volet de la saga en septembre dernier.
Bob Chapek s’est ensuite concentré sur 2023, qui proposera la célébration du 100e anniversaire de Disney. Le dirigeant a annoncé que Disney100 serait le plus grand événement interentreprises de l’histoire de Disney. Il a également réitéré que la célébration débutera à Disneyland Resort le 27 janvier 2023 avec l‘ouverture de Mickey and Minnie’s Runaway Railway. Bob Chapek a ensuite énuméré l’agenda cinématographique de Disney en 2023, et a répété qu’il s’agira d’une très grande année pour les salles obscures.
Il a spécifiquement souligné La Petite Sirène et comment l’interprétation de « Part of Your World » par la star Halle Bailey a déjà été saluée. Bob Chapek a mentionné que le line-up de Disney pour 2023 comprend trois films Marvel Studios avec Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 et The Marvels. La dernière participation d’Harrison Ford à la saga d’Indy se fera avec Indiana Jones 5 (titre provisoire). Elemental de Pixar et Haunted Mansion de Disney ont également été mentionnés. Bob Chapek n’a pas mentionné Wish des Walt Disney Animation Studios, qui est décrit comme un hommage ultime aux 100 ans de narration de Disney, prévu en novembre 2023.
Nous avons appris au cours de cet appel qu'une série Indiana Jones était en développement pour #DisneyPlus. $DIS #Disney #IndianaJones pic.twitter.com/lbSNcqDABU
— Disneyphile (@DisneyphileLIVE) November 8, 2022
Disney Parks, Experiences & Products
Les revenus de la division Disney Parks, Experiences & Products pour le trimestre 4 de 2022 ont augmenté à 7,4 milliards de dollars (28 milliards sur l’année fiscale 2022), contre 5,5 milliards de dollars au trimestre de l’année précédente. Le bénéfice d’exploitation du segment a augmenté de 0,9 milliard de dollars pour atteindre 1,5 milliard de dollars, contre 0,6 milliard de dollars au trimestre de l’année précédente.
Le paquebot Disney Wish et la Disney Cruise Line ont aidé Disney à atteindre un bénéfice d’exploitation supérieur à celui du trimestre de l’année précédente. La demande pour l’ensemble de la flotte est en hausse et le paquebot Disney Wish est un succès, rempli à plus de 90 % à chacune de ses croisières.
L’amélioration des résultats des parcs et Resorts internationaux est due à la croissance de Disneyland Paris (Bob Chapek parle de « résurgence spectaculaire » concernant la destination française), partiellement compensée par une baisse à Shanghai Disney Resort. Il ignore quand le Resort chinois pourra rouvrir ses portes à ce stade. Quoi qu’il en soit, Disneyland Paris reste très largement le leader des destinations internationales Disney avec des résultats d’exploitation plus élevés en raison de l’augmentation de la fréquentation des parcs et hôtels et des prix moyens des billets, compensés par des coûts d’exploitation plus élevés.
Disney a également fait le point sur son activité en terme de licences de marchandisage après l’avoir exclue au hasard au cours du troisième trimestre. Des ventes de marchandisage plus élevées sont à noter, dues en partie par le reboost des ventes de produits Mickey et ses amis, Encanto et Toy Story au quatrième trimestre.
Media and Entertainment Distribution
- Disney+ — 164 millions d’abonnés
- Hulu — 47 millions d’abonnés (4 millions provenant de l’abonnement Live TV + SVOD)
- ESPN+ — 24 millions d’abonnés
- Total (à ce jour) d’abonnés : 235 millions d’abonnés
L’ARPU global de Disney+ (revenu moyen par utilisateur) est désormais de 5,96 dollars, soit une baisse de 4% par rapport à l’année précédente. L’ARPU de Disney+ aux États-Unis a baissé de 10 % à 6,10 dollars. L’ARPU d’ESPN+ a bondi de 2 % par rapport à l’année précédente et se situe désormais à 4,84 dollars. L’ARPU de Hulu SVOD uniquement a diminué de 4 %, passant de 12,75 à 12,23 dollars, tandis que l’ARPU Hulu Live TV + SVOD a augmenté de 2 %, passant de 84,89 à 86,77 dollars.
L’ARPU sera quelque chose à suivre au cours de l’exercice 2023, car Disney+ introduit une nouvelle version comprenant de la publicité au premier trimestre 2023.
Quels enseignements tirer de ce trimestre 4 et de cette année 2022 pour Disney ?
Il est finalement assez étonnant que Bob Chapek, et la directrice financière de Disney, Christine McCarthy, aient omis de mentionner ou de faire allusion au service d’abonnement global Disney qu’ils essaient de créer. Ce que nous et d’autres appelons « Disney Prime« . En outre, c’est une occasion manquée d’analyser la nouvelle stratégie que souhaite mettre en place la firme de Mickey à l’aube de son premier siècle d’existence, car elle utiliserait tous les aspects de son activité et pourrait potentiellement cannibaliser et débloquer des sources de revenus supplémentaires.
Chapek et McCarthy n’ont même pas mentionné cette expérience en accès anticipé pour Disney+ par exemple. Car il est désormais possible pour les abonnés américains de profiter de produits dérivés en lien avec les contenus qu’ils visionnent sur la plateforme. On ne sait pas si le test a été concluant donc. Ça n’a pas bien fonctionné ? Si c’était le cas contraire, cela aurait pu épater Wall Street.
Bob Chapek a également expliqué à quel point les événements Oogie Boogie Bash et Mickey’s Not So Scary Halloween Party se sont bien déroulés dans les parcs Disney. Pour les fans qui espèrent que Disney créerait une expérience d’Halloween plus adulte dans la veine des Horror Nights d’Universal, cela n’a pas l’air d’être la priorité de Disney, les ventes de ces soirées 100 % Disney étant toujours plus qu’excellentes.
Bob Chapek s’est assuré de n’a évidemment pas oublié de mentionner qu’ESPN fait partie de la machine à synergies de Disney. ESPN représente également 40% des heures de sport regardées. lors de l’appel, il a détaillé le nouvel accord NFL qui inclut l’avantage des jeux exclusifs Super Bowls et ESPN+. Le PDG reconnaît qu’ESPN restera la principale plate-forme de football universitaire avec son accord avec la SEC.
Lors de l’appel, Christine McCarthy a déclaré que le marché du sport offrait une forte audience sur toutes les plateformes de Disney. Mais Bob Chapek n’a pas abordé la question des « paris sportifs » avec ESPN. Une question à laquelle il est souvent confronté. Il a cependant noté qu’il souhaitait rester dans les affaires de la NBA malgré la dure réalité que Disney/ESPN sera en concurrence avec Apple/Amazon pour les droits des prochaines années.
Disney+ sera également confronté à des défis avec les augmentations de prix. Il sera intéressant de voir comment Disney+ évolue en termes de taux de désabonnements au premier et au deuxième trimestre de l’exercice 2023. Cette augmentation de prix n’est pas faible non plus, c’est une augmentation de 38 %. Le niveau publicitaire compensera-t-il cela ? On ne peut pas imaginer trop de gens opter pour des publicités, même si ce n’est que quatre minutes de publicités par heure. Encore une fois, les premier et deuxième trimestres de l’exercice 2023 seront importants sur ce front. Bob Chapek a expliqué que les coûts liés à ce secteurs diminueront en 2023, non seulement en terme de marketing mais aussi de contenu, préférant désormais la qualité que la quantité, a-t-il expliqué. Il s’agira aussi de garder tous les abonnés actuels et non de chercher à augmenter ce chiffre en priorité.
La croissance du nombre d’abonnés de Disney+ ce trimestre est en partie due au Disney+ Day et à la D23 Expo. Si Disney est intelligent, ils feront un effort le 12 novembre (date des 3 ans de la plateforme) pour donner aux abonnés une raison de rester abonnés pour 2023. Christine McCarthy a déjà averti que Disney+ ne gagnerait pas autant d’abonnés au premier trimestre 2023 en raison du succès du Disney+ Day au quatrième trimestre. Les grosses pertes pour DMED devraient se terminer bientôt car l’entreprise a atteint le sommet de leurs pertes sur leur chemin vers la rentabilité du streaming. Pourtant, Disney dépensera 30 milliards de dollars en contenu en 2023 (cela inclut également les droits linéaires/sportifs).
Du côté des parcs, Disney ne voit pas la demande baisser pour les parcs Disney (demande toujours au dessus des capacités des parcs d’après Bob Chapek). Malgré tous les discours sur l’incertitude économique et la diminution des loisirs pour les classes moyennes en Occident, il est assez impressionnant que Disney connaisse toujours une forte demande. Bien que cela puisse changer rapidement comme nous l’avons vu avec les événements de 2020 en raison de forces imprévues.
Disney n’a pas donné trop de détails sur le retour sur investissement des services payants Genie+ et Lightning Lane en dehors du fait que cela a contribué grandement à l’augmentation du prix du panier de dépenses moyen par visiteur. On aurait aimé obtenir plus de chiffres sur la performance de ces deux produits haut de gamme. Combien de clients des Parcs les achètent avant leur voyage ? Combien de clients des PARCS sont des acheteurs réguliers de Genie+ / Lightning Lane ?
Les dépenses en capital de Disney pour l’année prochaine se situent autour de 6,7 milliards de dollars. La plupart seront consacrés à la technologie pour alimenter la division directe au consommateur (streaming). Bien que Disney ait divers projets de parcs en développement mais c’est la Cruise Line qui devrait surtout être la plus gourmande ici. On espère que Disney investira massivement dans ses parcs en 2023 et 2024 et notamment Disneyland Paris, qui semble respirer depuis plusieurs mois désormais.
Disney Parks, Experiences & Products a enregistré durant ce trimestre 4 2022 des marges plus faibles en raison du coût des offres spéciales ainsi que de l’impact de l’ouragan Ian et de la saison de la « rentrée scolaire ». L’ouragan Ian a causé à Disney une perte de 65 millions de dollars pour le trimestre. Bob Chapek a salué tous les Cast Members qui ont permis d’offrir sécurité et divertissement à tous les visiteurs de Disney World durant cette période.
Disney n'a pas précisé où se situeront les dépenses supplémentaires. Peut-être l'extension Avengers Campus en Californie ? $DIS #Disney
— Disneyphile (@DisneyphileLIVE) November 8, 2022
Christine McCarthy a expliqué comment Disney examinait sa base de coûts et comment Disney recherchait des gains d’efficacité significatifs. La plupart du temps, cela peut se traduire tout simplement par la volonté, hélas, de supprimer des emplois. Bien que Christine McCarthy n’ait pas utilisé ce langage, les coupes budgétaires dans le personnel – notamment au niveau des parcs – ne sont pas des légendes urbaines depuis quelques années. Les parcs Disney souffrent déjà de sous-effectifs, et si Disney cherche à trouver plus d’efficacité, ces parcs pourraient devenir davantage un cauchemar opérationnel et perdre la marque de qualité Disney. De plus, si Disney recherche des gains d’efficacité du côté des studios, ils risquent pour le coup de bousiller leur pipeline créatif qui alimente le cinéma et le streaming. Mais la réalité est la suivante, Wall Street s’effondre. Un trimestre, il s’agit de la croissance des abonnés et le suivant, des revenus et des bénéfices. Peut-être que Disney aura plus de chance au premier trimestre 2023.
Questions après l’appel aux résultats du trimestre 4 de 2022 de Disney :
- À quoi ressemblera le contenu sur Disney+ en 2023 ?
- Si un ralentissement économique se produisait… est-ce que Disney dézinguerait son précieux système de réservation de parcs et ses enfants Genie+ / Lightning Lane / Disney Premier Access ?
- Avec le déclin du linéaire à la télévision, quels autres programmes sont redirigés vers le secteur du streaming Disney ?
Disney s'attend à ce que le déclin du nombre abonnés aux services câblés s'accélère dans les mois à venir. $DIS #Disney
— Disneyphile (@DisneyphileLIVE) November 8, 2022
- Disney réalisera-t-il que 20th Century et Searchlight peuvent être plus que des générateurs de contenu pour Hulu et Star et laissera-t-il les studios créer de nouvelles franchises pour adultes pouvant jouer dans les salles de cinéma ? Un nouveau film La Planète des Singes n’a vraiment rien d’enthousiasmant…
- Quelles proportions prendra la célébration Disney100 ? Compensera-t-elle l’échec du 50e anniversaire de Walt Disney World Resort ?
- Quand aurons-nous droit à un aperçu de ce que Disney prévoit en terme de narration pour sa prochaine décennie voire au-delà ?
- Le fait que Disney enregistre 235 millions d’abonnés sur ses services de streaming est époustouflant. Combien de membres « Disney Prime » seront attirés parmi ces abonnés ?