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Charlotte Hervieux, de ses débuts à La Reine des Neiges II

Charlotte Hervieux est connue des Fans Disney et plus largement du grand public pour son interprétation de la Reine Elsa dans La Reine des Neiges II. Chez Disneyphile, nous avions déjà eu la chance de la rencontrer lors de la promotion du film en 2019 ; cette artiste déjà très accomplie tient une place particulière parmi nos chouchous. Dans cet entretien exclusif qu’elle a bien voulu nous accorder, Charlotte revient sur ses débuts de comédienne et chanteuse, sa carrière bien remplie, son arrivée dans la grande famille de Disney mais également ses ambitions. C’est également l’occasion d’en apprendre davantage sur ses passions et ce qui la lie à l’univers de Mickey.

Charlotte Hervieux, les débuts d’une artiste singulière

[Disneyphile] Bonjour Charlotte, nous sommes heureux que vous nous accordiez cette interview ; tout d’abord, afin d’apprendre à mieux vous connaître, dans quel environnement avez-vous grandi et est-ce que cela a influencé votre profil artistique ?

[Charlotte Hervieux] Merci à vous pour ce moment de partage ! J’ai grandi en banlieue parisienne avec mon frère, un papa éducateur sportif et une maman professeure des écoles. J’ai passé une grande partie de mon enfance à dévorer des bouquins et à m’inventer des histoires délirantes en grimpant dans les arbres ! Je n’avais personne dans mon entourage qui évoluait dans le domaine du spectacle donc je n’avais même pas idée à l’époque qu’on pouvait en vivre et en faire son métier ! J’ai grandi bercée par la variété française du côté de ma maman, et par des groupes tels que les Beatles, Genesis, ZZTop, Queen, Toto ou Scorpion du côté de mon papa ; et par les chansons Disney chantées à tue tête dans ma chambre, of course ! Ma sensibilité et ma curiosité artistiques se sont donc construites dans ce paysage plutôt éclectique.

[Disneyphile] Comment se décide-t-on à se lancer dans une carrière artistique, quel a été le déclic ?

[C. H.] J’ai commencé assez tard à m’intéresser aux disciplines artistiques, je faisais plutôt du sport en activité extra-scolaire. Pendant toute la période de la fin du primaire jusqu’au lycée, j’avais énormément de mal à prendre la parole en public, les exposés étaient un vrai cauchemar, j’en faisais des insomnies et des malaises ! Mais tout était plus simple quand je chantais, donc j’ai rejoint vers mes 16 ans une troupe amateur avec laquelle chaque année on faisait un spectacle de comédie musicale spécialement créé pour nous, ce qui m’a permis de dépasser mes angoisses et d’oser chanter en public pour la première fois, entourée d’une troupe bienveillante. Découvrir que j’arrivais à chanter et à m’exprimer sur scène en jouant un personnage a été une belle révélation pour la jeune fille introvertie que j’étais. Je voulais devenir professeure des écoles, comme ma mère, donc après le bac’, j’ai poursuivi mes études dans ce sens, et une fois mes diplômes de sciences du langage et de sciences de l’éducation en poche, j’ai expérimenté ce que j’appelle « le saut dans le vide » ! Avant de me lancer dans « la vie d’adulte » (la vie active quoi !), je me suis dit que c’était maintenant qu’il fallait tenter quelque chose d’un peu fou. J’avais tout juste vu Le Roi Lion et Mamma Mia à Mogador, et j’en étais ressortie avec des paillettes plein les yeux et le cœur. Je n’avais aucune idée de la réalité de ce genre de métier, mais je voulais apprendre, me former et découvrir cet univers qui m’avait déjà beaucoup apporté pendant mes années lycée et fac’. Je me suis inscrite à une audition pour une formation en comédie musicale sur Paris (ISAS Rick Odums), je suis arrivée toute tremblante (mes copines s’en souviennent encore), j’ai chanté ma petite chanson en m’accrochant désespérément au pied de micro, j’ai récité mon petit poème de Prévert en guise de monologue de théâtre et j’ai fait de mon mieux pour suivre la chorégraphie à l’audition de danse ! Et ma découverte de ce métier passionnant a commencé avec mon entrée dans cette école.

[Disneyphile] Comment avez-vous abordé votre formation artistique. Parlez-nous de votre construction professionnelle.

[C. H.] J’étais sur un petit nuage (bien que les cours de danse classique à 8h30 aient été légèrement traumatisants au démarrage), j’ai rencontré des jeunes d’univers variés et avec des bagages artistiques très différents. Certains avaient fait 10 ans de danse en école et avaient un niveau de dingue, d’autres avaient des années de théâtre en conservatoire derrière eux, d’autres composaient et écrivaient déjà leur EP* ; moi, j’ai débarqué là-dedans avec mes grands yeux avides d’apprendre. Je me suis nourrie de chaque rencontre, de chaque échange, de chaque enseignement, de chaque « échec » et de chaque espoir. Mon plus grand ennemi dès les premiers mois de formation a été mon trac ! J’étais terrorisée à chaque fois que je devais chanter en solo, même devant mes camarades. En théâtre, interpréter un texte se passait plutôt bien, mais j’étais pétrifiée dès qu’il s’agissait d’improvisation ! Donc au-delà de la découverte technique des bases en chant, en danse et en théâtre, j’ai aussi effectué un cheminement humain et psychologique, très complémentaire à l’évolution artistique. Poussée par mes professeurs qui voulaient que j’apprenne à dépasser mon trac, j’ai passé mon premier casting avant d’avoir fini ma première année de formation. Contre toute attente, et malgré mon état de stress pendant cette fameuse audition, j’ai décroché le rôle et me suis retrouvée à rejoindre une troupe d’environ 25 artistes qui étaient pour la plupart déjà bien implantés dans le milieu de la comédie musicale parisienne. En un mois et demi de répétitions à leur côté, à les regarder travailler, chercher, tester, proposer et performer, j’ai appris énormément. Et le soir de notre première au Casino de Paris où je devais chanter mon petit bout de solo dans le rôle de Fiona enfant, je ne me suis pas évanouie ! Youhou ! Shrek : La Comédie Musicale a été ma première expérience professionnelle où j’ai pu faire mes armes sur une grande scène, entourés de pro, et découvrir la réalité d’un métier où tu dois être performant à chaque instant avec sept shows par semaine. Je n’ai donc pas pu achever ma formation à l’école mais je n’ai cessé d’apprendre grâce à toutes les rencontres et les aventures artistiques qui se sont enchainées après ce premier spectacle.

* Extended Play

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Charlotte Hervieux a incarné Scaramouche dans We Will Rock You (2018-2019)

[Disneyphile] A l’époque des conservatoires, aviez-vous déjà en tête de travailler un jour pour Disney ?

[C. H.] À 16 ans, je n’avais même pas idée que je pouvais tenter de vivre du métier d’artiste, alors travailler pour Disney… ! Je connaissais les chansons des Disney par cœur mais je ne savais rien de l’univers du doublage. Donc oui, comme beaucoup de petites filles j’ai forcément rêvé (en cassant les oreilles de mon frangin !) d’interpréter une princesse Disney un jour ! Mais c’était aussi peu concret pour moi que de tourner dans un film avec Brad Pitt ! Et pendant mes premières années dans le monde artistique professionnel, j’étais tellement excitée de toutes les belles expériences que je vivais que j’ai rarement eu de « plan », d’« objectif » ou de « rôle rêvé ». Je m’épanouissais artistiquement et humainement chaque jour un peu plus sur scène dans les différents rôles que l’on me confiait. J’ai découvert les tournages et les doublages un peu par hasard en parallèle de mes projets scéniques.

[Disneyphile] Les fans Disney vous apprécient désormais pour votre sens de la rigueur et de la nuance dans votre jeu derrière le personnage d’Elsa. Est-ce là quelque-chose qui fait partie de votre ADN d’artiste ?

[C. H.] Je pense que je cherche toujours à apporter de la profondeur au personnage, donc ça passe beaucoup par les nuances. J’aime qu’on sente toutes les couches, ses nombreuses facettes. Même en ayant interprété des rôles avec des traits de caractère assez marqués comme Mercredi Addams par exemple, j’ai toujours eu à coeur de laisser entrevoir ses failles et ses doutes derrière son rapport à la mort, à la torture et à sa famille peu ordinaire. J’ai plusieurs fois joué des enfants sur scène, et pareil, j’essaie toujours d’apporter le plus d’enjeux et de subtilités possibles à mes interprétations. Donc si cette démarche s’est ressentie dans le personnage d’Elsa, j’en suis ravie !

[Disneyphile] Vous venez au départ du monde du spectacle. Le cinéma a-t-il été un objectif ultime en soi ou cela reste complémentaire à vos activités initiales ?

[C. H.] Oui je viens de l’univers du spectacle et j’aime énormément les regards complices sur scène avec mes partenaires et l’échange instantané avec le public. Ce sont les deux principales raisons qui font, je pense, que je ne pourrai jamais me lasser de la scène ! Mes découvertes de l’univers des tournages et de celui des doublages ont été passionnantes, d’autant plus qu’elles se sont faites sans « objectif ». J’ai commencé les tournages grâce à une bande de jeunes passionnés qui sont devenus de vrais potes. On a tourné une websérie, Ulysse, de façon bénévole sur plusieurs années, dès qu’on avait un jour off en commun ! C’était un vrai casse-tête avec les emplois du temps de chacun mais chaque jour de tournage avec eux était mémorable et malgré le fait que personne ne soit rémunéré, on tournait ça comme des pros et j’ai pu faire mes armes face caméra ! Les rencontres avec les premiers fans de cet univers m’ont laissé un souvenir très fort. En 2018, j’ai été choisie pour donner la réplique à Bertrand Usclat – Yes vous aime, Broute – et Julien Pestel dans la websérie à succès PREVIEW. Un mois de tournage intense où j’ai énormément appris (et rigolé). Les tournages commencent d’ailleurs à me manquer et j’espère vite avoir l’occasion de revivre ce genre d’effervescence. La découverte du doublage ne date que de quelques années. C’est grâce à la directrice artistique Annabelle Roux que j’ai atterri pour la première fois dans un studio et devant une barre ! Elle m’avait repérée sur la comédie musicale Raiponce et m’avait embarqué sur le doublage de 13 Reasons Why où j’ai appris sur le tas (et en oubliant parfois de parler tellement j’étais admirative du talent de mon partenaire de jeu, Gauthier Battoue). Je me considère très chanceuse d’avoir eu des opportunités dans ces trois domaines car je les trouve extrêmement complémentaires et chaque expérience dans l’un m’a nourrie et apporté quelque chose dont j’ai pu me resservir dans un autre. Les tournages m’ont appris notamment à me connecter instantanément à mes émotions et la rigueur lorsqu’on doit refaire plusieurs fois une même prise (également à supporter le froid lors de tournages en hiver). Les doublages, quant à eux, m’ont apporté beaucoup de concentration, j’adore me fondre dans l’émotion d’un personnage et cela m’a permis de découvrir de nouvelles palettes dans mon jeu d’actrice dont j’ignorais l’existence jusque-là. La façon d’interpréter un personnage est différente sur scène, en doublage ou en tournage, et à la fois, cela se rejoint ; l’émotion est la même mais les façons de la traduire différent. Bref, je serai heureuse tant que je continuerai à pouvoir défendre des projets dans un de ces trois domaines, avec un maxi bonus si je peux conjuguer les trois en même temps !

[Disneyphile] L’un des rôles marquants de votre carrière de la dernière décennie justement a été celui de Mercredi dans l’adaptation scénique de La Famille Addams au Palace. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience. A-t-elle été une étape cruciale selon vous ?

[C. H.] Je pense que ça a été une grande étape oui, car d’une part, c’était la première fois que je défendais un premier rôle ! Ensuite c’était une adaptation française d’un show de Broadway donc les chansons étaient de vrais morceaux de bravoure difficiles à chanter et à interpréter vu la folie du personnage. Mais j’ai adoré menacer mes partenaires tous les soirs avec une arbalète sur scène !!! Et enfin c’est un rôle emblématique que tout le monde connait donc il y avait beaucoup d’attente et il a fallu apprendre à gérer au mieux la pression !! Le personnage de Mercredi a déjà vécu à travers des BD, des séries et des films donc la pression n’est pas la même que pour une création de personnage ! Je n’aurais pas pu me douter à l’époque de ce qui m’attendait, mais je suis sure que ça n’est pas arrivé par hasard et que d’une certaine façon, ça me préparait pour Elsa !

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Charlotte Hervieux fut une formidable Mecredi Addams au Palace à partir de 2017

[Disneyphile] Votre rapport à l’univers Disney a-t-il été toujours le même ou La Reine des Neiges II a-t-il changé une part de vous-même ?

[C. H.] Je fais partie de ces fans Disney qui reconnaissent une chanson en moins de trois secondes et qui connaissent aussi toutes les petites voix secondaires ! J’aurai toujours un attachement particulier pour les dessins animés qui ont marqué mon enfance, comme La Belle et la Bête, Le Roi Lion, Pocahontas, Une Légende Indienne, Mulan ou Aladdin, car ce sont les chansons Disney qui m’ont donné l’envie de chanter et donc m’ont amené à vivre de ce métier-passion aujourd’hui. Ces dessins animés font partie de moi, de ma culture, de ma construction personnelle. Belle m’a appris à voir au delà des apparences et qu’on pouvait être une héroïne qui dévore des bouquins ! Ariel m’a appris que penser que « le roseau est toujours plus vert dans le marais d’à côté » peut être risqué et que pour « partir là bas » sereinement, il faut faire confiance aux bonnes personnes ; Pocahontas m’a appris la tolérance (et à remettre en question ce que j’apprenais en cours d’histoire !) ; Simba qu’il ne faut jamais oublier qui l’on est ni d’où l’on vient ; Aladdin que la valeur n’a rien à voir avec le statut social ou l’argent et Mulan qu’une femme est tout aussi capable qu’un homme. Les messages de ces dessins animés et films d’animation évoluent avec leur époque et je suis très fière de prêter ma voix à une héroïne comme Elsa qui, je l’espère, va marquer des générations comme j’ai été marquée étant jeune.

[Disneyphile] Le doublage est un exercice précis qui demande de la pratique. Le différenciez-vous foncièrement du jeu d’acteur sur les planches ou devant la caméra ?

[C. H.] Effectivement, cela demande une technique particulière que seule la pratique peut nous aider à maitriser. C’est pourquoi après avoir fait mes débuts dans cet univers, j’ai suivi divers ateliers pour me former et travailler au mieux cette technique afin d’être la plus performante possible. Je fais partie de ceux qui donnent beaucoup de valeur à l’apprentissage constant et je ne cesserai jamais de me former je pense ! Déjà, une des différences énormes, c’est que quand on arrive sur scène, on a eu – sauf exception – plusieurs semaines pour se préparer et pour apprendre ce qu’on devait jouer. Pour les tournages, on connait également notre texte et les séquences qu’on va tourner dans la journée et on a pu découvrir le scénario global au début du tournage. En doublage, à part lorsqu’on a un rôle récurrent dans une série, on arrive le jour J sans savoir ce qu’on va devoir faire, le rôle qu’on va devoir interpréter, ni même le sujet du film ou de la série qu’on va doubler ! Donc il faut développer une réactivité assez impressionnante, savoir capter très rapidement les émotions et les intentions du personnage pour réussir le plus possible à lui rendre justice avec notre voix. Sur le doublage de La Reine des Neiges II, j’ai également découvert les difficultés liées au fait qu’on ne peut pas découvrir les chansons avant le Jour J. Donc au début de la séance, il faut intégrer la mélodie et le rythme le plus rapidement possible en écoutant plusieurs fois la version originale et hop, on se lance direct dans l’enregistrement en français. Stressant ? Nooooon !

Ses premiers pas dans l’univers d’Arendelle

[Disneyphile] Vous avez fini par décrocher un rôle en or en septembre 2019 avec la Reine Elsa pour La Reine des Neiges II, le genre d’opportunité qu’on ne rencontre probablement pas deux fois dans une carrière. Comment se sont déroulées les auditions ? Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de votre nom ?

[C. H.] J’ai eu la chance d’être repérée sur scène, un soir où je jouais Mercredi Addams. Il y avait un Directeur Artistique que je ne connaissais pas dans la salle et il m’a remarquée, gardée dans un coin de sa tête, et de nombreux mois plus tard, il a donné mon nom à Claude Lombard qui organisait les essais pour La Reine des Neiges II. C’est comme ça que je me suis retrouvée à passer mon tout premier essai de doublage en chant. Je me souviens avoir croisé pas mal de collègues de comédie musicale dans les couloirs du studio, donc ça m’avait un peu rassurée de croiser ces visages familiers. J’ai été testée sur un petit bout de chanson puis sur quelques phrases de dialogues et c’était déjà fini ! Peu importe le débouché de cet essai, j’étais aux anges d’avoir eu l’occasion de rencontrer ces fameux directeurs artistiques et de marcher dans les couloirs des studios avec les grandes affiches stylées au mur ! Lorsque j’ai reçu le fameux coup de téléphone, j’étais au Casino de Paris, sur le point de rentrer sur scène pour un filage la veille de la première de la reprise de We Will Rock You. L’essai pour le doublage datait d’il y a plusieurs mois donc j’avais complètement oublié et j’étais totalement focalisée sur mon rôle de Scaramouche ! J’ai décroché en espérant que mon micro était coupé et en quelques minutes j’ai eu un flot d’émotions qui partaient dans tous les sens, excitation, stress, peur, ébahissement et puis j’ai dû très vite tout ranger dans un coin de ma tête car je devais monter sur scène ! La chance que j’ai eu, c’est que tout s’est enchainé très vite, les premiers enregistrements avaient lieu quatre ou cinq jours après et je défendais un premier rôle sur scène tous les soirs donc même si j’étais dévorée d’appréhensions, elles n’ont pas pu prendre trop de place car je n’avais pas le choix, je devais être performante. Les accompagnements bienveillants des directrices artistiques Claude Lombard (chant) et Barbara Tissier (dialogues) et des équipes Disney qui m’entouraient ont été extrêmement précieux. Sans parler du soutien d’Emmylou Homs, la voix d’Anna, qui a été ma belle rencontre de cette folle aventure ! Et puis, pour ne pas flancher, j’ai essayé de me servir de ce tourbillon d’émotions pour nourrir la sensibilité d’Elsa. C’était une période ultra intense et avec le recul, je me dis que ce n’est pas plus mal que tout se soit passé si vite car je n’ai pas eu le temps de faire des insomnies !

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Charlotte Hervieux enregistre les répliques et les chansons de Elsa en 2019

[Disneyphile] Qu’est-ce que ce personnage vous a apporté ?

[C. H.] Je crois que c’est compliqué de formuler ça au passé car il m’apporte encore beaucoup ! Je lui découvre encore de temps en temps des points communs avec moi et je puise régulièrement dans l’inspiration que peut m’apporter cette héroïne. Au moment de l’enregistrement et de la promo, il m’a aidé à prendre mes doutes et mes peurs sous le bras et à foncer tête baissée pour accomplir ma mission par exemple ! Elsa m’a aussi aidé à m’accepter telle que je suis, avec mes forces et mes fragilités.

[Disneyphile] Pour rebondir là-dessus, le travail apporté par d’autres artistes qui ont ou ont eu la chance d’incarner ce personnage vous a-t-il porté ou avez-vous préféré partir d’une copie blanche pour vous réapproprier ce rôle ? Comment se prépare-t-on à un tel rôle ?

[C. H.] En toute honnêteté, je n’ai eu le temps de rien, si ce n’est d’arriver au studio avec toute ma bonne volonté et ma motivation. Je voulais faire honneur à ce personnage, aux fans, et à la performance d’Anaïs Delva.

[Disneyphile] Avec le recul, comment avez-vous perçu la réception de votre interprétation de ce personnage ?

[C. H.] J’ai découvert le film dans un petit cinéma de banlieue avec mon père qui a souri au moment du générique. Vu la période intense que c’était pour moi, j’ai eu beaucoup de mal à avoir du recul au début. Mais maintenant je me rends compte que l’engouement autour du second volet a été énorme et c’est très touchant. C’est toujours dur de se rendre compte de l’impact que peut avoir ce genre de projet quand on est en train de le faire. J’en ai beaucoup parlé avec Emmylou [Homs] qui, pendant l’enregistrement du premier volet, ne pouvait pas imaginer une seule seconde l’effervescence que cet univers et ces personnages allaient provoquer ! Aujourd’hui, je reçois des messages adorables ou même des vidéos d’enfants beaucoup trop choux en train de chanter les chansons, ça me touche énormément à chaque fois.

[Disneyphile] Comment avez-vous vécu la promotion du film car il est rare que des comédiens professionnels de doublage y participent et pour vous il s’est passé peu de temps entre l’officialisation de votre nom, le doublage et la promotion ?

[C. H.] Je l’ai vécu comme un ouragan qui m’a embarquée et qui m’a provoqué beaucoup d’émotions fortes ! J’étais très stressée de devoir répondre à des interviews en direct mais tout le monde a été très bienveillant, les équipes de Disney tout comme les journalistes. Moi qui avait peur de ne pas savoir quoi dire, je me suis aperçue qu’en fait j’avais plein de choses à dire car les personnages et le sujet de ce beau film d’animation me tenaient vraiment à coeur ! Et puis tout était plus simple aux côtés d’Emmylou [Homs] ! L’avant-première française au Grand Rex était un sacré événement ! Je suis un peu frustrée car j’étais tellement dans un état second que j’en garde peu de souvenirs précis, juste un tourbillon d’émotions et le moment très fort lorsque j’ai chanté avec Emmylou et Prisca [Demarez] !

avant-première la reine des neiges II
Charlotte Hervieux à l’avant-première française de La Reine des Neiges II au Grand Rex

[Disneyphile] Tout comme dans le film, vous avez trouvé une belle complicité avec Emmylou Homs qui prête sa voix à Anna, que ce soit lors des interviews pour le film ou sur vos réseaux sociaux respectifs. Vous connaissiez-vous avant cette aventure, vous a-t-elle conseillé et est-ce que vous avez pu enregistrer une scène à deux au moment du doublage ?

[C. H.] Nous nous étions rencontrées à une petite session d’enregistrement de chœur pour la chanson d’une série animée et je lui avais timidement avoué que j’étais complètement fan d’elle. Je ne pensais pas la retrouver dans cette folle aventure quelques mois plus tard ! Elle a été d’une gentillesse et d’une bienveillance admirable à mon égard, elle m’a beaucoup rassurée au départ et on a vraiment bien rigolé lors des promos ! Nous ne faisions que nous croiser au moment des enregistrements donc nous n’avons pas pu avoir de session ensemble mais je me souviens être arrivée un jour plus tôt et avoir entendu la fin de son enregistrement de « Tout Réparer ». J’ai pleuré tellement c’était chargé en émotion. Pendant le confinement, nous nous sommes retrouvées le temps d’un super live Insta avec beaucoup de fans, c’était un grand moment, nos délires sont revenus instantanément. Je suis vraiment heureuse que la promotion du film se soit articulée autour des deux sœurs et d’avoir pu partager ça avec elle et de défendre cette relation si forte et inspirante.

[Disneyphile] C’est une question assez difficile, êtes-vous plus « Team Dans un Autre Monde » ou « Team Je te Cherche » ?

[C. H.] Team Samantha !!!

[Disneyphile] Si un troisième long-métrage de la saga La Reine des Neiges venait à voir le jour (et sans divulgâcher la fin du deuxième volet), qu’espéreriez-vous pour le futur de Elsa ?

[C. H.] Je trouve la fin de La Reine des Neiges II très belle et très forte et je comprendrais qu’il n’y ait pas de suite. Après, je me suis tellement attachée à ce personnage et à ses compagnons, bien sûr que j’ai envie de les voir vivre encore mille aventures, de voir leur relation évoluer et de les voir plus épanouis que jamais. Je souhaite à Elsa toujours plus d’harmonie, avec sa personnalité, avec ses blessures, avec ses pouvoirs, avec la nature, avec le peuple et avec ceux qu’elle aime.

[Disneyphile] La Reine des Neiges n’est pas simplement la saga de cinéma d’animation la plus lucrative. Elle engage un certain nombre de combats progressistes et actuels. Pensez-vous que la modernisation des héroïnes de contes de fées paie en 2020 auprès de l’inconscient collectif ?

[C. H.] Je ne sais pas si je le pense, mais en tout cas je l’espère. Comme je le disais précédemment, les héroïnes et héros de mon enfance m’ont beaucoup marquée et ont impacté toute une génération voire plusieurs ! Le fait qu’Elsa soit une héroïne qui ne se définisse pas par une romance mais pas une quête de vérité est, de mon point de vue, un bel écho au féminisme qui se développe dans nos sociétés. Tout comme l’histoire d’amour entre Anna et Kristoff puisqu’elle n’est que secondaire par rapport à la relation des deux sœurs. Elsa est une héroïne à fleur de peau, emplie de peur, de doutes et de blessures, mais sa ténacité, son besoin de comprendre et son courage la poussent à s’accepter entièrement et à aller au bout de sa quête pour trouver les réponses qu’elle cherche. C’est une belle leçon humaine, de recherche personnelle qu’on vit tous à un moment ou à un autre de notre vie. Enfin, le parallèle entre le message « Il faut réparer les erreurs du passé pour apaiser la colère des éléments et retrouver l’harmonie » et le combat écologique actuel est, de mon point de vue encore, assez évident. Ce sont deux thèmes qui me tiennent à cœur, je suis consciente de mon cheminement personnel pour avoir dû déconstruire pas mal de choses sur ces sujets là et j’espère que ce genre de film d’animation éveillera et sensibilisera les nouvelles générations et fera réfléchir ma génération.

[Disneyphile] Le personnage d’Elsa vous a permis de vous faire connaître de la communauté Disney et à plus large échelle du grand public. Comment gérez-vous cette notoriété ?

[C. H.] J’avoue que mon quotidien avant le confinement n’avait absolument pas changé, je prenais tous les jours mon RER / métro pour aller bosser, mes collègues de scène me faisaient des petites blagues de temps en temps sur La Reine des Neiges mais en dehors du travail, personne ne me connait ou alors on connait ma voix sans connaitre mon visage. J’ai eu un petit fou rire d’ailleurs un jour dans le RER car la jeune fille assise à côté de moi écoutait « Je te Cherche », ça m’a fait tout drôle ! Et puis tout s’est passé tellement vite et j’ai enchainé sur autre chose juste après les promos du film donc je crois que je n’ai même pas encore bien réalisé que j’étais désormais associée à un personnage Disney. Les interviews m’ont pas mal aidé à ce niveau-là, à prendre conscience petit à petit, en me posant des questions que moi-même je ne m’étais pas posée ! Je me souviens d’une journaliste qui m’a demandé si c’était émouvant cette sorte de cycle : j’avais chanté à tue tête par dessus les voix de mes héroïnes préférées pendant des années et aujourd’hui d’autres enfants chantaient sur ma propre voix. Et bah c’était tellement émouvant que j’ai eu beaucoup de mal à répondre à cette question sans fondre en larmes ! J’ai commencé à réaliser aussi quand je me suis retrouvée pour la première fois au contact de fans. J’ai participé tout début mars 2020 à la Japan Tours où j’ai croisé quelques fans de l’univers de La Reine des Neiges. Une jeune fille a fondu en larmes en me voyant, vu que je suis très émotive, bah j’ai pleuré aussi et je lui ai fait un câlin, sans trop bien réaliser comment je pouvais provoquer cet effet ! C’est aussi pour ça que j’ai trop hâte de partir en tournée Disney, pour aller à la rencontre du public et partager des moments forts avec lui.

[Disneyphile] Nous aurions d’ailleurs aimer vous voir aux côtés de Idina Menzel et d’autres voix internationales du personnage, reprendre « Dans un Autre Monde » à la 92e cérémonie des Oscars….

[C. H.] J’aurais adoré également mais j’ai malheureusement dû décliner l’invitation car j’étais sur scène à Paris. J’étais très déçue mais je ne pouvais pas envisager de rompre un contrat, de causer des annulations et de mettre en difficulté une production et mes partenaires de jeu pour une soirée, fut elle aussi prestigieuse que les Oscars. Ca n’a pas été une décision facile car j’aurais adoré vivre ce moment unique avec les autres Elsa.

[Disneyphile] Si le musical La Reine des Neiges était adapté un jour en France, seriez-vous partante pour y figurer ?

[C. H.] J’adorerais, mais je suis bien consciente qu’il me manquerait quelques centimètres (on peut toujours tester avec des échasses).

charlotte hervieux

[Disneyphile] Vous continuez désormais de collaborer avec la maison de Mickey grâce à la tournée Disney en Concert. Encore une nouvelle expérience sur votre C.V. Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?

[C. H.] J’ai tout simplement reçu un coup de téléphone du producteur fin décembre, alors que j’étais encore au Casino de Paris, juste avant la quatrième reprise de We Will Rock You – décidément ce théâtre me porte chance. J’étais toute excitée ! J’avais vu circuler quelques publicités sur la toile pour cette tournée événement mais sans me douter qu’on pourrait faire appel à moi vu que tout était très récent.

[Disneyphile] Avec Emily Pello, Dan Menasche, Judith Derouin, Igor Bouin et Cerise Calixte, vous allez former une troupe vocale très riche artistiquement parlant. Avez-vous déjà travaillé avec eux ?

[C. H.] Je connais Cerise [Calixte] et je suis aux anges de vivre cette aventure avec elle, je sais qu’on va passer un super moment et bien s’amuser ! Je connais un peu Dan [Menasche] via des amis communs de comédie musicale et je suis très impatiente d’apprendre à découvrir les autres membres de cette jolie troupe et de commencer les répétitions. Ça va être magique !

[Disneyphile] Qu’allez-vous interpréter durant ces concerts ? Des duos ou chansons collégiales sont-elles prévues ?

[C. H.] Je vais interpréter « Je Te Cherche » et « Dans un Autre Monde » et participer à des chansons collégiales (et chanter tout le reste en coulisse mais ça, ça ne compte pas).

[Disneyphile] La forme même du concert impose moins de restrictions par rapport au doublage qui se doit d’être méticuleux. Avez-vous déjà en tête de nouvelles façons d’interpréter les chansons d’Elsa en live ?

[C. H.] À vrai dire, je n’y ai pas réfléchi ! Les chansons sont tellement bien écrites et composées que je n’ai qu’à me laisser porter par les mots et les émotions d’Elsa qui trouvent un bel écho dans les pensées et les émotions de Charlotte ! Mais je suis très impatiente de partager ces chansons en live avec le public.

[Disneyphile] Avez-vous déjà été accompagnée par un orchestre philharmonique par le passé ou s’agit-il d’un nouveau challenge ?

[C. H.] Jamais ! Nous avions un super orchestre live pour chanter les chansons de Queen sur We Will Rock You mais je n’ai jamais été accompagnée par un orchestre philharmonique et je pense que je vais avoir de beaux frissons ! Donc c’est un tout nouveau challenge ! J’ai hâte de rencontrer tous les musiciens qui vont apporter encore plus de magie aux chansons Disney !

[Disneyphile] Dans la vie de tous les jours, quelle fan Disney êtes-vous ?

[C. H.] Le genre de fan qui énerve les autres aux blindtest ! [rire démoniaque]

[Disneyphile] Disneyland Paris fait-il partie de vos loisirs ? Souhaiteriez-vous travailler pour la Destination un jour ?

[C. H.] J’ai découvert Disneyland assez récemment en allant voir des amis artistes performer dans de très beaux spectacles. Depuis, j’ai eu l’occasion de découvrir certains hôtels magnifiques grâce à des événements où j’ai été invitée pour chanter « Dans un Autre Monde », et certains restaurants où j’ai été programmée avec mon trio vocal pin up Les Brunett’Sisters.

[Disneyphile] Quelles sont vos autres passions hormis les arts vivants ?

[C. H.] La lecture ! Je lis beaucoup et des choses très diverses et variées. Ca peut aller de Simone de Beauvoir à Montaigne en passant par Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux ! Je rentabilise vite mes trajets de RER et de métro ! J ‘adore apprendre, m’évader, réfléchir sur moi même ou sur la vie, vivre des aventures trépidantes… Sinon j’ai trois chats, je regarde beaucoup de séries et j’adore m’occuper de mon potager ! Et j’aimerais oser me lancer dans l’une de mes autres passions : l’écriture. C’est en « work in progress » pour le moment.

charlotte hervieux

[Disneyphile] Quel rôle rêveriez-vous d’incarner dans votre carrière ?

[C. H.] Je me considère déjà tellement chanceuse d’avoir croisé sur ma route des femmes inspirantes comme Elsa, Mercredi ou Scaramouche, ce sont des rôles dont je n’aurais même pas osé rêver ! Plus jeune, je crois que je rêvais de jouer Ariel dans La Petite Sirène et Christine Daaé dans Le Fantôme de l’Opéra. C’est vraiment une question pas facile ! Je me souhaite de pouvoir interpréter des rôles de femmes tels que Louise Michèle, Olympes de Gouges ou Marie Curie ; et des rôles de femmes complexes comme dans les séries que produit Reese Witherspoon dernièrement (Big Little Lies, Little Fires Everywhere) ou du style de 13 Reasons Why ou The Bold Type. Sinon, je gère déjà le look avec deux tresses grâce à Mercredi donc je suis au taquet si jamais un musical se monte sur Greta !

[Disneyphile] Quelle est votre actualité du moment ou à venir en dehors de Disney en Concert ?

[C. H.] Mon actualité du moment « post confinement » se passe autour des tomates et des courgettes de mon potager puisque les salles de spectacles sont toujours fermées ! J’aimerais beaucoup reprendre la pièce Le Malade Imaginaire en La Majeur qui s’est arrêtée brutalement avec le confinement. J’y interprétais Angélique dans une adaptation modernisée sans toucher au texte de base de Molière et agrémentée de chansons de Raphaël Callandreau. Nous avons aussi quelques events prévus avec Les Brunett’ Sisters. Sinon je retrouve peu à peu le chemin des studios de doublages pour quelques petits rôles à droite à gauche, c’est un univers que je découvre à peine mais que j’espère pouvoir explorer de plus en plus.

[Disneyphile] Le mot de la fin pour nos lecteurs…

[Charlotte Hervieux] Depuis toute petite, ce qui m’anime c’est le partage d’émotions. C’est à la fois mon carburant et mon objectif, que ce soit à travers une discussion avec un proche, une lecture, l’écriture d’un texte, un film inspirant, un spectacle, une chanson. Quand je regarde mon parcours un peu improbable depuis la jeune fille qui n’osait pas s’exprimer et tout ce qui est arrivé de beau sur ma route, ça me conforte dans le fait que je suis sur la bonne voie, sur ma voie et je compte bien aller toujours plus loin peu importe où ça me mène ! Et c’est avec émotion que j’ai découvert il y a peu une citation de Walt Disney qui a résonné en moi :

« Pensez, Croyez, Rêvez et Osez. »

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