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Il Était une Fois les Imagineers, les Visionnaires Disney – Critique de la série Disney+

L’une des plus grandes forces de l’entreprise Disney depuis l’époque de Walt jusqu’à nos jours, est bien le domaine des parcs de loisirs. Depuis le premier, innovation en son temps, créé par Walt Disney lui-même et ayant ouvert à Anaheim le 17 juillet 1955, au douzième et dernier ouvert à Shanghai le 16 juin 2016, les parcs sont sans conteste l’un des plus grand témoignages de la créativité et de l’inventivité qui caractérisent The Walt Disney Company dans toutes ses filiales. En parallèle des productions cinématographiques, l’imagination, la création et l’évolution des parcs n’a cessé d’être un domaine chèrement entretenu par les dirigeants de la firme aux grandes oreilles, c’est ce qu’entend relater le documentaire en six parties Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney, disponible depuis le 12 novembre 2019 sur Disney+.

Il Était une Fois les Imagineers en 1952

Walt Disney, Roy Disney, Donn Tatum et Card Walker, Ron Miller, Michael Eisner et Frank Wells, Paul Presler, Bob Iger et enfin Bob Chapek dirigent à tour de rôle la compagnie, apportant avec eux leur vision des parcs Disney oscillant toujours entre création et gestion commerciale. Toutefois, bien au-delà de la direction de la compagnie, les parcs Disney restent avant tout des espaces de créativité et d’innovations techniques ; ils permettent de transposer les imaginaires de créateurs originaux et passionnés, dans le réel. Le documentaire Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney (The Imagineering Story en anglais) qui accompagnait la sortie de la plateforme Disney+ rend hommage durant six épisodes d’environ soixante-cinq minutes aux hommes et femmes qui ont porté les projets des différentes Destinations Disney, leurs évolutions et leurs extensions sur soixante-dix ans d’existence.

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Les Imagineers sont nés en 1952 d’un savant jeu de mots signé Walt Disney (contraction en anglais des termes « Imagination » et « Engineer »). Ils sont donc les ingénieurs de l’imaginaire, ceux qui donnent littéralement vie à la magie Disney et leur savoir-faire dépasse les limites du rêve. Il imaginent, dessinent et construisent les Parcs à thème Disney, leurs attractions, leurs hôtels, les navires de croisières Disney Cruise Line, certains des bâtiments administratifs de la compagnie et de futurs sites de divertissements autour du monde. Leurs équipes se composent de concepteurs de spectacles, d’artistes, d’auteurs, de chefs de projet, d’ingénieurs, d’architectes, de réalisateurs, de spécialistes de l’audiovisuel, d’animateurs, de groupes de production, de programmateurs informatiques, d’urbanistes, de décorateurs, de concepteurs d’attractions, d’experts financiers et de chercheurs – plus de 140 disciplines uniques au total. Mais leur travail ne s’arrête pas là : ils conçoivent et réalisent aussi restaurants, boutiques ou hôtels, bref, tout ce qui participe à l’immersion des visiteurs dans les Destinations Disney. La force de Walt Disney Imagineering réside ainsi dans la fusion de talents créatifs et techniques, bâtissant à partir du rêve et des histoires Disney de nouvelles formes de spectacles et de divertissements.

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Série documentaire s’appuyant sur l’émotion et la nostalgie des spectateurs, Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney retrace à la force d’archives et de témoignages les projets de chaque lieu magique, en revenant sur ses attractions phares et en les insérant dans les contextes sociaux et économiques de leur époque. Riche de documents, d’informations et d’images inédites, ce documentaire est l’occasion de plonger au cœur des parcs et de partir à la découverte de leurs concepteurs aux personnalités aussi hautes en couleurs que leur création.

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Derrière la caméra, on retrouve Leslie Iwerks, fondatrice et directrice de la société Iwerks & Co., qui produit ce documentaire. Cette cinéaste de documentaires s’attache à célébrer des histoires humaines authentiques et des visionnaires créatifs. Son travail comprend des long métrages tels que The Pixar Story, Citizen Hearst , Industrial Light & Magic: Creating the Impossible, The Hand Behind the Mouse: The Ub Iwerks Story et League of Legends Origin et des documentaires environnementaux dont Recycled Life, Pipe Dreams et Downstream. Le désir de Leslie Iwerks d’innover et de repousser les limites avec ses films a été cultivé et inspiré par son éducation familiale, car son grand-père, Ub Iwerks, fut le co-créateur de Mickey Mouse et un pionnier des effets visuels, et son père, Don Iwerks, oscarisé comme Ub, est le fondateur de la société de films grand format, Iwerks Entertainment, qui a construit des cinémas grand format Iwerks et des systèmes de projection dans plus de 200 cinémas à travers le monde. .

Une série organisée sur fond d’archives et de témoignages 

La série documentaire se divise en six épisodes de durées équivalentes (environ une heure cinq), progressant de façon chronologique dans la création et l’évolution des Parcs et Resorts Disney. Le premier épisode se concentre tout naturellement sur Walt Disney et la conception et l’ouverture du parc originel à Anaheim en Californie en 1955, avec en parallèle la création trois années plus tôt de l’entreprise et département WED Enterprises (renommé Walt Disney Imagineering en 1986). Le premier épisode, intitulé « L’Endroit le Plus Joyeux du Monde » met ainsi en avant l’esprit innovateur de père de l’entreprise, le projet gargantuesque que consistuait ce premier parc et la vision inédite d’une destination touristique apportée avec ce projet. Les difficultés éprouvées de la phase d’étude du parc à son ouverture en passant par son chantier ne sont pas en reste et montrées avec un recul avisé.

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Ce premier épisode s’intéresse également à l’Exposition Universelle de 1964  à New York, à laquelle Walt a largement participé notamment avec la création de l’attraction « it’s a small world », et au projet de ville parfaite que Walt avait imaginé pour la Floride : sa vision du futur parc Epcot. L’épisode s’achève par le décès de la figure emblématique de la firme aux grandes oreilles.

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Le deuxième épisode, « Que Ferait Walt ? », revient sur la période difficile qui a suivi le décès du guide de l’entreprise et de ses Imagineers. Cette deuxième heure du documentaire se consacre à l’ère de Roy, dans laquelle l’un des derniers rêves de son frère prend vie, Walt Disney World en Floride. La première partie de l’épisode montre ainsi comment WED a préféré recréer en 1971 un Royaume Magique similaire à celui de Californie bien qu’il propose son lots d’innovations. La seconde moitié nous amène à la période qui suit la disparition de Roy et celle de l’arrivée de Donn Tatum et Card Walker à la tête de l’entreprise. Est abordée la création du parc Epcot qui rend hommage à la vision de Walt tout en s’éloignant de sa conception originelle. On revient également sur l’ouverture du premier parc Disney (Tokyo Disneyland) hors sol américain en 1983 et sur les problématiques que l’importation à l’internationale du produit Disney a engendrées. Malgré le succès rencontré par cette dernière Destination, l’épisode s’achève sur une note mitigée, à un moment où la situation de l’entreprise Disney est devenue financièrement précaire et par conséquent sur les répercussions que cela aurait pu engendrer sur les Imagineers.

Le troisième épisode, « Les Rois Midas », démarre avec la refonte de la compagnie et l’arrivée du duo Michael Eisner de la Paramount et Frank Wells de chez Warner Bros. en 1987. Ce nouveau chapitre pour la compagnie fut l’occasion pour Walt Disney Imagineering de bénéficier d’une recrudescence artistique, avec l’envie de porter à nouveau la création à son paroxysme. Le documentaire présente le nouveau duo de dirigeants de l’entreprise de manière analogique à l’époque de Walt et Roy. Eisner entreprend de nouveaux projets, son enthousiasme semblant alors limité seulement par le pragmatisme de Wells. Il lance ainsi le premier projet de parc à thème sur les coulisses du cinéma en partenariat avec la MGM, amorce de nouvelles attractions dans les parcs de Californie et Floride, un projet d’agrandissement comprenant hôtels et parcs aquatiques et bien-sûr au début des années 90 la création d’un deuxième parc à l’étranger, Euro Disneyland. L’épisode revient largement sur la création du Resort européen et toutes les complexités que cela impliquait. Enfin, la perte brutale de Frank Wells est relatée, laissant Michael Eisner seul à la tête d’une compagnie qui souffre à nouveau. De nouvelles problématiques émanent alors : l’alchimie des équipes créatives disparait avec Wells, les restrictions budgétaires obligent à laisser de côté l’exigence artistique et scénaristique au profit de nouveautés moins onéreuses, aux dépens de la qualité.

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Le quatrième épisode de Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney, « Ça Passe ou Ça Casse » s’ouvre en rappelant que la narration est au cœur de tout ce que les Imagineers entreprennent, comme une réponse à la note pessimiste qui achevait l’épisode précédent. On s’intéresse tout d’abord aux projets de croisières que lance Michael Eisner avec les navires Disney Magic et Disney Wonder. Le parc Disney’s America, un des projets avortés phares de l’histoire de Walt Disney Imagineering est évoqué en substance. Vient ensuite l’ambitieux projet de quatrième parc à thème pour la Floride, Disney’s Animal Kingdom. La réalisatrice Leslie Iwerks n’hésite pas alors à aborder les questions d’éthique animale qui avaient tant fait parler à l’époque de l’ouverture en 1998, et tente d’apporter un éclaircissement, avec l’intervention de l’anthropologiste Jane Goodall qui avait justement travaillé étroitement avec Disney lors de la création de cet endroit. L’épisode revient ensuite sur la création de l’extraordinaire Tokyo DisneySea en 2001 puis sur celle de Disney California Adventure l’année suivante, un succès somme toute mitigé pour ce dernier. Outre cette première grosse erreur de parcours, le documentaire ajoute à cela l’échec du deuxième parc Disney français qui achève d’entacher la réputation de la branche touristique de l’entreprise. La démission de Paul Presler, président de Walt Disney Parks & Resorts de 1998 à 2002, et la vague de licenciements sont également abordés succinctement. Enfin, le documentaire revient sur la création du Parc Hong Kong Disneyland en 2005.

Le cinquième épisode, « Un Carrousel du Progrès » démarre par l’arrivée de Bob Iger à la tête de l’entreprise, les cinquante ans de Disneyland Resort et le tournant que le nouveau P-DG opère en se basant sur les trois clés maîtresses suivantes : développement à l’international, innovation technique et création de nouveaux contenus. Il est vrai, ce chapitre présente Bob Iger comme un véritable sauveur de la société, qui entreprend une campagne efficace pour relever la compagnie notamment au niveau de ses Destinations. Il opère un véritable chantier de transformation pour le second parc toujours peu fréquenté de Californie en mettant en avant des franchises comme Pixar et en lançant le show nocturne qui marquera les esprits, World of Color. Il enclenche également une vaste campagne permettant de moderniser de nombreuses attractions existantes, innove à Hong Kong Disneyland, amène des nouveautés comme la Place de Rémy au Parc Walt Disney Studios et enfin négocie pendant une dizaine d’année la construction d’un parc à Shanghai.

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Le sixième épisode, « Vers l’Infini et Au-Delà » conclut cette série documentaire. Il propose en première partie une rétrospective sur la création de Shanghai Disney Resort et toutes les spécificités que ce dernier a demander pour s’insérer dans la culture et le marché chinois. Dernier grand défi en taille de la compagnie à l’étranger, il était évident que le documentaire lui accorderait une place de choix, quitte à jouer la carte promotionnelle à fond. L’ajout du land Pandora : The World of AVATAR à Disney’s Animal Kingdom, les modifications et modernisations d’attractions déjà existantes dans les parcs comme The Twilight Zone Tower of Terror, et enfin l’ouverture des deux nouveaux lands Star Wars Galaxy’s Edge respectivement en Californie et en Floride occupent une majeure partie de cet épisode final. Le plan d’expansion des Parcs avec la franchise Marvel est pour sa part tout juste abordé, sans pour autant rentrer dans les détails du fait de la prématurité du projet au moment de la producton du documentaire. Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney s’achève par un regard tourné vers l’avenir où les Imagineers se demandent comment les générations qui leur succéderont repousseront encore plus loin l’imagination, la création et l’innovation. Le dernier plan se focalise sur casque de chantier d’un Imagineer, une manière pour Leslie Iwerks de nous montrer que le travail est loin d’être terminé et que de nombreux projets sont encore dans les tuyaux.

Chaque épisode s’achève sur un moment de basculement (parfois un point de non retour) dans l’histoire de Walt Disney Imagineering. Le premier, par exemple, nous relate la disparition de Walt Disney et l’avenir incertain qui s’annonce pour la branche des Parcs à thèmes comme pour les Imagineers, et le cinquième épisode nous présente le prochain projet à venir pour l’entreprise, Shanghai Disney Resort. De la même manière que l’histoire des Parcs a été ponctuée de hauts et de bas, le documentaire, de par son rythme, s’attache justement à faire revivre sept décennies avec des moments charnière et des tournants. Il est même frustrant qu’il s’achève au bout de seulement six épisodes tant il génère chez le spectateur de l’enthousiasme et de la curiosité sur un pan de Disney souvent mystérieux. Par ailleurs, Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney est particulièrement fourni en images d’archives, pour certaines inédites. Qu’il s’agisse de conférences filmées, de reportages sur les chantiers de construction des attractions, de vues d’artistes et ou encore de documents d’actualités (comme les terribles images des catastrophes de 2011 au Japon), le matériau documentaire de cette série est véritablement riche et varié.  Leslie Iwerks associe habilement la voix off de plusieurs Imagineers et Cast Members à des archives vidéos ou photographiques de projets pour revenir leur création ou simplement apporter des moments de bienveillance et ou des anecdotes croustillantes et parfois même émouvantes. Il faut aussi souligner la qualité de ces documents, parfois très anciens et magnifiquement restaurés avec les dernières technologies. Le soucis de la préservation du patrimoine de la compagnie ne date pas d’hier puisqu’en 1970 fut créé le service des Walt Disney Archives. Ce département mais aussi les propres archives de Walt Disney Imagineering permettent d’exhumer des témoignages marquants de l’évolution des Destinations Disney à travers le monde au fil du temps. D’autres éléments photographiques ou simplement de véritables documents utilitaires comme des plans d’attractions, des maquettes, des concept arts sont particulièrement mis en avant lors des présentations des projets et des innovations techniques. 

Des visionnaires au cœur de la série 

Au cœur du message de la série Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney réside le pouvoir de création mais aussi d’innovation. Les épisodes dressent ainsi une sorte de catalogue non exhaustif des concepts technologiques les plus bluffants de Walt Disney Imagineering. Ce sont effectivement aussi tous ces procédés techniques qui ont permis aux Parcs à thème d’afficher encore aujourd’hui un degré d’exigence ultime dans l’industrie du divertissement. Ces innovations qui ont permis de façonner l’image de Disney sont l’œuvre d’hommes et de femmes honorés durant tout le documentaire. Chronologiquement, et au fil de chaque épisode, ces concepteurs et faiseurs de rêves présentent leurs contributions en revenant sur leur genèse, leur difficultés et toutes les particularités associées à leur réalisation. 

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Certaines personnalités éminemment prestigieuses de l’histoire de la compagnie bénéficient d’un temps d’écran forcément plus important que d’autres. Le premier épisode présente de manière assez homogène plusieurs Imagineers comme Harper Goff pour le concept de l’attraction Jungle Cruise, Marc Davis (l’un des neuf Vieux Sages des studios Disney) qui apporta un humour rafraîchissant aux attractions, Alice Davis pour la conception des costumes des poupées de « it’s a small world » ou encore Claude Coats et Xavier Atencio respectivement pour les décors et le récit de Pirates of the Carribean. L’épisode aborde également, outre le projet incroyable que constitue Disneyland dans son entièreté, certaines innovations technologiques comme comme les tout premiers Audio-Animatronics : des oiseaux pour un restaurant d’Adventureland puis plus tard le premier buste entièrement automatisé d’Abraham Lincoln.

Le deuxième épisode revient sur d’autres Imagineers. Yale Gracey nous est présenté à travers son travail sur Haunted Mansion. On découvre également comment lui et Kim Irvine ont ingénieusement mélangé plusieurs techniques traditionnelles et effets spéciaux dans ce « dark-ride ». John Hench est également mis en avant puisqu’il fut à la tête du département artistique d’Imagineering et reste à ce jour l’une des figures marquantes de la société. De plus, l’épisode revient sur la création de Mapo à Glendale en Californie, l’endroit où se jouent les plus belles avancées en matière de développement des Audio-Animatronics. Parmi les autres innovations, il est possible de noter la présentation durant cet épisode du Circarama USA, ce cinéma circulaire composé dans un premier temps de onze caméras de seize millimètres reliées entre elles, et qui évolua plus tard en Circle-Vision 360° avec cette fois-ci neuf caméras de trente-cinq millimètres. De manière plus globale, le projet entier de Epcot apporte avec lui son lot de prouesses technologiques avec par exemple l’utilisation de la fibre optique ou des lasers.

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Le troisième épisode souligne la formidable période d’épanouissement de Walt Disney Imagineering sous l’ère Eisner / Wells. On multiplie alors les concepts d’attractions tout autant que leurs techniques. Tony Baxter est mis en avant pour la création de l’attractionr révolutionnaire Star Tours en 1987. L’Imagineer et ses collègues ont eu en effet la géniale idée de reprendre un simulateur de vol conçu au départ pour l’aviation en l’adaptant à un scénario de science fiction d’une licence alors très populaire de George Lucas. Il est également possible d’en savoir plus dans cet épisode sur les travaux de Kevin Rafferty sur la première tour de chute Disney imaginée pour la Floride, première attraction créée avec un logiciel et non pas à la main. Bien entendu, nombre d’autres noms sont évoqués dans cet épisode comme les nombreux contributeurs de la création d’Euro Disney Resort (Katie Olson, Tom Morris, Eddie Sotto, Paul Chapman…) D’autres attractions qui voient le jour dans les années 1980-90 sont également évoquées comme Splash Mountain, le célèbre parcours aquatique des parcs américains et japonais ou Indiana Jones Adventure, l’une des trois grandes attractions révolutionnairesde cette époque avec Space Mountain : De la Terre à la Lune et The Twilight Zone Tower of Terror. On nous explique comment ont été conçues les voitures de cette expérience de Disneyland, qui miment la sensation d’un parcours plein d’embuscades. 

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Le quatrième épisode est l’occasion de revenir sur la création des paquebots Disney avec Wing Chao, Imagineer et architecte. Ces bateaux de croisières étaient à leur époque de leur création les plus longs jamais créés. Parallèlement, l’épisode s’intéresse à une grande figure contemporaine des Imagineers, qui reviendra quelques épisodes plus loin, Joe Rohde, le père de Disney’s Animal Kingdom. Le Tree of Life enraciné au centre du parc est décrit comme une énième prouesse d’Imagineering à cette époque, avec ses quatorze étages de hauteur. D’autre part, la création du second Parc à thèmes tokyoïte fait intervenir Craig Russell et Steve Kirk qui imaginent sept lands interconnectés tous situés le long d’une côte maritime. En Californie, Tim Delaney prend la tête du projet Disney California Adventure.

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Si le cinquième épisode se focalise davantage sur Bob Iger et la manière dont il sauve l’entreprise bien mise à mal, les Imagineers ne sont pas non plus mis de côté pour autant. Steve Davison a droit aux honneurs de cet épisode grâce à son incroyable travail fourni sur la féérie aquatique World of Color, une innovation en terme de divertissement, nocturne qui plus est, avec ses huit-cents jets d’eau. Kevin Rafferty, déjà évoqué dans le troisième épisode, apparait ici à nouveau et associé à John Lasseter, pour son travail sur Cars Land en Californie. L’épisode traite également de la relecture voire de la modernisation de de plusieurs attractions, comme Haunted Mansion à Disneyland qui se pare, de manière saisonnière dès le début des années 2010, des couleurs du film L’Étrange Noël de Monsieur Jack. On s’intéresse en outre à l’intégration d’une vingtaine de nouvelles poupées à l’effigie de personnages Disney dans l’attraction « it’s a small world » et l’ajout de l’univers cinématographique de Jack Sparrow dans l’attraction Pirates of the Caribbean. C’est également à cette même époque que l’utilisation du mapping-vidéo projeté se démocratise et vient agrémenter l’expérience des visiteurs que ce soit dans les spectacles mais aussi certaines attractions comme Indiana Jones Adventure pour ne citer qu’elle. Les Imagineers notent en effet qu’à cette époque avec l’émergence du jeu vidéo et l’expérience digitale que ces médias procurent au jeune public, il fallait trouver une nouvelle manière d’interpeller les nouvelles générations de visiteurs dans les Parcs. Des expériences inédites sont ainsi pensés avec des technologies de dernier cri. La zone thématique Place de Rémy ajoutée en 2014 au Parc Walt Disney Studios témoigne sans nul doute de cette vision d’expériences originales, dans la tradition Disney mais l’apport d’outils plus modernes. L’attraction Ratatouille : L’Aventure Totalement Toquée de Rémy propose aux visiteurs à bord de « Rat-mobiles » un voyage dans des décors imposants et un univers virtuel en trois dimensions, le tout parfaitement orchestré et faisant appel à plusieurs sens des visiteurs comme l’odorat ou le toucher. Le mélange de différentes techniques au service d’un scénario unique est l’aboutissement d’un travail rigoureux des Imagineers et une nouvelle manière d’envisager une attraction Disney.

Le dernier épisode de Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney revient longuement sur l’érection de Shanghai Disneyland et présente notamment la dernière version en date de Pirates of the Carribean, au concept inédit. L’attraction reprend le concept original de parcours scénique en associant projections vidéo et mapping-vidéo à des décors en dur et des Audio-Animatronics toujours plus réalistes et fluides. Le système de mise en mouvement des bateaux est lui aussi totalement novateur : exit la traditionnelle piste ; les radeaux sont tirés par un système d’aimants qui apporte une fluidité au parcours scénique. L’innovation passe aussi des designs qui repoussent les limites du futurisme comme avec l’attraction Tron Lightcycle Power Run conçue pour ce même parc. Alors que Bob Weis reprend la direction de Walt Disney Imagineering en 2016, Joe Rohde se voit confier la réalisation d’une zone directement inspirée de la saga cinématographique Avatar à Disney’s Animal Kingdom.

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D’autres prouesses d’innovations sont montrées dans le documentaire. L’expertise du cinéaste James Cameron permet de faire sortir de terre un Land totalement bioluminescent, avec ses montagnes qui semblent léviter naturellement dans le ciel. Les deux attractions du Land sont également pensées avec les meilleures technologies. Na’vi River Journey présente l’Audio-Animatronic le plus élaboré qui soit avec pas moins de quarante-deux petits cerveaux moteurs électriques contrôlables insérés dans la structure du visage. L’autre attraction du Land, Flight of Passage reprend à sa sauce le concept de Soarin’ en repoussant les limites du réalisme. Elle ne se contente pas d’un simple survol passif dans un décor en trois dimensions mais de faire vivre l’expérience aux spectateurs comme s’ils chevauchaient eux-mêmes les Banshee. Point culminant de cet épisode en matière d’innovation, la construction de Star Wars Galaxy’s Edge dans deux Parcs Disney américains. Encore une fois, le documentaire insiste sur la dimension innovante du projet. Doug Chang, directeur créatif, s’inspire des premiers films et pense la zone comme une expérience à part entière pour le visiteur propulsé littéralement dans l’univers de la saga. Star Wars : Rise of the Resistance plonge le public en pleine bataille entre la Résistance et le Premier Ordre et convoque de multiples modes de narration. Millennium Falcon : Smugglers Run apporte un petit plus au concept de simulateur et demande à chaque visiteur d’incarner un rôle précis dans la mission. Le Land constitue à lui seul à la quintessence du pouvoir créatif des Imagineers.

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Dans cette série documentaire, ces personnalités apparaissent à tour de rôle ou s’entrecroisent au fil de la présentation des différents projets. On ne détaille pas forcément leur carrière ni leur rôle. Choix sans aucun doute assumé, les Imagineers sont certes mis en avant mais le documentaire met davantage l’accent sur leurs créations en analysant le potentiel de génie de ces hommes et femmes passionnés. L’esprit d’équipe est également un fil conducteur tout au long des épisodes et montre à quel point les enjeux ne peuvent être résolus qu’à plusieurs.

Une dose de nostalgie et d’émotion

Enfin, une série de cette nature ne pourrait fonctionner sans utiliser un brin d’émotion et de poésie. Sur fond de musiques mélodieuses signées du compositeur Jeff Kryka, ces six épisodes savent ainsi pertinemment comment toucher leur cœur de cible, les fans de parcs à thème, tout en gardant à l’esprit ce style vulgarisant mais pointu. Le premier épisode qui honore l’héritage de Walt est sans conteste une dose pure de nostalgie. Leslie Iwerks choisit volontairement de terminer l’épisode sur la disparition du Maître en montrant que la magie de son parc continuait à perdurer.

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Dans le deuxième épisode, le documentaire fait de manière très émouvante une digression sur une conférence passée où Walt parlait avec tendresse et respect de son frère qui l’avait accompagné dans tous ses projets les plus fous. Un autre moment fort lié à Walt Disney est le discours dans l’épisode six de Bob Iger à l’ouverture de Shanghai Disneyland. Il reprend avec modestie et fierté le discours du fondateur de la compagnie à l’ouverture du premier Parc Disney à Anaheim : le documentaire propose un montage alterné de ces deux discours, phrase par phrase, une manière d’inscrire les dernières générations dans les pas de Walt et de montrer avec beaucoup d’émotion que rien n’a vraiment changé. L’évolution n’est pas la transformation totale.

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Comme un véritable point de référence, la voix de Walt accompagne et ponctue chacun des épisodes de ce documentaire, toujours de manière cohérente et avec justesse. Le documentaire arrive à extirper des citations captées du vivant de Walt, qui finalement illustrent à la perfection des situations qui lui furent bien postérieures. Des moments de doutes, de détermination, des visions artistiques, la hantise du budget et des finances… Les problématiques sont pour la plupart les mêmes aujourd’hui qu’il y’a soixante-dix ans et la voix bienveillante de Walt peut ainsi recouvrir époque après époque les différents projets, échecs comme succès. C’est également un bon moyen pour que le spectateur n’oublie jamais, malgré les cinq épisodes qui présentent l’après-Walt, que peu importe la manière dont les Destinations Disney mutent, elles restent la volonté d’un seul homme visionnaire en son temps, Walt Disney. 

La docusérie Il Était une Fois les Imagineers, Les Visionnaires Disney est une mine d’informations, qui ravira les initiés autant que les plus connaisseurs qui trouveront forcément des choses à apprendre. Le découpage chronologique sur six épisodes permet de parcourir si ce n’est de manière exhaustive, au moins de façon très globale, sept décennies d’audaces et de changements en profondeur dans la vision même du divertissement touristique à grande échelle. Les épisodes réussissent également à transporter le spectateur émotionnellement tout en rendant accessible au plus grand nombre l’histoire des Destinations Disney. Ils reviennent aussi avec un certain recul sur les moments difficiles qu’a pu connaitre la compagnie et de propose un regard plus éclairé et autocritique sur ces périodes parfois sombres. Disney a véritablement le mérite de proposer dans ce documentaire une réflexion avisée sur les raisons de plusieurs succès comme échecs passés. Cette manière de réfléchir et comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas est reflète la manière de procéder des Imagineers.

Véritable réussite, le travail soigné de Leslie Iwerks à la réalisation et au montage permettent d’honorer de la plus belle façon les faiseurs de rêves des Parcs et Resorts Disney. L’intervention de figures respectées et la profusion de documents d’archives apportent un cachet supplémentaire à un récit qui rappelle ô combien les Imagineers Disney sont la référence ultime dans l’industrie des Parcs de loisirs.

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