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Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux – Critique du Film Marvel Studios

Shang-Chi, un combattant de haute volée, a été formé à un jeune âge pour être un assassin par son père Wenwu. Après avoir quitté l’infâme organisation des Dix Anneaux et avoir choisi de mener une vie normale à San Francisco, Shang-Chi est bientôt ramené dans le monde clandestin des Dix Anneaux et obligé de faire face au passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui.

Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, une réussite

Vintg-cinquième long-métrage de l’Univers Cinématographique Marvel et deuxième de sa phase IV, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux réussit à introduire brillamment son nouveau super-héros tout en ouvrant le MCU à un monde fascinant.

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Xianling (Meng’er Zhang)

L’éditeur et scénariste Stan Lee a longtemps rêvé que Shang-Chi puisse bénéficier d’une adaptation cinématographique ou télévisée, pourquoi pas incarné par l’artiste martial américain Brandon Lee. Le père de ce dernier, Bruce Lee, fut même l’une des inspirations du dessinateur Paul Gulacy pour le héros dans le comic book Master of Kung Fu. En 2001, Stephen Norrington signe un contrat pour réaliser un film sur Shang-Chi intitulé Les Mains de Shang-Chi. Deux ans plus tard, le projet trouve preneur chez DreamWorks Pictures mais n’aboutit pas. Le nom du héros est remis sur la table (parmi neuf autres franchises) par le PDG de Marvel, Avi Arad, lorsque les studios Marvel sont créés et produisent leurs premiers films pour Paramount Pictures. Mais encore une fois, Shang-Chi ne fait pas partie des heureux élus du moment. Cependant, les premières graines narratives en lien avec son univers sont semées dans le film Iron Man. Il était même prévu d’y introduire un certain Mandarin et d’en explorer toute la complexité, un projet qui fut finalement mis de côté là encore pour évite de faire de l’ombre au développement de Tony Stark. A mesure que la phase I de l’Univers Cinématographique Marvel et que le succès est au rendez-vous de film en film, les studios Marvel songent de plus en plus à introduire d’une façon d’une autre Shang-Chi et décident de s’associer en coulisses avec l’ancienne société chinoise DMG Entertainment pour co-produire un film, qui serait teasé dans Avengers en 2012, avec la présentation du Mandarin en scène finale. Mais DMG refuse poliment l’offre, argumentant que la représentation stéréotypée négative du Mandarin pourrait empêcher la sortie du film en Chine. Le personnage du Mandarin est mentionné finalement pour la première fois dans Iron Man 3 et sa fausse version, Trevor Slattery, est incarnée quant à elle par Ben Kingsley. L’univers autour de Shang-Chi est alors mis en pause durant de longues années dans le MCU.

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Katy (Awkwafina) et Shang-Chi (Simu Liu)

Dès 2018, le développement actif d’un film en solo sur ce héros chinois reprend de plus belle, l’intention première de Marvel étant de proposer pour la toute première fois de son histoire un super-héros asiatique évoluant dans une histoire avec des personnages 100 % asiatiques. Et le succès phénoménal et culturel remporté par Black Panther ne fait que conforter le projet d’adaptation cinématographique des aventures de Shang-Chi. Le scénariste ino-américain Dave Callaham est engagé pour écrire le film. L’objectif du studio est clair, réitérer la même opération qu’avec Black Panther en explorant ici des thèmes asiatiques ou américano-asiatiques portés par un casting asiatique et américano-asiatique, tout en modernisant le folklore de Shang-Chi des années 1970, pouvant être jugé comme stéréotypé.

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En mars 2019, les studios Marvel embauchent le cinéaste américano-japonais Destin Daniel Cretton pour mettre en scène Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux qui se tourne de février à octobre 2020 à Fox Studios Australia à Sydney et sdans tout l’État de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie, avec une interruption de l’équipe principale en mars, liée à des cas de COVID-19 dont le réalisateur lui-même. Né le 23 décembre 1978 sur l’île de Maui à Haiku à Hawaï, il déménage en Californie pour y mener ses études universitaires en communication. Il réalise durant ses études son premier court métrage de 22 minutes, Short Term 12, basé sur ses expériences dans un établissement pour adolescents. Le court métrage, mettant en scène Brie Larson, Rami Malek et Lakeith Stanfield, a été présenté en avant-première au Sundance Film Festival 2009, où il a remporté le prix du jury dans la catégorie court métrage. En 2013, ce même film remporte le grand prix du jury et du public au SXSW Film Festival. Mais l’artiste fait réellement ses débuts de réalisateur en écrivant et réalisant I Am Not a Hipster, qui a valu là encore un prix au festival du film de Sundance en 2012. En 2017, il signe le film The Glass Castle de Lionsgate, avec Brie Larson, Woody Harrelson et Naomi Watts. En 2019, il sort le film Just Mercy chez Warner Bros, une adaptation des mémoires les plus vendues du New York Times, celles de l’avocat américain, Bryan Stevenson, fondateur d’Equal Justice Initiative. Le film mettait en vedette Michael B. Jordan, Jamie Foxx et Brie Larson.

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Xialing (Meng’er Zhang), Shang-Chi (Simu Liu) et Katy (Awkwafina)

Créé par le scénariste Steve Englehart et les dessinateurs Al Milgrom et Jim Starlin dans le comic book Special Marvel Edition #15 en décembre 1973, Shang-Chi, originaire de la province de Hunan en Chine, est souvent appelé le « Maître du Kung Fu », mais maîtrise de nombreux styles de combat à la fois armé et non armé. Il tire son inspiration justement des grands films de kung-fu des années 1970. Le personnage a ensuite acquis la capacité de créer plusieurs doublons de lui-même, ce qui l’a entraîné à rejoindre l’équipe des Avengers. Il est aussi le fils de Fu Manchu (inspiré du personnage de Fu Manchu), un criminel international.

Simu Liu est Shang-Chi

Pour adapter ce personnage sur grand écran, il fallait un acteur à la fois authentique et dont la stature en terme de jeu devrait être suffisamment imposante pour véritablement porter le poids d’une épopée sur les épaules et lancer pourquoi pas le début d’une franchise. Après tout, un super-héros qui réussit son entrée au sein du MCU n’est-il pas amené à réaliser de grandes choses par la suite, notamment dans les films collégiaux ? C’est tout ce que l’on espère pour Shang-Chi, campé par une jeune vedette en devenir. Mais le film est surtout porté par l’un des plus grands acteurs et dernières vedettes de cinéma de sa génération.

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Jiang Li (Fala Chen) et un jeune Shang-Li (Jayden Tianyi Zhang)

Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux nous a en effet beaucoup conquis pour l’un de ses acteurs secondaires. L’acteur en question est le titan du cinéma d’Hong Kong Tony Leung, qui n’est pas le personnage principal du film – Simu Liu incarne Shang-Chi – mais vole la vedette à tout le reste du casting. Il fait partie en effet de ces interprètes qui arrivent à se mouvoir de manière élégante devant la caméra avec une grâce impossible et parfois amènent une émotion forte sans jamais bouger ; s’il y a d’autres acteurs qui peuvent exprimer plus en faisant moins, qui peuvent ainsi magnétiser la caméra en un clin d’œil, ils ne nous viennent pas à l’esprit. Non pas qu’il n’ait rien à faire ici. Le personnage de Tony Leung, Xu Wenwu, est un seigneur de guerre chinois centenaire et le porteur de ces dix anneaux légendaires, des « brassards tolkienesques » qui l’ont rendu immortel, invincible et toujours avide de plus de pouvoir. Il est la dernière incarnation du Mandarin, créé en 1964 par Stan Lee et Don Heck baptisé alors Fu Manchu, un vilain moustachu fou, bien que ses représentations les plus récentes se soient éloignées de ce stéréotype asiatique. Avoir intégré Tony Leung au casting du film n’est pas seulement un joli coup qui permet à ce Mandarin de renaître d’une certaine manière, mais aussi un résumé prismatique de la carrière remarquable (et jusqu’à présent, sans blockbuster hollywoodien) de l’acteur. D’ailleurs, lorsque Wenwu prend le contrôle d’un empire criminel obscur, vous pouvez y voir certainement les échos d’un autre méchant important incarné par ce même acteur dans le film d »Ang Lee Lust, Caution. Lorsqu’il tombe sur un village isolé et croise le regard d’une guerrière talentueuse, Jiang Li (Fala Chen), leur séduisant combat en corps à corps et cœur à cœur n’est pas sans rappeler aux cinéphiles les mouvements d’arts martiaux magnifiquement abstraits proposés par Tony Leung dans ses films précédents. Et quand Wenwu épouse Li puis la perd, son désir obsessionnel le projette dans l’un des modèles cinématographique les plus notables de la carrière de l’acteur là encore : la figure du désir éternellement contrarié dans les chefs-d’œuvre de Wong Kar-wai, Happy Together, In the Mood for Love et 2046.

Qui est la véritable vedette du film ?

On ne sait évidemment pas si le travail d’inspiration dans la création de ce nouveau méchant Marvel a été poussée jusque là mais les différentes allusions à la carrière de l’acteur semblent être le produit d’un calcul dramatique astucieux de la part du réalisateur Destin Daniel Cretton et des scénaristes Dave Callaham et Andrew Lanham. Dans tous les cas, la présence de Tony Leung réussit à booster de manière extra-cinématographique l’histoire tout en offrant une résonnance avec l’héritage cinématographique asiatique inépuisable, qu’il s’agisse de drames romantiques, de thrillers et d’épopées d’arts martiaux. Plus généralement, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux constitue un point d’entrée saisissant dans la manière d’aborder les origines d’un tout nouveau super-héros. La recette est assez bien amenée et permet de dépasser le statu quo que l’on connait chez Marvel Studios.

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Wenwu (Tony Leung)

Redéfinissant de manière significative les origines du héros éponyme en comics, le film s’étend ainsi sur plusieurs années et chronologies pour mieux narrer la relation si complexe qui lie Wenwu à son fils (devenu adulte), Shang-Chi. Malgré sa filiation extraordinaire, Shang-Chi mène une vie assez ordinaire à San Francisco. Sa mère n’est plus de ce monde et il n’est plus en relation avec son père. Shang-Chi travaille comme voiturier avec son amie et collègue fainéante, Katy (Awkwafina, qui place la barre très haute en matière d’acolyte à l’écran), dont les compétences au volant sont utiles lorsqu’un groupe de voyous leur tend une embuscade un jour dans un bus (mention spéciale à cette séquence impressionnante avec un Simu Liu qui l’est tout autant). C’est un choc pour Katy et probablement pour certains dans le public lorsque son meilleur pote loufoque (qu’elle a toujours connu sous le nom de « Shaun ») libère un éventail éblouissant de mouvements de kung-fu – des capacités qui lui ont été inculquées par son père, mais qui, bien malgré lui, tendent à lui rappeler d’où il vient.

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Shang-Chi (Simu Liu)

On rit également durant tout le film et la comédie est inhabituellement démente jouant sur les conflits asiatique intergénérationnels, dans laquelle les sensibilités de chacun – mais aussi les cultures avec l’Orient et l’Occident, les traditions et le progressisme – se mettent en exergue sans jamais paraître surdosées, le tout dans un grand tableau surnaturel menaçant le monde. Là encore, ce n’est pas vraiment un hasard si ces éléments nous évoquent par exemple le film Le Club de la Chance (distribué par Disney en 1993) dont le cadre est aussi San Francisco. Dans cette histoire à la fois grandiloquente mais aussi très terre à terre donc, Wenwu apparaît comme le grand méchant mais aussi la figure paternaliste dont s’est émancipé son ancien poulain sur-performant, aujourd’hui radouci et vivant en Occident. Prise quelque part entre ces deux mondes finalement, se trouve Xialing (Meng’er Zhang), la sœur éloignée de Shang-Chi, qu’il retrouve dans un club de combat clandestin à Macao.

Un véritable hommage aux films de kung-fu

Ce club (où Ronny Chieng y fait un bookmaker amusant) devient le théâtre d’une réunion de famille des plus malheureuses, mais pas avant une scène de cascades nocturnes juste vertigineuses sur un échafaudage extérieur branlant. Les séquences d’action ici sont clairement un cran au-dessus de la norme de l’univers cinématographique Marvel. Car malheureusement, très souvent, les séquences d’action chez Marvel ont tendance à être indifféremment mises en scène, sombrement éclairées et ou totalement sans intérêt. Si Black Widow avait proposé des choses intéressantes, nous n’avions clairement pas été enthousiasmés depuis Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Il est donc gratifiant mais pas surprenant que plus de soin ait été apporté à Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, qui puise ses racines dans le cinéma d’action asiatique. Les scènes de combat, souvent soutenues par des percussions généreuses du compositeur Joel P. West – qui livre par ailleurs une partition de haute volée – s’appuient sur une myriade d’influences, du travail minutieux de Tsui Hark aux coups de poing burlesques de Jackie Chan et Stephen Chow.

Shang-Chi (Simu Liu)

Mais parce que nous sommes clairement convaincus que le film est une réussite en grande partie grâce au personnage de Wenwu, quand ce dernier revient enfilant un costume blanc à col mandarin (les costumes de Kym Barrett), c’est une histoire d’une famille épiquement dysfonctionnelle qui nous est narrée. Le film prend alors un tout autre visage, où l’émotion est palpable. S’exprimant d’une voix plus grave que d’habitude où l’on devine des tourments qui grondent, Tony Leung et le reste du casting offrent à voir une sorte de drame œdipien dans sa psychologique et elliptique dans sa structure. La réapparition de Wenwu et du passé de Shang-Chi déclenchent plusieurs « flashbacks » sur les véritables drames qui ont meurtri à jamais cette famille et les conséquences sinistres que cela a engendré sur Shang-Chi autant que Xialing, l’un devenant une véritable machine à tuer tandis que l’autre est complètement mise de côté. Cela ne l’empêche pas de devenir une artiste martiale de haut rang, autodidacte à part entière, résolue à réprimander – et à éclipser – le dédain patriarcal de son père. Vous l’aurez compris, le film Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux réussit avec brio à faire progresser de nombreux enjeux dramatiques tout en construisant une véritable épopée solide.

En revanche, certains angles morts dans le scénario ne sont pas si faciles à surmonter. Les studios Marvel nous ont trop souvent habitués à pratiquer une sorte de féminisme à la fois auto-félicitant sans véritable prise de risque pour ne pas froisser certaines franges du public. Tout cela s’est révélé être un échec, d’autant plus flagrant quand les cinéastes de ces films ont admis sans mal avoir voulu aborder presque de manière obligatoire ce combat sociétal. Il y a eu évidemment Captain Marvel et Black Widow qui ont sauvé l’honneur ces dernières années mais Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux tombe là encore dans le piège, sans pour autant laisser entrevoir une solution alternative pour éventuellement corriger le tir. En attirant l’attention sur l’histoire personnelle de Xialing abandonnée par son père et son frère, le film imprime avec insistance sa conscience de ses propres défauts. À moins de rajouter le nom de l’héroïne dans son titre, le film ne peut pas faire grand-chose pour accorder au frère et à sa sœur le même poids qu’ils méritent. La fin de Xialing est finalement un peu bâclée, si bien que c’est l’une des deux scènes post-génériques qui se charge d’apporter un peu de matière au personnage.

Wenwu (Tony Leung) et Shang-Chi (Simu Liu)

Xialing méritait peut-être lors du troisième acte du film un peu plus de considération. Mais voilà, il fallait laisser suffisament d’espace pour consacrer dignement Shang-Chi, héros désigné, joué par Simu Liu, finalement toujours plus ou moins passif dans les scènes d’action – et au contraire à son meilleur quand il fait face à Awkwafina, avec qui il établit une relation sincère. L’arc émotionnel de Shang-Chi s’établit par intermittences sans vraiment trouver de point culminant. Il est somme toute logique que l’approche du personnage sur son passé l’amène à la réserve, mais Simu Liu trouve rarement la tension nécessaire dans cette réserve. Shang-Chi a des démons à la pelle, ayant été maltraité, soumis à un lavage de cerveau et trahi par son psycho-rigide de père, mais ces démons sont plus souvent mis en scène au service de l’histoire que véritablement exprimés dans l’esprit du héros, qui aurait peut-être mérité plus de noirceur dans sa construction psychologique, le scénario étant globalement assez nuancé dans le traitement de ses autres personnages par ailleurs. Quoi qu’il en soit, ce Shang-Chi semble avoir hérité d’une grande partie des prouesses de son père en arts martiaux, mais pas assez de son charisme.

Kathy (Awkwafina) et Shang-Chi (Simu Liu)

Malgré cela, il serait injuste de s’arrêter à ce point pour dévaluer la performance exceptionnelle livrée par un tout jeune Simu Liu qui fait ses débuts dans le MCU. Ce n’est ni un défaut fatal ni un défaut surprenant, et pas seulement parce que peu d’acteurs ici peuvent mettre la barre aussi haut que celle de Tony Leung. Aussi réductrice que puisse être la comparaison, il est difficile de visionner Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux sans penser à Black Panther sorti trois années plus tôt. Tout d’abord parce que les deux films représentent une rupture avec l’histoire des super-héros hollywoodiens le plus souvent de couleur de peau blanche, mais aussi parce qu’ils sont liés par une structure dramatique avec leurs propres forces et limites intégrées. Ici, comme dans le film précédent de Ryan Coogler, un héros attrayant et quelque peu en crise personnelle d’identité, se voit pris dans un tourbillon de péripéties dans un monde immersif et riche en diversité culturelle – des points importants pour Destin Daniel Cretton et son équipe dont le directeur de la photographie William Pope et les monteurs Nat Sanders, Elísabet Ronaldsdóttir et Harry Yoon – en douceur.

Une épopée profondément ancrée dans le MCU

Ce monde doit, bien sûr, s’intégrer parfaitement dans un plus grand qu’est celui du MCU, et de temps en temps, on vous rappelle évidemment que vous n’êtes que devant l’un des épisodes de cette saga, un rouage de long métrages et désormais séries aussi complexe que foisonnant dans l’implacable machine Marvel. Le film s’inscrit donc parfaitement dans la canonicité de cette franchise, se connectant à différents films de la saga tout en apportant des réponses à des questions posées depuis plus d’une décennie maintenant. Ainsi, la nébuleuse organisation des Dix Anneaux dévoile ici toute sa complexité en se reliant notamment au film Iron Man 3. Mais ses origines en tant que telles restent encore un mystère même à la fin du film. Vous reconnaîtrez également sans aucun doute l’acolyte de Docteur Strange, Wong (Benedict Wong) qui apparaît à des moments clefs, tout comme un autre personnage qui a marqué la phase II du MCU et dont nous tairons le nom. La directrice artistique du film, Sue Chan, s’est d’ailleurs amusée à parsemer Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, de références au « blip » de cinq ans des deux derniers films de la saga Avengers. Mais la vraie réussite de son côté est la création d’une mythologie pleine de charme et d’authencité, qui montre à quel point le projet se veut être un véritable hommage à l’histoire ancestrale de la Chine, plaçant certaines créatures folkloriques, certaines valeurs ou arts de vivre au centre de l’histoire. Le bestiaire imaginaire qui est nous est présenté impressionne, plaçant le film dans un univers de fantasy, que Marvel n’avait pas encore abordé jusqu’à maintenant. Que dire de deux personnages mythologiques lors du final du film : leur esthétique et leur conception d’un point de vue technique bluffent tout simplement. On ne pourra que féliciter Marvel Studios d’avoir mis autant d’ambition dans la création du royaume de Ta Lo, en créant à la fois un environnement singulier mais aussi proche de certaines références occidentales, le tout sans tomber dans le cliché du cinéma asiatique vu par l’occident tant dans l’aspect mystique que martial. Enfin, le film n’oublie pas de rendre de fiers hommages à des monuments du septième art asiatique comme Tigre et Dragon ou Le Secret des Poignards Volants, notamment visibles à Ta Lo ou dans le camp d’entraînement des Dix Anneaux.

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Wenwu (Tony Leung), Death Dealer et un jeune Shang-Chi (Jayden Tianyi Zhang)

Vous l’aurez compris, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux est bien plus agréable à regarder lorsqu’il se débarrasse des impératifs fastidieux que lui impose la franchise du MCU et qu’il trace son propre chemin. Parmi les autres temps forts du film, notons la prestation soignée de Michelle Yeoh dans la peau de Ying Nan, une figure de mentor pour Shang-Chi et Xialing qui dispense des leçons de sagesse avec un équilibre habituel et offre un contre-proposition chaleureuse à la froideur maussade incarnée par Tony Leung. Ying Nan apparaît à Ta Lo, un village chinois isolé qui présente certains des visuels les plus frappants du film (y compris une balade dynamique à travers un labyrinthe verdoyant) et ouvre la voie à l’apogée passionnante du film à flanc de montagne.

 

Bien qu’adaptée aux normes mises en place depuis 2008 par les studios Marvel – enjeux apocalyptiques de courte durée, pertes sans effusion de sang – le dernier acte du film s’invite dans son propre courant distinctement personnel qui semble transcender les paramètres de cette histoire particulière. Sans trop en dévoiler, ce n’est pas la première fois qu’un personnage joué par Tony Leung en vient à méditer sur les profondeurs de l’amour et de la perte que lui seul peut voir ou entendre. Le final du film fait sens avec le reste de l’histoire et lui permet de conclure en beauté une véritable tragédie épique, à laquelle Marvel Studios ne nous avait pas habitué jusque là.

Pari gagné pour Shang-Chi

Plus généralement, l’ambition du film est de jouer des codes du film de super-héros en solo pour mieux s’en affranchir avec son intrigue plus profonde. Tantôt film de super-héros, tantôt drame ou encore épopée fantastique, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux vise la perfection sans jamais vraiment l’atteindre pour un film du genre mais il sait du début à la fin où il va, porté par un casting fabuleux et sa place sans mal dans le haut du panier du MCU.

Death Dealer (Andy Le)

Dans un contexte sanitaire incertain, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux a lui aussi fait les frais de la paralysie d’Hollywood. Il était d’abord planifié pour le 12 février, 2021, le premier jour du Nouvel An chinois, avant qu’il ne soit déplacé au 7 mai puis au 9 juillet, la pandémie ne cessant de bouleverser les agendas des Walt Disney Studios. Le film est de nouveau déplacé en mars 2021 à la date de septembre 2021 après que Black Widow ait été déplacé à la date de sortie du 9 juillet. Aux États-Unis, il bénéficie d’un tout nouveau mode de sortie : après 45 jours d’exploitation en salles, le film atterrit directement sur Disney+. La France n’est pas concernée par ce mode d’exploitation et conserve un schéma traditionnel. Le film sort chez nous le 1er septembre au cinéma. Pour son week-end de lancement, il a rapporté 71,4 millions de dollars aux États-Unis et au Canada, et 56,2 millions de dollars partout ailleurs, pour un total mondial de 127,6 millions de dollars, reboostant de manière significative un box-office qui était jusque là pratiquement en berne.



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