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Luca – Critique du film Disney+

Après deux films en 2020, dont Soul sorti en pleine pandémie à Noël et ayant fait à peu près l’unamité, les Studios d’Animation Pixar reviennent en force durant le début de l’été 2021 avec son 24ème métrage baptisé Luca. Une fois n’est pas coutume, le film ne s’est pas invité dans les multiplexes et a été proposé directement sur la plateforme de streaming Disney+ à partir du 18 juin 2021, l’agenda cinématographique post-pandémique étant déjà surchargé pour l’été chez Disney. Premier long-métrage réalisé par Enrico Casarosa, Luca est un petit bijou d’animation bien singulier tant dans sa forme que son fond. À la recette simple au premier regard, ce film a une touche intemporelle et une histoire très authentique, qui laissent au spectateur une vraie émotion nostalgique, tout en proposant une aventure à petite échelle.

Un nouveau film original Pixar

Après une fin de décennie 2010 marquée par des suites événements, Les Indestructibles 2 et Toy Story 4, Pixar, repris en main par le directeur créatif Pete Docter, a choisi de privilégier davantage la création originale plutôt que de poursuivre un investissement efficace dans ses franchises à succès. En Avant et Soul marquent donc le renouveau du studio à la lampe de bureau avec un vrai parti pris, celui de la créativité, permettant d’élargir un peu plus les horizons d’un studio qui avait un peu de mal à se renouveler et gardait une certaine zone de confort malgré des réussites successives tant commerciales que critiques. Le studio de Luxo entame donc cette nouvelle décennie de deux manières différentes : savoir innover en proposant encore et toujours des films de cinéma et d’envergure si possible, tout en adaptant ses activités à la nouvelle stratégie globale de la compagnie de Mickey, celle du streaming.

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Dès lors, Pixar travaille d’arrache-pied sur un vaste programme de contenus exclusivement destinés au service de streaming tout en continuant de produire des long-métrages. Mais la crise covidaire n’aura pas permis au studio de retourner sereinement au cinéma puisque Pixar a vu deux de ses films être retiré de l’agenda cinéma de The Walt Disney Company. Soul a ainsi été privé des salles et a été proposé directement en streaming sans surcoût d’abonnement « Accès Premium », ce qui a provoqué chez certains employés de Pixar une certaine forme de frustration quand que la branche de Disney en a bénéficié avec Raya et le Dernier Dragon. Luca suit ainsi le même destin que Soul et termine le 18 juin 2021 sur le service de streaming de Mickey.

Enrico Casarosa puise dans ses souvenirs d’enfance

Le projet démarre dès l’année 2017. Le 30 juillet 2020, Pixar officialise ce nouveau film traitant principalement dans son histoire du passage à l’âge adulte en Italie. Le scénario est signé de Jesse Andrews et Mike Jones et le projet est produit par Andrea Warren, qui a travaillé sur le court-métrage Lava et le film Cars 3. L’idée du film est née des souvenirs personnels de son réalisateur Enrico Casarosa.

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Cet artiste vient au monde le 19 octobre 1971 à Gênes. Dès la vingtaine, il quitte son Italie natale pour aller étudier l’animation à la School of Visual Arts and Illustration du Fashion Institute of Technology à New York. Il démarre sa carrière en 1996 comme réviseur de storyboard et responsable des arrière-plans sur la série d’animation Princesse Starla et les Joyaux Magiques de Bohbot Productions. L’année suivante, on le retrouve à la conception du design des films sortis directement en VHS Le Secret de Anastasia et The Amazing Feats of Young Hercules. Sa première collaboration avec Disney remonte aussi à 1997 : il est engagé durant deux ans sur la conception des storyboards de la série Les 101 Dalmatiens, La Série. De 1998 à 2000, il travaille aussi sur les décors de la série Les Tifoudoux, également produite par Disney Television Animation. Il a aussi travaillé comme scénariste aux Blue Sky Studios pour les films L’Âge de Glace et Robots. Il rejoint en janvier 2002 les Pixar Animation Studios. Il démarre sa carrière dans cette maison comme co-scénariste sur le film Cars : Quatre Roues avant de travailler comme artiste de storyboard sur les longs métrages Ratatouille et Là-Haut. Son premier travail de réalisateur se fait sur le court-métrage La Luna, qui a été projeté en salles avant Rebelle en 2012 et a reçu une nomination aux Oscars. Il a ensuite travaillé comme artiste d’histoire sur Le Voyage d’Arlo et COCO. Casarosa a ensuite proposé son propre projet de long-métrage aux studios Pixar.

Bienvenue à Portorosso

Ayant grandi du côté de Gênes en Italie, il s’inspire profondément de son enfance et de son adolescence pour imaginer cette histoire, ayant lui-même fait la connaissance d’un certain Alberto quand il avait onze ans comme il le révélait à la conférence de presse du film. L’intrigue qu’il imagine se base sur l’amitié entre deux enfants durant un été dans une belle ville balnéaire de la Riveriera italienne, baptisée Portorosso (hommage direct au film d’animation Porco Rosso du studio Ghibli). Nous suivons donc Luca, un enfant qui vit des vacances remplies de glaces, de pâtes et de balades en scooter sans fin. Il partage ces aventures avec son nouveau meilleur ami, Alberto, mais ces précieux moments sont menacés par un secret très mystérieux : ce sont tous deux des monstres marins venus d’un autre monde juste sous la surface de l’eau. Il n’est donc pas surprenant que Luca entretienne une fascination secrète pour tout ce qui est humain. Sa curiosité est encore plus forte quand il découvre des éléments qui chutent de la surface de l’eau. Alberto quant à lui s’est aventuré au-delà de la surface, forçant le respect de Luca, qui a du mal à vraiment aller sur la terre ferme. Mais il se rend compte que les monstres marins ont la capacité de se fondre parmi les humains. Résultat ? Luca et Alberto décident d’aller visiter la terre ferme où habitent les humains. Et tandis que Luca apprécie assez cette liberté, il se rend compte que le danger dont sa famille l’a mis en garde n’est pas entièrement infondé…

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Au premier abord, l’histoire semble assez simpliste voire enfantine. La relation touchante qui lie Luca à son ami Alberto et les péripéties qui les attendent tout au long du film se font avec une certaine facilité mais l’ensemble se tient assez efficacement. Le ton assez insouciant et légèrement sentimental du film nous rappelle à quel point il est autobiographique, la relation du réalisateur (lui-même s’identifiant donc à Luca) avec ce fameux Alberto l’ayant profondément marqué. Luca est indéniablement léger d’un bout à l’autre. Mais il y a aussi une forme de soulagement dans sa modestie : plutôt que de mettre absolument du grand spectacle et des enjeux forts dans cette histoire, Enrico Casarosa laisse respirer son film, ajoutant ici et là un humour décontracté.

Silencio, Bruno !

Naturellement, les adolescents découvriront qu’à côté des plaisirs de faire partie d’une communauté humaine, il y a des risques. Une averse, une éclaboussure d’une fontaine, même un verre d’eau pourraient révéler leur identité en mouillant leur corps, et le léger suspense de Luca est construit autour de ce leitmotiv : éviter absolument l’eau. Le message symbolique est là. Comment se fondre dans la masse d’une société en dissimulant sa véritable identité et donc ses différences ou au contraire l’assumer totalement et en accepter le prix lourd. Luca est donc un film qui place une nouvelle fois l’acceptation des différences et l’inclusion au cœur de son discours sans pour autant faire écho à cette fois-ci à une qui toucherait en particulier la vraie vie. Le fait que cette différence réside dans le film dans le fait que nos héros soient des monstres marins peut ainsi être perçu par tous les publics qui peuvent vivre mal leur intégration dans notre société.

Malgré cela, le film prend son temps pour développer ce message et s’intéresse aussi et avant tout à l’amitié forte qui passe par différentes étapes. Alberto dégage en cela une sorte d’énergie de frère aîné, se vantant de ses vastes connaissance du monde humain et prenant l’impressionnable Luca sous son aile. Mais Luca finit par se rendre compte que les fanfaronnades de son nouveau copain sont un mécanisme d’adaptation aux problèmes plus personnels qu’il essaie de cacher. Le film touche ainsi une autre corde sensible, celle des subtilités des jeunes amitiés masculines avec leur mélange de vulnérabilité et de posture axée sur la testostérone. Il y a aussi cette soif de liberté et d’émancipation qui baigne durant tout le film. Luca croyait jusqu’à maintenant que lui et ses semblables étaient le centre de l’univers et il découvre qu’un autre monde existe. Comme ce fut le cas pour La Petite Sirène en 1989, notre héros très attiré par les objets humains décidé de s’émanciper de son carcan familial et d’aller explorer des contrées inconnues non sans une certaine conscience du risque encouru. C’est donc sa rencontre avec Alberto qui change la donne pour lui et lui permet d’avoir une épaule sur laquelle s’accrocher pour trouver un nouveau sens à sa vie et prendre davantage confiance en soi.

Luca est une histoire d’amitié touchante

C’est dans cette union qui ne tient finalement à rien au départ que naît la magie poétique du film. L’amitié au sens le plus noble du terme naît d’un rien et c’est cette approche dans une certaine forme de découverte de l’un et l’autre réciproquement qui rend le propos très touchant de simplicité. On se reconnaît ainsi dans l’un des héros qui vivent leurs aventures estivales à un rythme survitaminé, croquant leur existence à pleines dents sans se soucier du lendemain. C’est aussi clairement l’idée, non pas forcément d’un passage à l’âge adulte, mais au moins d’un échelon à gravir pour atteindre, concernant Luca mais aussi Alberto, une certaine forme de maturité personnelle. La découverte empirique d’un monde qui leur est inconnu (totalement pour l’un, partiellement pour l’autre) va les faire grandir. C’est une véritable carte postale d’enfance que nous propose ainsi le réalisateur, avec une bonne dose de tendresse, de désinvolture voire d’éphémèritude puisqu’on devine dans cette histoire à petite échelle qu’il y aura bien une fin et qu’il s’agit d’un simple été, qui se transformera en souvenirs.

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En cela, le film a un pouvoir nostalgique évident, permettant aux adultes de s’y retrouver peut-être pour se replonger dans leur propre passé, tout en proposant aux enfants un sujet frais qui peut être compris assez facilement. Certes, le film n’aura pas l’ambition ontologique d’un Soul par exemple, mais sa simplicité inédite est la bienvenue. Le cinéaste renforce cette idée d’amitié de vacances fugace par une temporalité qui sent bon la Dolce Vita. Nous nous situons au milieu des années 1950, au sortir de la guerre mondiale, dans une Italie insouciante, qui a soif de joie de vivre et souhaite avant tout profiter de l’instant présent, un thème que l’on retrouve finalement dans de nombreux films de la Cinecittà à cette époque, fortement imprégnés de l’optimisme hollywoodien. Luca ne se cache pas de ses inspirations sous forme d’hommage à l’univers du réalisateur italien Federico Fellini par exemple.

Une carte postale italienne

Dans cette idée de fresque d’une Italie presque idéalisée, les équipes Pixar s’en donnent à cœur joie pour proposer une évasion des plus élégantes dans une culture qui a traversé les époques. Mais c’est finalement par petites touches que l’Italie est mise en avant. Certes, tout le monde prend l’accent italien, des répliques typiquement italiennes, le rythme est langoureux appuyant cette idée d’été paresseux, les personnages parlent avec les mains, l’art du discours par le gestuelle étant très important dans ce pays, les tempéraments très latins sont assez soulignés et les physiques des personnages respectent finalement une certaine idée des italiens mais on se rapproche davantage d’un Ratatouille que d’un COCO qui approfondissait grandement l’hommage à la culture qu’il traitait. Ici, nous sommes plongés davantage dans des vacances en Italie qu’en Italie et c’est ce qui fait véritablement le charme du film.

Pour renforcer cette idée de tableau de vacances, les décors de Portorosso sont imaginés comme une grande scène de théâtre (à l’italienne). La cheffe décoratrice Daniela Strijleva nous offre une cité balnéaire idyllique avec des boutiques typiques (trattoria, glacier, café etc.), une lumière scintillante et des collines à perte de vue, le tout en travaillé en multiplans de sorte à créer un arrière-plan très dense et généreux comme on peut en trouver sur la Riviera italienne. Enrico Casarosa voulait présenter à l’équipe de production les aspects qu’il chérissait le plus dans son pays natal, tout en leur permettant de découvrir eux-mêmes des caractéristiques spéciales, alors les artistes se sont rendus sur la côte italienne dans le cadre de deux voyages de recherche sur les terres de Cinque Terre. Pour respecter au mieux les paysages observés, un travail soigneux a été réalisé sur la palette de couleurs utilisée. L’eau comme la végétation sont stylisés bien plus que dans d’autres Pixar ainsi que les bâtiments qui ont des textures bien spécifiques. Les couleurs peuvent parfois être même saturées et vives pour apporter encore cette chaleur au film. Enfin, pour coller au mieux au sujet, les décorateurs ont créé un vrai dédale de ruelles, de chemins alambiqués, de passerelles, de routes sans aucune ligne droite ou angles précis. Cette composition presque picturale offre à voir au spectateur un véritable cadre pittoresque, presque fantaisiste et magique.

Des inspirations dans l’animation japonaise ou l’âge d’or du cinéma italien

Enfin, le sens du détail était de mise à tous les niveaux. De la présence de l’emblématique scooter Vespa aux oliviers qui bordent le village en passant par les affiches de films d’époque. L’âge d’or du cinéma mais aussi de la musique et du design italiens est suggéré sur un mur ou dans la chambre d’un personnage par exemple, rendant le tout très intemporel. Même les tenues que portent les personnages respectent avec honnêteté cette époque où les enfants avaient des vêtements très simples et marchaient souvent pieds nus. Alors que le décor italien est clairement un clin d’œil aux racines de Enrico Casarosa, l’aspect esthétique global du film – à relier avec les passions du cinéaste – est également influencé par l’animation japonaise, l’aquarelle et les gravures sur bois. Par animation japonaise, entendez-là studio Ghibli clairement revendiqué dans l’approche artistique du réalisateur.  Le tout est mis en valeur par des mouvements de caméra subtils pour souligner cette essence de dessin à la main. Enfin, les scènes nocturnes de Luca rappellent également l’animation en volume (« stop-motion »).

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En parallèle, le film évoque également une certaine mythologie présente dans la culture méditerranéenne. Le cadre balnéaire italien évoque un sentiment d’émerveillement immédiat et le style pictural époustouflant est complété par un sentiment magique de transformation, de changement. L’épopée entre terre et mer qui nous est relatée dans le premier acte du film n’est pas sans rappeler encore une fois La Petite Sirène des studios Disney. Pour créer l’apparence des monstres marins, les artistes ont étudié les représentations médiévales de monstres marins qui sont apparues aussi bien dans la Carta Marina – une carte datant de la fin de la Renaissance – que sur des sculptures, des fontaines, des bancs ou des mosaiïques à travers l’Italie. Il faut aussi souligner le travail remarquable effectué à la fois sur l’apparence de ces monstres tous différents, leur manière d’évoluer dans un décor pour le coup beaucoup plus photoréaliste qu’à l’extérieur et aussi leur transformation en humain et vice-versa, qui ressemble à certains phénomènes naturels comme le camouflage de certains octopodes.



Luca, Alberto et Giulia, un trio attachant

Luca est porté avant tout par un trio d’enfants, tous très attachants et aux caractères bien spécifiques et finalement complémentaires par moment.

Luca Paguro (dont la voix originale est signée du talentueux Jacob Tremblay qui lui apporte une variété d’émotions) est un monstre marin de 13 ans, à la fois brillant et inventif, avec une curiosité débordante, surtout quand il s’agit du monde mystérieux au-dessus de la mer. Bien qu’il ait été averti toute sa vie que le monde humain est un endroit dangereux, il aspire à quelque chose au-delà de sa vie tranquille à la ferme (comme Ariel) où il élève des poissons jour après jour. Ainsi, lorsqu’Alberto avec une expérience réelle au-dessus de la surface prend Luca sous sa nageoire, ses yeux s’ouvrent sur tout un monde de possibilités.

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Alberto Scorfano est donc un monstre marin adolescent indépendant et libre d’esprit avec un enthousiasme débridé pour le monde humain. Expressif et grégaire, il apprécie avant tout le fait de cueillir le jour. Attirer Luca hors de la mer est une évidence pour lui. En outre, il lui apporte ses vastes connaissances, bien que discutables, de tout ce qui est humain. La personnalité très expressive d’Alberto est mise en valeur par l’acteur Jack Dylan Grazer dans la version originale, qui peut à la fois montrer toute l’assurance du personnage quand c’est nécessaire et aussi sa fragilité ou sa jalousie.

Pleine de feu, Giulia Marcovaldo est une jeune humaine aventurière extravertie et charmante qui aime les livres et l’apprentissage par les livres (un autre thème fort du film). Elle ne passe que ses étés à Portorosso, elle n’a donc pas noué beaucoup d’amitiés, ce qui en fait une cible facile pour l’intimidateur de la ville. Mais quand Luca et Alberto apparaissent, Giulia est plus que heureuse et voit là une manière de former une équipe pour pouvoir remporter le concours annuel de la ville et rivaliser ainsi avec son ennemi. La jeune actrice Emma Berman lui apporte vocalement toute sa vivacité d’esprit et de caractère, sa joie de vivre et sa détermination.

Ercole Visconti est le tyran de la petite ville italienne de Portorosso et le champion répété de la course de Portorosso. Qu’il est bon d’ailleurs de retrouver un méchant à la fois un peu caricatural et classique dans un film Pixar mais loin des personnages (souvent) faussement complexes qu’on a pu voir ces dernières années. Certes simple dans son traitement psychologique, il n’en reste pas moins un personnage très bien amené dans l’intrigue. Ce propriétaire de Vespa qui croit que tout le monde l’aime et aime le regarder manger des sandwichs a deux fidèles à ses côtés, Ciccio et Guido, qui l’accompagnent partout, prêts à obéir. C’est le comédien italien Saverio Raimondo qui prête sa voix en version originale à ce crétin égocentrique, qu’on aime détester et qu’on a tous plus ou moins connu dans la cour de récréation une fois dans notre enfance.

Personnages plus anecdotiques mais finalement importants dans l’intrigue, les parents de Luca renforcent l’idée d’enfermement familial et de surprotection, alors que Luca souhaite vivre des rêves ailleurs que dans le cercle familial. Daniela Paguro est une mère aimante pour son fils, déterminée à le protéger. Elle avertit régulièrement Luca des dangers au-delà de la mer et des monstres terrestres qui y vivent. C’est une mère coriace : si elle pense que Luca enfreint sa règle numéro un – ne vous approchez pas de la surface – elle fera tout son possible pour l’arrêter. C’est Maya Rudolph qui lui prête sa voix en version originale. Le père de Luca, Lorenzo est plutôt un père bien intentionné mais parfois distrait même s’il est contre la fascination qu’a son fils pour les humains. Il est doublé par Jim Gaffigan.

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Massimo Marcovaldo, le papa de Giuliaest un imposant pêcheur tatoué, manchot et peu prolixe. Luca et Alberto ne peuvent s’empêcher d’être intimidés par sa taille massive et son habileté à la cuisine, mais Massimo a un cœur fou, surtout pour sa fille. Le baryton Marco Barricelli lui fournit sa voix grave et intimidante.

Mamie Paguro (voix assurée par Sandy Martin) et Luca se comprennent. Personnage très périphérique, elle voit l’étincelle dans les yeux de son petit-fils, son désir de plus mais garde ça secrètement en elle. Elle sait, avec son âge avancé, que briser une règle ou deux à cet âge est normal et n’est finalement pas contre le côté un peu rebelle de Luca. Ce que ses parents ne savent pas ne les tuera probablement pas… Mentionons aussi l’oncle de Luca, Ego, doublé par ni plus ni moins que Sacha Baron Cohen, peut-être l’un des personnages les plus étranges et bizarre de la galaxie Pixar, qui émerge de la plus profonde partie de l’océan après avoir été invité par Daniela et Lorenzo, afin de convaincre Luca des dangers de la surface.

Andiamo !

Notons par ailleurs que l’animation des personnages renforce une fois encore ce désir d’apporter un visuel volontairement brouillon ou certaines fois proches d’un style graphique à la Ghibli. Tout d’abord, les traits des visages sont très marqués. Les mouvements de bouche par exemple ont été prononcés plus intensément de manière à apporter une touche cartoonesque assez inédite dans le catalogue de Pixar. Ces traits volontairement éloignés d’un réalisme naturel apportent une vraie fraîcheur aux scènes d’action notamment, renforcées par la multiplication des membres inférieurs et supérieurs lorsqu’ils sont en mouvement.

Nous l’avons déjà évoqué, le film Luca est très personnel pour Enrico Casarosa. Ce dernier puise son inspiration dans différents arts et oeuvres d’art. Ghibli tout d’abord est fièrement représenté avec un hommage appuyé à l’imaginaire d’Hayao Miyazaki. Porco Rosso tout d’abord est le film qui nous vient en tête tout de suite, de par le nom de la ville balnéaire mais aussi l’amour de l’Italie en général. Le film nous a également rappelé Souvenirs de Marnie, qui relate l’histoire d’amitié entre Anna et Marnie lors d’un été au bors de marais. Pour la touche mythologique, vous pourrez très bien évoquer La Petite Sirène des studios Disney pour l’émancipation du héros et sa fascination pour le monde des humains autant que le film Splash de Touchstone Pictures pour la transformation de sirène à être humain. La comédie dramatique Stand by Me de 1986 qui touchait déjà comme un souvenir de jeunesse oublié, par sa simplicité, son authenticité et son universalité et fait directement écho par ses personnages à Luca et Alberto. Même si Enrico Casarosa dit ne pas s’en être inspiré, le film Call Me By Your Name peut aussi être mentionné simplement pour son cadre italien et l’idée d’une saison estivale qui change une vie.

La Dolce Vita de Luca

Pour Luca, le réalisateur Enrico Casarosa s’est tourné vers le compositeur Dan Romer pour l’aider à créer une ambiance particulière et à transmettre le point de vue jeune du personnage principal. Le musicien mélanger son style avec ldes nuances de musique italienne dans la partition. Au final, la musique du film n’est pas forcément celle que l’on pourrait entendre dans un film italien des années 1950 ou 1960 mais apporte une touche universelle et nostalgique, sans être historiquement précise. Les trois héros ayant leur tempérament qui leur est propre, un thème a été composé pour chacun d’entre eux. Mais les passages les plus réussis sont sûrement ceux qui ont été écrits pour les rêves de Luca, des séquences servies par une instrumentation luxuriante et des rythmes forts. La musique étant enracinée dans l’émotion du film, certains hits italiens sont présents comme « Un Baccio a Mezzanotte » de Quartetto Cetra, « O Mio Babbino Caro » de la Callas, « Tintarella di Luna » de Mina ou même « Cavatina: Una Voce Poco Fa » du (Le) Barbier de Séville de Gioachino Rossini.

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Au final, Luca est une œuvre Pixar totalement singulière. Merveilleux conte sur l’amitié, l’acceptation des différences et le fait de surmonter les préjugés, ce film offre une fin très touchante et nous charme par son animation si particulière et sa musique qui sent bon la Dolce Vita. Le film réussit à vous emporter dès ses premières secondes dans la nostalgie de vos vacances d’enfance. De l’humour bien senti, une aventure à petite échelle, des personnages attachants et des décors de bord de mer somptueux, tout est plaisant. Le monde peut être un endroit hostile et ignorant, mais avoir un ami qui vous comprend vraiment peut faire toute la différence, nous enseigne Luca. Sans révolutionner l’aura artistique de Pixar, le film reste une jolie pépite ensoleillée.



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