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Mulan boycotté en partie aux États-Unis et en Asie

La sortie de Mulan a pour le moins été compliquée. Alors qu’il devait être le hit cinématographique de 2020, le film de Disney a fait les frais de la crise sanitaire et s’est retrouvé sur Disney+ dans la moitié du globe et a pu sortir au cinéma dans quelques pays. Malgré cela, l’adaptation du grand classique de 1998 s’est retrouvée empêtrée dans un feuilleton médiatique polémique inutile alors qu’il ne le méritait pas. Bien que le film ait reçu de très bonnes critiques, des détracteurs lui ont reproché plusieurs choses. Si certains déplorent à tort l’absence des chansons originales (mis à part « Reflection ») et certains personnages comme Mushu, d’autres ont reproché des choses plus sérieuses au film de Niki Caro.

La polémique Liu-Yifei

Rappel des faits. Durant l’été 2019, peu de temps après la parution du premier teaser, l’interprète de Mulan, Liu-Yifei avait publié sur son compte Weibo (l’équivalent de Twitter en Asie) son soutien aux forces de l’ordre de Hong-Kong face aux manifestants pacifistes hong-kongais. Ce ralliement affiché à la police et donc indirectement à la suprématie chinoise avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, où s’est rapidement répandu comme un traînée de poudre le mot-dièse symbolique, #BoycottMulan.

Disney n’avait à l’époque pas fait de commentaires mais avait écarté sa star principale de la promotion du film lors de la D23 Expo où seule Niki Caro était venue pour dévoiler les nouvelles images. Il faut dire que l’actrice sino-américaine avait essuyé de vives critiques sur la toile, notamment pointée du doigt pour sa double nationalité, lui conférant la liberté d’une citoyenne américaine qui soutient parallèlement un régime liberticide, qui réfrène les hong-kongais dans leur quête de démocratie et de liberté. Quelques mois plus tard, alors que la hype du film montait de plus en plus et que sa sortie au cinéma se rapprochait (on était en février), Liu-Yifei avait déclaré au The Hollywood Reporter qu’elle préférait ne plus s’exprimer sur des sujets aussi sensibles que celui-ci et on apprendra plus tard qu’elle aurait été « forcée » à prendre parti. Hélas, depuis que Mulan est sorti sur Disney+, le #BoycottMulan est revenu ; des internautes y sont même allés de leurs plus nauséabonds détournements (qu’on ne relaiera pas ici), crachant sur le film et son message.

Si le film fait la fierté de la Chine, une autre problématique que jusqu’ici personne n’avait connaissance, point le bout de son nez, et non des moindres… Le journaliste Isaac Stone Fish du Washington Post a révélé que le film a été tourné en grande partie dans la région de Xinjiang, un territoire autonome du nord-est du pays, comptant dans sa population des minorités ethniques dont la commuanuté musulmane ouïgoure (issue de la Turquie notamment), considérée par les autorités chinoises comme un peuple dangereux pouvant porter atteinte à la sécurité de la nation (notamment via des actes de terrorisme). Ainsi, un système répressif exceptionnel a été mis en place par le gouvernement pour faire emprisonner et torturer de nombreux habitants de cette région, où des camps auraient été construits pour y détenir des millions de personnes. En raison de cela des défenseurs des droits humains appellent au boycott du film.

Un compromis entre Disney et la Chine qui fait débat

C’est d’autant plus délicat que ces emprisonnements dans ces camps de concentration, où sont pratiqués notamment la stérilisation, ont conduit au génocide d’une partie de cette population si l’on en croit les médias américains. Dans le générique de fin du film, Disney remercie quatre départements de propagande du Parti communiste chinois dans la région du Xinjiang ainsi que du Bureau de la sécurité publique de la ville de Turpan dans la même région, des organisations qui participeraient à faciliter ces crimes contre l’humanité.

Des répercussions sur le box-office

du film en Asie ?

Plusieurs questions se posent. Pourquoi Disney a travaillé particulièrement avec ces institutions au Xinjiang, participant dès lors à une sorte de normalisation de crimes humaines dont seraient accusées ces organisations ? Est-ce un souci de plaire absolument au gouvernement chinois pour continuer de faire fructifier ses affaires dans ce pays après le lancement réussi de Shanghai Disney Resort ? Est-ce que cette nouvelle polémique sera préjudiciable sur la carrière de Mulan en Asie ? Il faut rappeler que sa sortie sur le territoire chinois le 11 septembre est déterminante tant Disney mise sur ce marché depuis le lancement du projet en mettant en avant un cast de stars locales connues (Jet Li, Donnie Yen, Gong Li) et surtout pour faire un double mea culpa, l’un auprès des cinéphiles chinois vexés du film d’animation de 1998, l’autre auprès du gouvernement qui a eu du mal à digérer la sortie du film Kundun de Martin Scorsese en 1997 dans le pays, dont l’histoire prônait le Dalaï-Lama.

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